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GreenInked, repenser l’habitat et le développement durable (2/2)

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Développement durable. Suite de l’interview de Caroline, fondatrice du webzine Greeninked, magazine consacré au développement durable.

Al-Kanz : La préservation de l’environnement paraît réservée aux riches. On a l’impression qu’il faut des sous pour ne pas polluer, ne pas nuire à la couche d’ozone, etc. Fausse idée ou réalité ?

Greeninked : je vais vous donner deux exemples très concrets qui ont fait l’objet d’articles détaillés sur Greeninked. Le premier concerne la construction de 13 maisons bioclimatiques dans la Nièvre (58) dans lequel l’aspect économique a guidé le projet entier puisqu’il est destiné au secteur des logements sociaux qui s’appuie, comme on le sait, sur des coûts faibles (821 euros HT/m²). Ces 13 maisons à basse consommation d’énergie, du T2 au T4, disposent d’un terrain privatif et d’un séjour traversant, de capteurs solaires pour l’eau chaude sanitaire, d’un système de collecte des eaux des toitures, d’une ventilation mécanique à haut rendement et d’un puits canadien. Le constructeur indique que la maison de 85 m² sera accessible au prix de 70 000 euros HT prouvant ainsi qu’il est parfaitement envisageable de proposer des solutions à la fois écologiques et financièrement compétitives (permis ici notamment par l’apport industriel d’ossatures bois préfabriquées en usine).

< ?php wpads(‘kleema-par’); ?>Le second exemple est tiré d’une expérience originale d’autoconstruction initiée aux USA par un architecte iranien, Nader Khalili, qui a imaginé une technique rapide, écologique et économique offrant une alternative forte aux constructions classiques. Celle-ci reposait sur un principe simple qui n’est aujourd’hui pourtant guère respecté : utiliser un minimum de matières premières – principalement le sable ou la terre – et les prélever directement sur le lieu de construction. Cette technique du Superadobe a ensuite été dépassée, améliorée et exportée pour être mise en oeuvre dans plusieurs pays du monde (Etats-Unis, Mexique, Sénégal, Afrique su Sud, Inde, Pakistan et en France, à titre expérimental, au jardin des Plantes de Nantes). Avec le Superadobe, aujourd’hui de luxueuses maisons américaines sont construites pour un prix moitié moins important que s’il avait fallu user des techniques conventionnelles de construction. Les techniques les plus simples, tout en étant bien réfléchies, sont souvent les plus ingénieuses, respectueuses de l’environnement pour un coût défiant toute concurrence.

Al-Kanz : En islam, la Terre tout entière est un dépôt qu’Allâh a mis à la disposition des hommes ; lesquels ont des devoirs à son endroit et devront rendre des comptes sur l’usage qu’ils ont pu faire de ses ressources. Est-ce que les musulmans, aujourd’hui, jouent un rôle concret dans la préservation des ressources naturelles et l’amélioration de notre environnement ?

Greeninked : je crois que l’amorce a été longue mais que de plus en plus de musulmans s’investissent dans ce domaine, y compris dans les pays émergents. Un exemple particulièrement réussi nous vient de l’Angleterre avec l’Islamic Foundation for Ecology and Environmental Sciences (IFEES), à Birmingham, qui développe de nombreux programmes destinés aux institutions de pays musulmans et qui édite EcoIslam, une petite newsletter qui porte, comme l’indique le titre, sur les interactions possibles et nécessaires entre islam et écologie, sur les projets et actions concrétisées par des organisations islamiques dans le monde ou par les activités de certains particuliers de la communauté. L’IFEES a également édité un petit guide pratique traduit en différentes langues. Ils organisent des conférences, des campagnes de sensibilisation et des formations à destination des institutions mais aussi en direction des populations.

A plus petite échelle, j’aimerais donner l’exemple d’une initiative locale d’une petite madrassa du centre de l’Ile de Java, en Indonésie, visant l’éducation à la préservation de cette amanah d’Allâh que sont les éco-systèmes. Cette initiative isolée a fait des émules dans toute l’île entraînant d’autres écoles coraniques à mettre en place des programmes spécifiques et des activités adaptées afin d’enseigner que tout acte visant à préserver les ressources naturelles dont dépend tout être est un acte de piété envers notre Créateur et que c’est de l’ordre de la nécessité religieuse et morale que de le faire. Cependant, on constate que si la préservation générale de l’environnement, de la nature et des éco-systèmes fait l’objet de nombreux programmes dans la communauté à travers le monde et même de fatwas (édictées par le Ulama Council of Indonesia), la sensibilisation à l’ « habiter sain au quotidien» reste encore marginale.

