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Pourquoi je ne fais plus l’opération aïd al-adha avec Carrefour-Gennevilliers ?

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Pourquoi je ne fais plus l’opération Aïd Al Adha avec Carrefour-Gennevilliers ?

En décembre 2006, Carrefour conclut un accord avec une association musulmane de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) pour organiser l’abattage des moutons à l’occasion de l’aïd al-kebir (voir Mouton de l’Aïd : accord à Gennevilliers entre musulmans et Carrefour). L’opération a été, selon les organisateurs, une réussite. De fait, elle sera renouvelée. Carrefour (et d’autres ?) ne saurait évidemment se passer d’une telle manne. L’aïd al-kebir, c’est des millions d’euros en trois jours…
Toutefois, 2007 ne sera pas 2006 : Aissa Nhari, coordinateur de l’opération Aid 2006 avec Carrefour-Gennevilliers vient d’être désaisi. Malgré cette réussite. Ou peut-être à cause de cette réussite. Il revient sur ce « coup de théâtre » dans une tribune libre qu’Al-Kanz publie aujourd’hui.

Pourquoi je ne fais plus l’opération Aïd Al Adha avec Carrefour-Gennevilliers ?

Je vous dois cette vérité !

Comme vous le savez, la communauté musulmane du département du 92 et l’enseigne Carrefour-Gennevilliers ont mené l’opération Aïd el adha qui s’est avérée être un réel succès en 2006. En effet, 840 foyers ont fait confiance à cette dernière pour célébrer l’un des plus importants rites religieux. Ce fût la plus grosse vente de Carrefour France.

Nous devons cette réussite à M.Michel Bart, ex-préfet des Hauts-de-Seine qui a réuni les représentants des mosquées début juillet 2006 afin de plancher sur divers sujets concernant à la fois l’espace culturel et cultuel. Lors de cette réunion, nous avons abordé la question de l’Aïd et j’ai profité de cette occasion pour lui demander d’organiser une commission de travail. J’ai promis en outre de produire une charte et un cahier des charges. Dès le mois d’août, j’ai présenté mon travail à quelques membres de la communauté, eux mêmes membres de cette commission.

Une série de réunions ont ensuite été tenues avec M. Jean Pol Peter, président de la commission et également responsable vétérinaire du département. Un homme très à l’écoute et très animé par le désir de voir le projet aboutir.

Pour ce qui me concerne, depuis fin 2005, j’ai eu un contact soutenu avec le responsable de Carrefour-Gennevilliers qui a compris le sens et l’importance du rite pour les musulmans de France et a voulu associer la communauté au projet par souci de transparence et par respect de la charte validée par la préfecture.

J’ai eu l’honneur d’avoir été nommé coordinateur de cette opération pour m’être pleinement investi depuis près de trois ans à ce jour et ne regrette que ce qui va suivre…

Cette opération s’est vu être victime de son succès, car depuis janvier 2007 beaucoup ont tenté de se l’approprier et peut être même la vider de sa substance pour n’en faire qu’une opération commerciale, voir de prestige. J’ai toutefois continué à faire la sourde oreille tout en travaillant sans relâche avec les responsables de Carrefour-Gennevilliers et des responsables de la communauté (CRCM Ile-de-France et la mosquée de Puteaux). J’ai visité l’abattoir et j’ai apporté mon avis sur divers sujets tels que la publicité, les prix, l’organisation, la logistique…

Samedi 24 novembre, coup de théâtre ! Le nouveau directeur de Carrefour-Gennevilliers m’apprend une nouvelle qui jusqu’alors n’était qu’une rumeur. Nous nous sommes rencontrés le même jour afin qu’il m’apprenne de vive voix que Carrefour France a décidé de centraliser l’opération Aïd Al-Adha et que le d’ordre serait de ne traiter qu’avec la mosquée de Paris selon le vœu du ministère de l’Intérieur. Cette version ne m’a pas trop surpris mais a suscité en moi plusieurs questions que je souhaite livrer à l’opinion publique.

