En septembre dernier, dans notre article consacré aux oeufs halal, nous vous présentions un fascicule très utile de la PMAF (Protection mondiale des animaux de ferme).
Lire – Faites le bonheur des poules. Mangez des oeufs halal !
Dominic Hofbauer, du département Education de cette association, a bien voulu répondre aux quelques questions que nous lui avons posées. Interview.
Al-Kanz : Pourriez-vous nous présenter en quelques mots la PMAF ?
Pmaf : La PMAF (Protection mondiale des animaux de ferme) est une ONG qui œuvre pour une agriculture plus respectueuse des animaux utilisés en élevage. L’association française a été créée en 1994 et compte actuellement 10 000 membres et donateurs. Notre action consiste essentiellement à encourager les bonnes pratiques d’élevage (plein air, biologique…) par une meilleure information du public et par l’évolution des réglementations françaises et européennes.
Al-Kanz : La section internationale de la PMAF, Compassion In World Farming, a publié, avec The Islamic Foundation un livre en anglais intitulé Animal Welfare in Islam. Qu’est-ce qui a motivé ce partenariat ?
Pmaf : De nombreux passages du Coran condamnent explicitement le fait d’infliger des souffrances aux animaux. En tant qu’association de protection animale, il nous semblait important de porter à la connaissance des consommateurs musulmans soucieux d’acheter des produits conformes aux préceptes de l’islam des éléments d’appréciation du bien-être animal dans le domaine de l’élevage.
Al-Kanz : Comment mettre en place un tel partenariat en France avec une institution ou une association musulmane ?
Pmaf : C’est une bonne question ! En effet, nous sommes très demandeurs d’un partenariat de ce type. Récemment, nous avons écrit à M. Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, au sujet de l’attribution de la mention halal à des gammes d’œufs de poules élevées en cages de batterie. Le picage et le cannibalisme comptent au nombre des comportements déviants que développent ces oiseaux dans la nudité de l’univers grillagé auquel ils sont condamnés à vie. Nous espérons pouvoir être reçus pour pouvoir aborder ces questions importantes. Nous demeurons convaincus qu’il existe une préoccupation sincère pour la souffrance animale chez une frange très importante de musulmans. Il nous faut saisir toutes les occasions d’encourager cette sincérité.
Al-Kanz : Labeyrie, qui a lancé l’an dernier un foie gras halal, semble avoir renoncé à conquérir une nouvelle clientèle. Considérez-vous cet échec comme une victoire pour tous les défenseurs des animaux ?
Pmaf : C’est difficile à dire. Les raisons de cette marche arrière de Labeyrie semblent d’avantage liées au soulèvement de réactions chez l’extrême-droite. Pour tout dire, elles ne nous paraissent pas vraiment motivées par la compassion envers les oiseaux abattus sans étourdissement. Cependant, cette nouvelle n’en est pas moins un soulagement, même s’il est peut-être provisoire, et assez relatif au vu du sort des oiseaux gavés pour le foie gras.
Al-Kanz : Ce n’est aujourd’hui un secret pour personne : le foie gras ne peut être obtenu qu’en torturant les canards. Comment expliquez-vous que de telles pratiques soient encore tolérées, voire encouragées, en France ?
Pmaf : Au contraire, loin de n’être « un secret pour personne », nous avons le sentiment que les véritables conditions de production du foie gras sont largement méconnues. En effet, les filières de production contrôlent de très près l’image du produit, et maintiennent sciemment une épaisse opacité autour du gavage afin « d’apaiser la conscience du consommateur de foie gras ». Avec l’aide de cabinets conseil en communication, on assiste aussi à une forme de révisionnisme dans le vocabulaire de la profession. Les oiseaux ne sont plus gavés à la pompe : ils « reçoivent une alimentation adaptée ». Ils ne sont plus détenus en cages de batterie : ils sont « installés dans des logements individuels »… Ainsi, les filières sont conscientes que le succès économique du foie gras repose en grande partie sur l’ignorance par les consommateurs des conditions de production (ce n’est d’ailleurs pas propre au foie gras). Par conséquent, tant que les consommateurs souhaiteront ignorer cette réalité autant que les professionnels tiennent à la dissimuler, le système aura de beaux jours devant lui !
Al-Kanz : Plus de foie gras halal chez Labeyrie, mais Rougié et Larnaudie en commercialisent toujours. Comment dissuader les consommateurs d’en acheter en cette fin d’année où les campagnes de promotion vont battre leur plein ?
Pmaf : Halal ou non, la production française de foie gras est un enfer pour plus de 30 millions de canards et d’oies chaque année. Peu de gens savent que 87 % de ces oiseaux sont détenus en batteries de cages individuelles et gavés à la pompe hydraulique, entraînant blessures, vomissements, diarrhées, insuffisance respiratoire et mortalité décuplée avant l’abattoir… Afin de mieux faire connaître la réalité de cette production, je vous invite vivement à découvrir le documentaire auquel nous avons participé avec l’association Stopgavage : Scandale du gavage animal.
En Espagne, un producteur (La Pateria de Sousa) réussit à commercialiser du foie gras d’oies sans recourir au gavage, faisant ainsi rimer tradition et imagination !
Al-Kanz : Sachant que le respect de l’animal est un devoir constitutif même de leur croyance, que diriez-vous aux lecteurs d’Al-Kanz pour les sensibiliser concrètement à la cause animale ?
Pmaf : Du point de vue du respect de l’animal, il est clair que les différents systèmes d’élevage ne se valent pas. La misère animale institutionnalisée dans les élevages intensifs représente une réalité banale et dissimulée, d’une violence froide, massive, mécanique, désincarnée. Loin des yeux du public et du vocabulaire champêtre des publicités, on y parle de contention, de mutilations, de caudectomie, de longs transports, d’électronarcose. En France, cela concerne plus de 3 millions d’animaux dans les abattoirs chaque jour. C’est un chiffre considérable.
Cependant, les éleveurs peuvent aussi faire le choix de démarches labellisées (Label Rouge, Agriculture Biologique, AOC), plus respectueuses des animaux et de l’environnement (et aussi des éleveurs eux-mêmes !). Par exemple, on trouve de plus en plus facilement des œufs de poules élevées en plein air, dont le marché est en développement dans toute l’Europe au détriment de l’élevage en cages.
En tant que consommateurs aussi, nous nous trouvons finalement face aux mêmes choix, au supermarché ou chez l’épicier. Ils se résument à une question simple : quels produits animaux achetons-nous, et quelles formes d’utilisation de ces animaux choisissons-nous ainsi de soutenir ?
Téléchargez et diffusez l’affiche de Stop gavage
Visitez le site de Protection mondiale des animaux de ferme : http://pmaf.org/
Bravo pour cet article qui remet les choses en place
Merci pour les animaux que je protège
Merci à vous Michelle.
C’est normal de s’entraider
J’ai mis les 2 articles sur mon blog, car ils sont parfaits pour la cause que nous défendons
J’ai mis un lien qui renvoie ici
Amitiés
Mivhelle
As salamou ‘alaykoum ou bonjour,
Merci pour l’interview, c’est toujours bon à savoir même si je ne suis pas une consommatrice de foie gras. J’avoue que je ne savais pas dans quelles conditions était produit le fois gras et surtout au prix de quels sacrifices pour les animaux. Cela m’avait déjà interpellé lors d’ un de vos précedent billet « une victoire pour les canards. » Je crois aussi que les producteurs jouent très bien sur l’image du foie gras en donnant une image lisse et propre du produit, malheureusement à tort. Info à faire passer aux consommateurs en cette fin d’année…