Entreprendre. Si la Malaisie lorgne de plus en plus sur le marché prometteur des consommateurs musulmans français, d’aucuns n’ont pas attendu cet intérêt grandissant pour entreprendre. Mehdi Hosni, cofondateur de la société Asia Food Consulting a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.
Al-Kanz : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Mehdi Hosni : De formation commerciale, je crée mon premier emploi à 23 ans : avec un ami, nous ouvrons la 1re librairie arabo-musulmane du Haut-Rhin, qui se veut également être galerie d’art islamique. A sa revente deux ans plus tard, j’intègre alors Carrefour Voyages, une expérience qui s’avère riche en découvertes et particulièrement formatrice. A l’issue de cette aventure longue de 6 ans, j’entame un mastère spécialisé en stratégie internationale à l’ESSEC dans le cadre duquel je réalise une thèse professionnelle sur le marché du halal en France et les perspectives des produits malaisiens sur ce marché. C’est le début de mon projet… Il se concrétise quelque mois plus tard quand, au cours d’un séjour en Malaisie, je rencontre celui qui deviendra mon associé dans Asia Food.
Al-Kanz : En quoi consiste l’activité de votre entreprise ?
Mehdi Hosni : En fait, nous avons créé Asia Food Consulting en Malaisie, en 2006 : au début, nous assurions surtout des prestations de conseil, de sourcing de produits halal a la demande de clients français et d’accompagnement de leurs démarches d’import. Puis en 2009, nous avons lancé la société Asia Food Co en France afin de pouvoir produire et importer nous-mêmes depuis la Malaisie. Nous avons également étoffé notre offre de produits : confiserie, snacks, boissons… et, cette année, lors du mois de ramadan, nous avons lancé deux produits surgelés inédits : le M’semen (galette feuilletée) et les feuilles de brick carrées. Notre objectif : trouver des produits certifiés halal qui correspondent aux nouvelles habitudes de consommation des musulmans de France.
Al-Kanz : La Malaisie n’est pas la porte à côté. Pourquoi être allé si loin ?
Mehdi Hosni : La Malaisie a d’abord été une découverte personnelle avant de faire partie de mon projet professionnel. Il faut dire qu’elle a beaucoup d’atouts : c’est un pays développé, sa population est multiethnique, les habitudes alimentaires y sont très variées et « métissées » (malaise, chinoise, indienne, italienne, française…). Mais surtout son atout principal c’est la certification « halal malaysia » qui répond à un cahier des charges très rigoureux et s’est érigée en référence au niveau international.
Al-Kanz : Est-ce qu’être musulman et français est un atout quand on veut travailler avec la Malaisie ?
Mehdi Hosni : Quand on travaille dans l’agroalimentaire, être français est toujours un atout, vu la réputation internationale de la France dans ce domaine. Il faut également savoir qu’en Malaisie la plus ancienne entreprise agroalimentaire a été fondée par des Français… Mon associé l’a d’ailleurs dirigée pendant plusieurs années. Être musulman, ça me permet de pouvoir me mettre à la place de nos clients, de comprendre leurs attentes, et c’est une expertise que nos partenaires malaisiens recherchent et apprécient.
Al-Kanz : Vous avez choisi de cibler la clientèle musulmane. Pourquoi ce choix ?
Mehdi Hosni : Dans chacune de mes expériences professionnelles, j’ai toujours eu à cœur de promouvoir l’image de notre communauté et d’essayer à mon niveau de répondre à ses besoins, certainement parce que tout ce qui la concerne, me concerne (rires). Il est vrai que j’ai moi-même pu regretter le manque de diversité des produits packagés halal, notamment après avoir fondé ma petite famille. Ça s’est donc imposé à moi car je trouvais qu’il y avait tant de choses à faire… et reste toujours à faire !
Al-Kanz : Avant de créer votre entreprise, vous occupiez un poste à responsabilité dans une grande société française. Pourquoi avoir quitté cet emploi pour l’aventure, toujours risquée, de l’entrepreneuriat ?
Mehdi Hosni : C’est avant tout dans mon caractère, la preuve : mon premier emploi je l’ai créé. J’aime l’indépendance que cela procure, les responsabilités que cela implique, les rencontres et découvertes que cela suscite. Même au sein de Carrefour, cet esprit d’entreprendre ne m’a jamais quitté puisque j’ai piloté l’ouverture de plusieurs agences.