1- Pourquoi le ministère de l’Intérieur interviendrait-il dans cette opération ?

Pourquoi aurait-il privilégié une composante minoritaire au lieu d’aider une instance dont il est lui-même à l’origine, le CFCM ? Aurait-il besoin d’une telle ingérence pour se discréditer aux yeux des musulmans de France ?

2- Pourquoi Carrefour France ne veut que la mosquée de Paris comme interlocuteur ?

Supposons que le ministère de l’Intérieur veuille que Carrefour ait un unique interlocuteur. Pourquoi cette enseigne commerciale et de surcroît appartenant au secteur privé se plierait à cette requête ?
Pourquoi Carrefour accepterait que des considérations d’ordre politique s’ingèrent dans sa propre politique commerciale ? Quel enjeu commercial orienterait son choix vers un partenariat avec la mosquée de Paris au lieu de ses autres partenaires habituels, à savoir la mosquée d’Evry, AVS, pour ne citer que ces deux organismes de contrôle ?
Pourquoi n’a-t-elle pas le courage de s’orienter vers les initiateurs du projet afin de consolider et de développer ce concept dans d’autres magasins du groupe en partenariat avec les associations locales ? Dieu sait combien d’enseignes ont manifesté leur intérêt pour notre projet.

En allant plus loin, pourquoi Carrefour qui s’intéresse à ce marché et le ministère de l’Intérieur qui veille à l’organisation de l’islam de France n’ont toujours pas mis à plat la question de l’économie rituelle qui peut en partie répondre à la fois à la problématique du financement des lieux de culte et à l’ intégration de cette économie dans le circuit de la grande distribution ? Je précise que j’ai eu maintes occasions d’aborder la question avec différents décideurs politiques et économiques.

3- Pourquoi la Mosquée de Paris a-t-elle accepté cette offre sachant qu’elle n’a jamais été concernée ni par les tenants ni par les aboutissants du projet ?

En se comportant ainsi ne craint-elle pas de diviser les musulmans une fois de plus ? En agissant ainsi, pourquoi continue-t-elle à siéger au CFCM si elle ne lui délègue pas un dossier qui entre dans ses prérogatives ? Il semble qu’il existe une commission dédiée à ces affaires au sein de CFCM. Aussi, je m’interroge sur le fait qu’elle ne s’est jamais rapprochée des initiateurs afin d’agir ensemble dans l’intérêt des musulmans de France en donnant d’avantage de pouvoir au CRCM.

Mon vœu a toujours été d’agir loin des considérations politiques ou partisanes. Le but recherché étant de trouver des solutions citoyennes pour notre communauté et d’intégrer notre économie rituelle dans les circuits habituels du commerce.

Cet accord démontre une fois de plus qu’une poignée de décideurs n’acceptent pas l’idée que des hommes et des femmes de terrain puissent avancer dans l’unique intérêt de notre société en apportant des réponses justes sans être toujours sous tutelle de structures dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas.

Pour conclure, je ne peux renouveler l’opération Aïd Al Adha avec Carrefour-Gennevilliers dans les circonstances évoquées mais demeure néanmoins en alerte par souci de vérité et de transparence.

Les musulmans sont libres de choisir la façon de célébrer l’Aïd et l’opérateur qui répondra à leurs attentes ! Personnellement, je ne ferai pas mon sacrifice chez Carrefour-Gennevilliers malgré l’estime que j’ai pour les gens qui font le bonheur de cette enseigne et leur donne rendez-vous pour des opérations futures dans le strict respect de la législation tout en respectant la communauté dans ces principes.

Le terrain est vaste, les idées ne manquent pas, si toutefois il y a encore des décideurs qui veulent relever des défis et les mener à bout avec courage et détermination.

Aissa NHARI, coordinateur de l’opération Aid al-Adha 2006 avec Carrefour-Gennevilliers.

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