Créer son entreprise, c’est pour la plupart des créateurs accéder à un nouveau statut, passer de l’autre côté de la barrière pour devenir chef d’entreprise. Que l’on crée pour créer son emploi et être entrepreneur de soi ou bien que l’on crée dans l’optique de développer une structure avec des salariés, cette transition entre le statut de salarié, puis de créateur et enfin de dirigeant – ne se fait pas sans quelques difficultés. Par exemple, j’ai constaté dans mes très nombreux accompagnements qu’il y avait bien une prédisposition familiale à créer, mais que celle-ci n’allait pas forcément de pair avec une assurance en béton armé. Devenir chef d’entreprise est un long processus. Doit-on parler de neuf mois comme pour la conception d’un enfant ? Il est probable que ce soit une donnée de temps plausible. On ne change pas ses habitudes, ni le regard des autres et le regard sur soi-même aussi vite qu’on le voudrait.
Devenir chef d’entreprise, c’est à mon sens un parcours, un chemin initiatique à réaliser pour se découvrir, tester sa résistance et sa persévérance dans les moments pénibles, trouver ses limites, apprendre à s’affirmer. C’est pourquoi il est si important d’être accompagné pour créer, puis développer son entreprise. Etre accompagné sur le plan humain, sur les plan des émotions, de la gestion du stress, de la confiance en soi. Car on peut être un très bon commercial, un très bon financier, un très bon gestionnaire et un très bon manager et avoir cependant du mal à se glisser dans la peau du chef d’entreprise. On peut aussi avoir un business plan en or massif, étudié à la virgule près, et se mettre à douter au moment de remplir son formulaire d’immatriculation ou son premier contrat client.
Il semble que la difficulté réside surtout dans le poids du costume à porter…
Je parle ici bien sûr du poids de la responsabilité financière, personnelle, humaine et morale que cela représente. A des moments où l’on s’y attend le moins peuvent ressurgir des petites voix issues de notre grand comité là-haut, qui disent « t’es sûr ? », « es-tu vraiment à la hauteur ? », « est-ce bien raisonnable ? »… Bref, il y a tout un processus de prise de confiance en soi à ne pas négliger et à cultiver pour devenir un chef d’entreprise. J’accompagne depuis plusieurs années des créateurs d’entreprise et je suis vigilante aussi à leur donner le temps, l’espace nécessaire, voire parfois pour certains la permission… afin qu’ils déploient petit à petit leurs ailes.
Article rédigé par Valérie Weill, consultante et accompagnatrice en création/développement d’entreprise
Source : Envie d’entreprendre (article mis à disposition sous un contrat Creative Commons)