Comme vous et moi, ils respirent, dorment, s’éveillent, mangent, vaquent en journée à leurs affaires. Comme vous et moi, ils sont témoins d’une foule d’évènements, à l’écoute du monde par la lecture, la discussion, les médias. Comme vous et moi, ils y réagissent par des questions et des pensées. Comme vous et moi ils aiment ou détestent, désirent ou rejettent, rêvent ou dépriment. Et comme vous et moi, leurs convictions et leurs espoirs les animent. C’est stupide à énoncer, pas vrai ? Pourtant, ces gens comme vous et moi manquent de contact humain.
Car, eux, ils ne voient pas, ou pas bien. Avec cela, il arrive qu’ils entendent mal, ou que leurs jambes faiblissent, ou tout banalement que l’âge pèse sur eux. Comment sont-ils devenus handicapés visuels ? Quelle importance après tout ? Ils n’ont pas besoin de pitié ni de curiosité malvenue. C’est qu’ils vont vous en remontrer ! Chacun avec son caractère, son expérience, sa culture, son cœur, sa vitalité. Comme toute personne qu’on prend le temps d’écouter, finalement…
Les écoutons-nous ? J’ai parfois l’impression qu’une sorte de timidité inexplicable freine le contact avec les handicapés. Ils ont leur dignité et leur fierté, comme vous et moi. Ils n’ont aucune envie qu’on les materne ni qu’on les traite en débiles. Ils n’ont pas attendu votre arrivée pour se débrouiller dans la vie. Cependant, ils peuvent trouver bienvenue une offre à l’occasion pour traverser une rue en sécurité, pour trouver une adresse sans détours, pour s’orienter plus vite dans le dédale du métro, pour bavarder cinq minutes sans façons dans le train. La phrase magique après un bonjour de circonstance : « Vous voulez un coup de main? ». Cette simple question n’a rien de rabaissant pour votre interlocuteur (quel qu’il soit d’ailleurs, handicapé ou non) et encore moins pour vous-même. Si votre interlocuteur décline poliment, n’insistez pas.
L’énergie, les projets, les idées, la vitalité, ils en ont à revendre. Il leur faut juste un coup de pouce. Qui pour des courses, qui des paperasses, qui une promenade, qui un déplacement chez le médecin ou dans une administration, qui une scéance de lecture d’un bon auteur. Une foule d’actes que nous entreprenons sans y penser mais qui représentent des petites galères quotidiennes pour eux. Il n’y a pas besoin de s’investir corps et biens dans l’entraide. Une heure par-ci, deux heures par-là, aucun effort n’est médiocre ou méprisable, même une fois de temps en temps, au lieu de les enterrer dans l’indifférence ou les états d’âmes sur le malaise personnel. Les plus motivés peuvent s’adresser aux associations des auxiliaires des aveugles : leurs antennes sont disséminées sur toute la France.
Enfin, drame commun de l’époque, ces gens ont besoin d’une oreille. Problématique terriblement banale, que les blocages mentaux envers les handicapés aggravent sérieusement. Au-delà des freins pour tout simplement saluer et offrir son bras cinq minutes, une gentillesse de mauvais aloi les enfonce. A force de songer à l’handicapé, on en oublie la personne : leur cécité n’a pas entamé leur tête, leur coeur ou leurs autres facultés. La moitié de la mission consiste à bavarder dans la cordialité pour briser cet enfermement où ils se trouvent relégués – et dans la foulée découvrir une personne et briser sa propre solitude, le cas échéant. Un bavardage agréable, une nouvelle tête, une rencontre pour se changer les idées : si ça se trouve, vous en avez besoin autant qu’eux. Ils n’ont pas forcément envie de parler deux heures de leur santé et de leurs soucis. Et oui, ils peuvent eux aussi – comme tout le monde – se montrer réceptifs au Message de l’islam par le comportement ou, pour les mieux rôdés en matière de dawah, la parole d’un musulman croisé à l’improviste.
Consacrons quelques instants à apprendre les bons comportements : des actes simples à la portée de n’importe qui. Et essayons au moins le « vous voulez un coup de main ? ». Chacun verra bien qu’il ne risque pas de se faire manger tout cru !
CP, Transtextuel
C’est très vrai, et c’est très important de le rappeler.
Je me souviens d’un reportage, qui montrait le voyage d’un groupe d’handicapés « moteur cérébraux » en Egypte. Leur handicap se traduit notamment par des difficultés à articuler normalement, et à parler vite, alors que leur intelligence est intacte. C’était une leçon que je n’ai pas oubliée, l’apparence n’est pas la réalité de l’individu
Tout cela me rappelle une petite histoire : une personne handicapée et en fauteuil racontait qu’un jour que lors d’une discussion houleuse son interlocuteur l’avait envoyée paître en lui parlant comme à une personne dont les jambes étaient valides. Ca lui avait fait un bien fou, car elle n’avait pas été vue comme une personne en fauteuil.
Un comportement malheureusement fréquent consiste à s’adresser à l’handicapé via un tiers, en sa présence. C’est humiliant et horripilant. Je le constate régulièrement : l’interlocuteur me parle directement alors que c’est la personne que j’accompagne qui entreprend une démarche (achat, administration, consultation, renseignement…). Certains s’obstinent malgré les « je ne fais qu’accompagner ce monsieur / cette dame ».
