Par Caroline Ouled Messaoud, fondatrice de www.dazahid.com, boutique en ligne de cadeaux
De plus en plus de femmes et a fortiori de femmes musulmanes se lancent dans le commerce en ligne. Et c’est tant mieux ! Des idées, des ressources, de la créativité et de la force de travail sont disponibles à foison parmi la gent féminine de notre communauté. Mais si transformer une idée en site de e-commerce et se lancer est relativement simple, développer sa boutique en ligne et augmenter le taux de transformation de son site (c’est-à-dire quand une visite se transforme en acte d’achat) est un travail de (très) longue haleine.
Sans devenir une technicienne pointue, rapidement et de façon peu organisée il faut bien le dire, j’ai dû m’intéresser de près au référencement de ma boutique – et cela n’a pas été évident, plonger dans les réseaux sociaux autres que Viadeo ou LinkedIn (« Alors tu es sur Twitter ? » « T’as une page « Fans » sur Facebook ? » « Non ? Attends, regarde, je t’explique ! ») -, animer comme j’ai pu un blog d’entreprise depuis quatorze mois maintenant pour créer seulement les bases d’un dialogue avec mes clients… En amont de ces actions, je me suis continuellement autoformée sur l’arrivée toujours plus importante d’innovations qui facilitent la diffusion de l’information. J’ai passé des heures à faire de la veille concurrentielle, à chercher comment communiquer au mieux sur un concept ou un produit particulier, etc., afin de mettre en place une stratégie et un premier plan de communication.
Le challenge, au départ, est de s’en sortir parmi les multiples choses à faire, les techniques à appliquer… On voudrait tout faire en même temps et on peut vite se sentir accablé sous le poids des choses à accomplir. Si, comme moi au départ, beaucoup d’entre nous ressentent la communication externe comme rebutante, car complexe et longue à mettre en place, c’est pourtant l’axe essentiel d’un e-commerce.
En matière de communication externe, quelles sont les contraintes quand on est maman musulmane et entrepreneur débutant ?
La solitude. Si c’est un réel avantage parfois, la solitude peut peser, particulièrement dans la communication externe. Car cela reste finalement le domaine le plus chronophage de mon activité dans lequel deux bras de plus ne seraient pas de trop. L’isolement, en sus des deux raisons évoquées plus bas, font que je ne participe à aucune des formations publiques, ni à aucune des rencontres physiques organisées par maints réseaux (mampreneurs, freelances, associations régionales, etc.) pour faciliter la circulation des informations. Alors que faire ? J’ai choisi d’échanger par mails/téléphone/call conference avec d’autres mamans blogueuses et/ou e-commerçantes motivées qui elles aussi ont fait les mêmes choix de vie que les miens. Les échanges restent informels pour le moment, mais cela a l’avantage de redonner la pêche et la motivation dans les moments de découragement.
Le choix d’un mode de vie où la famille reste centrale. Les mamans musulmanes, qu’elles fassent le choix de l’école ou de l’instruction en famille, ont particulièrement à cœur la bonne éducation et l’instruction de leurs enfants (et, évidemment, à entretenir des liens de qualité avec l’époux… souvent mis en péril au vu de la quantité de temps passé pour un projet d’entreprise). Cela fait partie, au même titre que la « famille » au sens large, de nos priorités et de nos responsabilités quotidiennes en tant qu’épouse et maman musulmane. Concilier ces responsabilités avec un projet professionnel peut être particulièrement délicat voire acrobatique en ce qui concerne la gestion de son temps. Et pour cela, pas de recette, pas d’astuce… il faut pouvoir accorder à chaque personne et chaque chose le temps qui lui est dû, fortement rogner sur le temps de sommeil… et demander assistance à Allâh (swt).
Le manque de moyens financiers. Je l’ai écrit à plusieurs reprises sur mon blog d’entreprise, quand on est musulman(e) les prêts bancaires à intérêts nous sont interdits pour lancer une activité professionnelle. Le fait de ne pas avoir de solutions et produits financiers islamiques adéquats est certes handicapant, mais cela nous oblige à redoubler de vigilance et d’ingéniosité pour monter notre projet avec quelques milliers ou quelques dizaines de milliers d’euros pour les plus petits projets. La partie de l’épargne pouvant être consacrée à des prestataires externes pour la communication s’en trouve donc considérablement réduite, voire impossible à dégager. Ne reste que ses propres forces et ressources.