Al-Kanz : Si vous deviez encourager celles et ceux parmi les Al-Kanznautes qui n’osent pas encore franchir le pas de la création d’entreprise, que leur diriez-vous ?
Mehdi Hosni :
Je leur dirais qu’on n’est jamais trop jeune pour entreprendre : on a généralement peu à perdre et beaucoup à gagner. Je leur dirais aussi de ne pas hésiter à parler de leur projet. J’ai coutume de dire que si on a peur qu’une idée nous échappe autour d’un café, c’est que celle-ci n’est pas aussi géniale que ça. Enfin, se faire conseiller permet d’éviter bien des écueils et d’aller plus loin, plus vite. Bon courage aux Al-Kanznautes qui se lancent !
Visitez le site de Mehdi Hosni, Asia Food Consulting
As-salamû’alaykûm,
Mâ cha’Allah, La Malaisie attire de plus en plus de musulmans français.
Votre famille s’est-elle facilement adaptée ?
Y a t-il de nombreuses écoles islamiques?
Assalâmu ‘alaykum
BârakaLlâhu fîk pour ce nouveau témoignage d’entrepreneur plus que motivant !
Assez d’accord pour l' »idée géniale » qui ne risque pas de s’échapper même en en parlant autour d’un café.
J’ai exactement la même philosophie et je ne fais pas de rétention d’informations. Il faut croire en son projet et en ses capacités même si c’est très modeste par rapport à Asia Food Consulting.
Qu’Allâh (swt) facilite à notre frère Mehdi et lui permette de créer des dizaines d’autres entreprises au service de la communauté. Amîne.
Salam,
Merci Mehdi pour cet interview frais et exotique.
Ton ambition et celle de Asia Food Co prouvent que l’originalité et la diversité paient.
Par ailleurs, je crois en la qualité et en la traçabilite des produits que vous proposez.
Que Dieu facilite et vous comble
Rachid B
Assalam alaykoum,
Désolé de venir gâcher ce moment de plaisir, l’activité de notre frère est noble mais j’espère simplement qu’il fait bien attention aux produits importés.
Je m’explique, La Malaisie, ne produit que 24% de viande dite « Halal » dans son propre pays donc 76% n’est que de l’importation et notamment importé de France. Soit 114000 tonnes pour un pays qui consomment 144000 tonnes (source du ministère de l’agriculture du Canada daté à Mars 2009)
Je pense qu’il faudrait jeter un oeil sur ce fameux certificat « JAKEIM » en faisant quelques recherches sur le site du ministère de l’agriculture en France et vous comprendrez qui certifie la viande Halal de France pour la Malaisie(je vous laisse deviner avant d’aller vérifier, vous ne serez pas surpris!).
(Source du ministère de l’agriculture de France daté à Février 2005)
D’ailleurs, je vous invite également à contacter les personnes responsables de la certification « Jakeim » pour comprendre quels sont leurs critères de choix d’un certificateur dans n’importe quels pays producteurs de viande, par ailleurs, le Brésil
(via leur site halaljakim.gov.my)
Mon objectif n’étant pas de démonter le marché malaisien, mais j’ai lu un bouquin une fois sur le marketing ethnique » Le marketing sous un environnement islamique » et dont l’auteur faisait l’apologie de cette certification. Bien évidemment j’ai fait mes recherches, résultat: le label « qualité Halal » me plaît bien, mais ce marché doit être stricte et doit faire preuve d’inspection jusqu’aux moindre détails, qui n’est vraiment pas le cas malheureusement.
Mon message n’a pas pour but de contrecarrer le travail de notre frère, ce marché est très spécial, on ne fait pas ça uniquement pour l’argent mais à la base, on répond à un besoin en matière de produit halal existant. On ne vend pas à un maghrébin ou une autre origine ethnique, mais à une communauté religieuse qui plus es musulmane. Donc il faut vendre des produits en conformité avec l’islam, qui est un travail lourd de conséquence, car c’est une grande responsabilité que l’on prend!
Fraternellement,
Salah Eddine
as-salâmu ‘alaykum
Autre chose : j’ai cru comprendre que la Malaisie autorisait l’étourdissement préalable.