Al-Kanz : Pour finir, pourriez-vous nous indiquer deux ou trois gestes simples, que tout le monde peut faire et qui ont des effets immédiats sur notre façon d’habiter.

Greeninked : il y a beaucoup de points sur lesquels nous pouvons agir simplement et qui auront un impact important in châ’a-Llâh. L’ensemble de notre comportement par rapport à l’environnement peut se résumer à trois choses : réduire (notre consommation de manière générale), réutiliser (en évitant par exemple d’acheter des produits jetables), recycler (nos déchets de différentes natures, mais aussi nos vêtements, les jouets de nos enfants, nos meubles, etc.).

Maintenant plus précisément sur l’habitat, point d’orgue de notre travail de sensibilisation, il y a deux choses souvent méconnues sur lesquelles on peut facilement influer et qui concernent la pollution intérieure, celle qui empoisonne nos lieux de vie quotidiens.

Nous savons par exemple qu’aujourd’hui plus d’un logement français sur quatre enregistre une pollution de l’air plus importante que celle de l’air extérieur. Cette pollution intérieure provient des produits ménagers chimiques, des substances volatiles contenues dans les colles de certains meubles, des parquets en bois contrecollé, des moquettes ou de certains jouets en plastique. Évidemment les sources de pollution sont nombreuses et certaines allergies, maux de têtes et autres petits tracas bénins, peuvent y être liés. Pour agir, on peut simplement, en amont, réfléchir à son achat (privilégier les produits ménagers verts et sains ou revenir aux recettes d’antan, privilégier parquets et meubles en bois massif ou fabriqués à partir de colles naturelles, choisir dans la mesure du possible des jouets en bois, éviter les encens et les parfums d’ambiance synthétiques, etc.). En aval, il reste la solution simple de l’aération systématique et quotidienne de l’ensemble du lieu de vie, 10 minutes par jour, même en hiver.

Enfin, et cela est encore plus méconnu de la plupart d’entre nous : à cette pollution chimique peut s’ajouter une pollution électromagnétique générée indirectement par des appareils comme les micro-ondes, tubes cathodiques des téléviseurs et ordinateurs, câbles électriques et informatiques, installations WIFI, transformateurs électriques, certains éclairages, etc. Il faut être conscient qu’à chaque nouveau fil installé dans la maison, c’est un champ électromagnétique qui est créé. Responsable parfois de maux de têtes, fatigue, insomnie, troubles divers mineurs ou plus importants, ce rayonnement domestique peut être atténué en prenant quelques précautions.

En premier lieu, on peut essayer de limiter l’électrification de la maison en débranchant les appareils ménagers lorsqu’ils ne servent pas ou utiliser des multiprises munies d’interrupteurs. On doit aussi maintenir une distance suffisante face à un écran de télévision ou d’ordinateur, en tenant compte du fait que les côtés et la partie arrière de l’appareil irradient 2 à 3 fois plus que l’avant et penser à faire des pauses régulières quand on travaille sur écran. Pour la zone de repos, il est essentiel d’éviter les appareils électriques, radio réveils ou radiocassettes ainsi que les fils électriques qui passent derrière la tête de lit. Dans le reste de la maison, si c’est possible, les différentes sources de champs magnétiques doivent pouvoir être reliées aux prises de terre intérieures qui ne doivent pas être réservées uniquement aux cuisines et aux salles de bain. Dans le cas d’une construction nouvelle, la conception de l’installation électrique peut faire l’objet d’une consultation auprès de professionnels qualifiés. Ces quelques conseils partent du bon sens – qu’on oublie parfois -, certains sont plus facilement applicables que d’autres mais permettent souvent de ressentir des effets immédiats sur la santé de nos familles.

Visitez le site Greeninked : http://www.greeninked.com

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