En matière de défense des animaux, on connaît plus la Fondation Brigitte Bardot que l’OABA (Oeuvres d’assistance aux bêtes d’abattoirs).
Pourtant cette association, vieille de quarante ans, qui lutte contre les mauvais traitements infligés aux animaux de ferme, ceux destinés à la consommation, n’en est pas moins virulente. Et elle ne s’en cache pas.
Elle revendique très clairement des pressions sur les politiques et mènent des actions de lobbying auprès des institutions européennes, dont elle ne se cache pas non plus.
L’abattage rituel est l’un de ses chevaux de bataille. D’où son agitation et ses actions de lobbying auprès du gouvernement quand arrive l’aïd al-kebir.
L’abattage rituel, c’est leur dada
Copie d’écran du site de l’OABA
Voilà des années que l’OABA s’insurge contre les abattages juif et musulman, tout comme la fondation Brigitte Bardot. Il lui est insupportable que les bêtes sacrifiées ne le soient pas comme elle voudrait qu’elles le soient.
D’où son combat acharné pour obliger juifs et musulmans à faire usage d’un pistolet spécifique ou de l’électronarcose, cette pratique qui consiste à envoyer une décharge électrique sur les tempes des animaux pour les étourdir.
Pistolet et électricité offriraient selon l’OABA un confort à l’animal avant l’abattage et lui éviteraient maintes souffrances. Sauf que dans les faits rien ne prémunit l’animal qui subit une décharge électrique ou un coup de pistolet de blessures sérieuses. L’électronarcose, par exemple, peut blesser l’animal quand elle ne le tue pas. D’où le refus catégorique des autorités religieuses d’user de ces pratiques lors du sacrifice des animaux.
En France, l’abattage rituel juif et musulman ont d’ailleurs un statut particulier, puisqu’ils sont permis par un décret dérogatoire.
Ce qui agace l’OABA qui contourne ce qui est un problème pour elle pour mettre fin d’une manière ou d’une autre à l’abattage rituel.
Opérations coup de poing…
A l’occasion de l’aïd al-kebir 2006, l’OABA est intervenue dans un abattoir de Seine-Maritime où elle a pu dicter sa loi. L’objectif était clairement d’imposer l’électronarcose et de faire en sorte que les animaux ne soient pas sacrifiés sans avoir été préalablement tués étourdis par une décharge électrique.
Selon ses dires, l’absence de matériel de contention mécanique aurait amené vétérinaires et direction de l’abattoir à imposer l’électronarcose.
On devine qu’ils ont aussitôt essuyé un refus de la part des musulmans dont on violait à ce moment les droits. Un délégué de l’OABA a alors tenté de convaincre du bien-fondé de cette démarche. La sauce ne prenant pas, les gendarmes ont été alertés et… « après plus de quatre heures de discussions, les abattages rituels ont repris et près de 320 ovins ont été sacrifiés, avec électronarcose préalable » (source La Lettre de l’OABA, n°1, 2007).
Autrement dit, ce jour-là 320 familles ont été contrainte, face aux gendarmes, à renier leurs droits fondamentaux. Elles auraient pu certes repartir et demander le remboursement du prix du mouton. Mais, il faut croire que la peur du gendarme et la désinformation ont fait leurs effets.
…et méthodes douteuses
L’OABA ne se contente pas de cela. Minoritaire et peu connue par le grand public, elle s’emploie à s’attirer l’attention des consommateurs en criant au scandale et à la tromperie. Voici ce qu’elle écrit :
Dans le cadre des abattages rituels israélites, les parties arrières des animaux ne sont pas consommées. De même, après inspection de la carcasse par le sacrificateur, il se peut que l’animal soit refusé en entier. Dès lors, que devient cette viande jugée “religieusement impropre” à la consommation ? Elle est dirigée vers les circuits “classiques” et approvisionne boucheries, hypermarchés et restaurants.
L’OABA préfèrerait-elle que l’on se débarrasse d’une carcasse d’animal jugée non casher par un rabbin, plutôt que de la commercialiser, et donc de ne pas s’adonner à un gaspillage révoltant ? Non, évidemment. Il s’agit d’être plus futé.
L’objectif est d’obliger les pouvoirs publics à indiquer sur chaque emballage de viande sacrifiée par un juif ou un musulman et destiné aux consommateurs non juifs et non musulmans la mention : “viande abattue selon un rite religieux”. L’OABA espère sûrement que cela en hérissera plus d’un.
Car à ses yeux “il est inacceptable, au regard des textes assurant la liberté de conscience et de religion, que le respect des pratiques rituelles religieuses concernant 7 % de la population nationale (6 % de la population française serait de tradition musulmane et le judaïsme concernerait 1 % de ladite population selon les chiffres cités, en septembre 2006, par le rapport de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics) ait des répercussions sur la consommation de l’ensemble de nos concitoyens.”
Déterminé, l’OABA a d’ailleurs l’intention de faire entendre sa voix lors du Grenelle de l’animal (rencontres « Animal et Société ») annoncé par Michel Barnier, ministre de l’Agriculture du gouvernement Fillon.
Et de mettre sur la table « particulièrement la question récurrente de l’abattage rituel », dixit Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, dans une interview donnée au site Web-Agri (merci à Asidcom pour l’info). Lequel de regretter que « certains abattoirs n’étourdissent pas systématiquement les animaux. » La vigilance s’impose.