Astuce pour prévenir cette attitude : mener l’aveugle jusqu’au comptoir / bureau / etc puis reculer de trois pas, voire s’asseoir à quelques mètres en prenant un air absent (variante : sortir un bouquin de la poche). 🙂
asalam walikoum
Quelque part, nous sommes tous déficient et pas normaux sauf que chez certaines personnes c’est invalidant.Le handicap (physique ou mental) est un fardeaux souvent lourd pour ces personnes et ils doivent en plus de cela faire face à la peur, au mépris, aux moquerie et aux rejets de la société à cela ce rajoute la discrimination qui les attends au pas!
Pour la société ce ne sont pas des personnes normales et en plus cela côute beaucoup argent ( en période de crise on évite des sujets de ce genre donc bravo Al Kanz pour votre humanisme!).
D’ailleurs qui définit la normalité?Ou se trouve la frontiére entre le normal et le pathologique?
Dans le handicap ce qui fait peur c’est la confrontation avec l’autre. Car les personnes porteuses d’un handicap sont des autres qui nous ressemble et on a peur de devenir comme eux alors la maniére la plus simple d’éviter cette différence c’est de les ignorer ou de les marquer avec le fameux » différents » pour bien signifier qui ne sont tout a fait comme nous…
La meilleure façon d’ appréhander cette handicap c’est déja de se dire que se sont des individus comme nous et donc de les traiter comme nimporte qui. Il ne faut pas s’arrêter au handicap personnellement si j’ai quelque chose à dire à une personne son » handicap » ne m’arretera pas ( comme je le dis nous sommes tous des être humains avec nos déficiences et autre imperfection inhérente à notre genre). D’ailleurs se sont généralement les personnes qui sont classés comme différents ( j’inclus les personnes en surpoids) qui sont les plus sociable et qui ont grand sens de l’humour: ils rient facilement de leurs handicap alors que le plus souvent les gens évitent d’en parler pour ne pas les » blesser ».
Le seul véritable handicap c’est la bêtise humaine! Merci beaucoup pour cet article!Que allah donne du courage et de la patience à toutes ces personnes afin de les aider à surmonter au mieux leur handicap! Amine
Bonne soirée à tous!
assalam,
Je viens de rédiger un billet concernant le Braille et les autres méthodes de lecture pour handicapés visuels sur mon blog, si certains souhaitent creuser le sujet.
http://transtextuel.wordpress.com/2009/05/09/des-braillements-qui-nont-rien-a-voir/
par experience (ma petite soeur est sur fauteuil roulant electrique) je penses qu’il faut les traiter comme des personnes valides! on les handicap davantages en leur proposant de l’aide systématiquement (plutôt attendre que la personne soit en difficulté: exemple à la caisse du supermarché elle va surement vous regarder et vous demander de lui déposer ses articles sur le tapis pas la peine de proposer…)ou en faisant tout à leur place. Et votre anecdote al kanz illustre bien mon opinion faut parfois même leur mettre le hola ce n’est pas parceque la personne est sur fauteuil qu’il faut lui accorder un traitement de faveur! J’irai même plus loin: Retirons leur place de parking! lollllll je blagues bien sûr! ^^
Ah la dernière blague est… osée !
mdr désolée
assalam,
@la maman d’Ismaël :
L’équilibre est délicat entre assistanat exagéré et entraide naturelle, je le sais bien. Néanmoins, à l’heure actuelle, c’est plutôt le manque de discussions banales et de coups de main spontanés qui empoisonnent la vie, pas la surenchère de prévenance – pour des gestes simples j’entends.
Je préfère donc encourager les lecteurs à se tourner vers les handicapés : ensuite, une fois le contact engagé, les gens (handicapés ou pas) raconteront et montreront d’eux-mêmes leur quotidien personnel et collectif, selon leur envie et leur caractère.
dans ce cas là je suis d’accord avec vous, il serait plus malin d’encourager l’humain à se tourner vers son frére humain pour une discussion banale ou un coup de main pas besoin de rajouter son frére humain « handiapé »! ^^ encore une fois je parles par experiences je vis avec une personne handicapé moteur…
assalam,
@la maman d’Ismaël
Ce que j’ai vu, moi, c’est que les handicapés inspirent parfois une timidité étrange au point où les gens ne savent pas toujours comment communiquer naturellement avec eux comme avec n’importe qui. Il y a des gens pour qui la facilité est évidente : ils n’ont pas besoin de lire cet article. Il y a aussi des gens dont le regard sur l’entraide normale et les relations sociales banales a besoin d’un ajustement lorsqu’il s’agit de handicap. Si vous n’en avez jamais rencontré, alors al hamdouliLlah et j’espère que vous n’en rencontrerez jamais. Moi – car vous n’êtes pas seule à parler par expérience – j’ai rencontré au fil des années pas mal de gens qui avaient besoin de quelques explications simples. D’où ce message.
assalam,
« Un stylo bavard pour les aveugles » sur mon blog.
Ca se passe par là : http://transtextuel.wordpress.com/2009/06/26/un-stylo-bavard-pour-les-aveugles/
assalam,
« Brises aveuglophiles » avec quelques trouvailles du jour.
http://transtextuel.wordpress.com/2009/08/04/rencontres-handicap/
assalam,
Mon dernier-né sur ce thème, parce que ça fait du bien d’en prendre de la graine (du sens de la dignité) :
http://transtextuel.wordpress.com/2009/08/22/le-benevolat-don-sans-retour/
chaque etre humain à le droit d’etre respecter,le handicape n’est pas une maladie bien au contrère,le gens qui souffre en beaucoup de courage je ne juge pas ni je me moque pas de ces gens car moi aussi pourrais trés bien etre handicapé.