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Alors que la Chine entre dans l’année du Cochon, selon son calendrier, la télévision nationale vient de bannir des écrans les images de cochon. Pourquoi ? Par peur d’offenser l’islam et la communauté musulmane. Ridicule.
Année du cochon ou pas, la télévision nationale chinoise a interdit de son antenne l’ensemble des images de porc, par peur d’offenser la communauté musulmane.
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« En raison de préoccupations quant aux moeurs culturelles et ethniques, nous allons bannir des écrans les images de cochon… Nous ne voulons pas avoir une mauvaise influence ou blesser les sentiments des groupes ethniques », a-t-il ajouté sous couvert de l’anonymat.La chaîne « a expliqué qu’il s’agissait de montrer du respect à l’islam et que cela provenait des plus hautes sphères du gouvernement », a indiqué Thierry Vapperaeau, porte-parole de Nestlé Chine.
Source : AFP
Au-delà du ridicule d’une telle mesure se pose la question des motivations qui ont amené les autorités à prendre cette décision qui tranche avec le traitement des musulmans chinois : la Chine n’a pas toujours manifesté autant d’égard envers l’islam et les musulmans qu’elle massacre allègrement depuis des décennies. On peut toutefois reconnaître à la Chine une constance dans l’utilisation du cochon dans ses rapports avec les musulmans.
La répression prend un tour dramatique durant la Révolution culturelle où l’Islam est directement stigmatisé. Les musulmans ne renonçant pas à la pratique de l’Islam sont persécutés. Elle devient souterraine et expose les musulmans aux dénonciations. Certains sont contraints d’élever des porcs, de nombreux leaders religieux sont envoyés en laogai (camp de rééducation), beaucoup de lieux de culte sont saccagés ou détruits, les madrassas fermées… En dépit du peu d’études sur cette période, il semble que les excès des gardes rouges aient conduit à de nombreux dérapages. Au Yunnan, les excès de cette politique anti-religieuse et les tentatives de résistance des musulmans provoqueront le fameux « incident de Shadian » durant l’été 1975 au cours duquel plus de 1000 Hui sont massacrés
Source : Centre Asia (PDF)
Cela se passait certes il y a trente ans. Mais rien n’a vraiment changé, comme le rappelle ce communiqué d’Amnesty International, après le 11 septembre 2001.
Si Amnesty International reconnaît qu’il est du devoir des États de prendre les mesures qui s’imposent pour garantir la sécurité de leurs citoyens, elle déplore que les autorités chinoises tentent d’exploiter les événements du 11 septembre pour justifier leur politique de répression extrêmement dure à l’égard des groupes ethniques musulmans de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, qu’ils accusent de « séparatisme », de « terrorisme » ou d’« extrémisme religieux ».
Ces accusations occultent une situation plus complexe, dans laquelle de très nombreuses personnes qui n’étaient impliquées dans aucun acte de violence ont été victimes de graves violations des droits humains. Plusieurs centaines de Ouïghours accusés d’avoir participé à de telles activités ont été exécutés depuis le milieu des années 90, des milliers d’autres ont été arrêtés, emprisonnés et torturés, et les restrictions imposées aux religieux musulmans et à la pratique de l’islam n’ont cessé de se renforcer dans la région.
Source : Amnesty International