Solitude, responsabilités familiales, moyens limités. Al-Hamdu li-Llâh, on peut retrousser ses manches et se créer sa place, même si cela peut prendre le double de temps. Parce que les concepts, produits et services ayant trait aux besoins de la communauté musulmane notamment, manquent. Cruellement. Si notre projet s’adresse à la communauté musulmane et que l’on a l’envie d’entreprendre en France, à mon humble avis, nous n’avons que des portes à ouvrir devant nous. Il suffit de bien se préparer pour cela.
Alors, comment définir sa stratégie de communication sur le net ?
Il appartient à chacun, en fonction de ses moyens et de la taille de son projet, de définir sa stratégie de communication et l’investissement, en temps ou en argent, que cela suppose. Pour mon propre projet de boutique en ligne de cadeaux et produits éthiques, utiles et solidaires, j’ai finalement choisi de centraliser toutes mes stratégies web autour d’un seul et unique support, le blog, justement pour ne pas m’éparpiller en temps et en énergie. Pour façonner petit à petit l’identité numérique de mon entreprise, j’ai dû faire un choix entre mes comptes Twitter, Facebook, mon blog ou le site de la boutique (dont on peut également animer la homepage… quand on a un minimum de connaissances techniques, ce qui n’est pas mon cas). Avec le recul, j’ai également pu remarquer que beaucoup de supports de communication ont été peu exploités : la page Facebook a été créée, mais peu animée. La newsletter électronique envoyée par e-mailing a été inexploitée. Les relations presse sans aucun doute ont été grandement négligées. Le micro-blogging, sur Twitter notamment, a été abandonné.
Vous me direz : « – Eh bien, il est normal que vos résultats soient peu satisfaisants au regard des choses peu ou mal investies ! » Oui, sûrement. Mais la communication n’est qu’un pan du métier d’e-commerçant et je ne peux y investir la totalité de mon temps de travail qui empiète déjà souvent sur le reste du temps disponible. Al-Hamdu li-Llâh.
Alors, après plus d’un an de blogging pour dazahid.com et après avoir épuisé pas mal d’idées et de ressources, j’ai choisi de faire du blog le centre de ma stratégie mais en y ajoutant une interopérabilité entre les réseaux, histoire de faciliter l’animation et de la rendre moins chronophage. Ainsi, un billet publié sur le blog devrait pouvoir animer mes communautés Twitter et réseaux sociaux. C’est mon objectif du moment, en espérant pouvoir en voir les effets dans quelques mois.
Je le disais, la communication externe, c’est vraiment du long terme…
salam aleykom,
effectivement la communication est importante, il faut y consacrer un peu de temps chaque jour dans l’idéal car après l’aspect technique et le travail du produit en amont, c’est le travail au quotidien d’un e-commerçant.
D’ailleurs pour cela je vous trouve pas mal à l’aise pour « une novice » selon votre article. Seulement le point que je relève dans votre e-boutique est une absence d’identité autour du produit en lui-même et c’est très dommage!
En effet, même si certins de vos produits sont intéressants uns par uns, quand on entre dans votre site on y comprend qu’on y trouve des cadeaux pour des occasions spéciales musulmanes. On s’attend(en tout cas pour ma part) à avoir quelque chose de sur mesure pour une naissance, une walima, etc…
J’aurais aimé par exemple voir vos produits regroupés pour offrir à un mariage « un pack », une boite de mariage où on retrouve vos produits mais avec ce plus de la do’a calligraphiée par exemple, … Personnellement j’ai du mal quand je veux faire un cadeau sortant de l’ordinaire, à glaner tous les produits un à un pour les assembler et en faire quelque chose de joli et correspondant à nos célébrations, je ne vous parle même pas des naissances ! Là ça aurait pu susciter l’achat alors que là un peu moins…
Federer une petite communauté sans produits accrocheur, c’est un peu dommage.
walahou a’llam.