Par Caroline Ouled Messaoud, fondatrice de www.dazahid.com, boutique en ligne de cadeaux
Cela fait maintenant un an que ma boutique dazahid.com a été lancée et presque 20 mois que je travaille sur le projet en amont. Que de changements, que d’avancées, que de déconvenues, que de petites réussites et autant d’erreurs. Grâce à Dieu, j’ai fait mon petit chemin et j’aimerais ici revenir sur les aspects liant création d’entreprise au féminin et limites propres à notre statut de mère et d’épouse.
Une journée vitesse grand V
Dans la délicate période de lancement d’un projet d’e-commerce (mais cela se vérifie assez facilement pour toute création d’entreprise !), les heures de travail ne se comptent pas et ne peuvent pas se compter ; on se doit d’être entièrement présente pour développer tel ou tel aspect de son projet tout en continuant à gérer les commandes. Malgré cela et le fait qu’on soit penchée sur son entreprise quasiment 24 heures sur 24, la créatrice sent bien que ce n’est pas suffisant pour remplir tous les objectifs de sa feuille de route. Gestion du site, communication, entretien de la présence de l’entreprise sur les réseaux sociaux, alimentation d’un blog, relation clients, relation fournisseurs, recherche de nouveaux produits, mise en ligne et gestion des stocks, préparation et envois de commandes, etc. La journée défile à la vitesse grand v. Quand cela ne pose pas de problème particulier pour une jeune femme célibataire ou n’ayant pas d’enfant(s), cela peut très vite se compliquer pour une maman musulmane entrepreneur.
Une hiérarchisation des priorités s’impose
L’éducation de mes enfants, essentielle à mes yeux, doit rester mon premier objectif ici-bas, bien avant mes projets professionnels ou mes engagements ici et là. Pourtant, au départ, pendant cette délicate période de « rush », on se rassure tant bien que mal sur le fait qu’on se rattrapera « plus tard » pour certaines activités familiales… mais qu’est-ce que le « plus tard » au final ? Pas de temps pour toutes les sorties prévues, pas de temps pour aborder tel sujet dont la petite dernière nous serine depuis plus d’un mois, pas de temps pour préparer les bons petits pains fourrés au chocolat avec son garçon alors qu’on avait « promis de le faire » plus d’une fois, pas de temps pour savourer l’un des rares dîners amoureusement préparés par un mari également très occupé. Tout est « vite fait », on a autre chose en tête, les choses sont plus ou moins bâclées, selon moi.
Délicat équilibre que celui de savoir quelles sont ses priorités dans la gestion de son temps au quotidien
Quel comportement de l’entrepreneur(-maman) est exagéré ? Quand la maman(-entrepreneur) doit-elle prendre le dessus ? Il faut bien se rendre compte que cette gestion-là est complexe pour une femme : on a envie d’être partout à la fois, de faire bien dans tous les domaines, mais nos responsabilités, à nous femmes musulmanes, sont là pour nous rappeler nos limites.
Mes limites de mompreneur musulmane
Les rendez-vous pro, les soirées réseautage, les rencontres entre chefs d’entreprise d’un même domaine, les salons et évènements, les conférences et formations sont le lot quotidien, ou presque, de tous les e-commerçants. Pourtant cela demande des déplacements pas évidents pour la mompreneur musulmane, surtout lorsqu’ils sont lointains et qu’il faut se faire accompagner et faire garder ses enfants de façon récurrente. Pour moi, les déplacements se font quasiment toujours avec mari et enfants, ce qui limite forcément les possibilités. En même temps, et c’est là où c’est positif, c’est que cela demande de faire un tri intelligent de l’essentiel de ce qui est superflu. Alors évidemment, les choses avancent moins vite que ce que l’on souhaiterait : partenariat associatif, collaboration créative, changement de version du site et du blog, tout cela sera fait au fur et à mesure, en y consacrant le temps qu’il faut pour tout mener à bien. De toutes les manières, je ne suis pas en mesure de « faire comme d’autres mompreneurs » : notre temps à toutes est certes précieux mais c’est ma famille qui doit en profiter en priorité.
Le jour J, en premier, « On » ne me demandera pas des comptes sur mon chiffres d’affaires ni sur le développement d’un concept, d’un projet ou d’une boutique : le temps et les efforts consacrés à autre chose que l’une de mes responsabilités premières ne seront pas une excuse. On me demandera des comptes sur mes enfants, ma progéniture, ma amana (mon dépôt). Voilà clairement ma limite.
As salam alaykum wa rahmatu’Llâhi wa barakatuh
Je partage ton « angoisse? », celle-ci même qui a été un frein lorsque j’ai voulu ma lancer. Comme toi à l’époque je faisais le Homeschooling et je savais qu’il me serait tout simplement impossible de tenir. Même si je suis partisane d’une éducation informelle, cela demande une grande concentration au quotidien. Si je n’avais pas aujourd’hui ce calme, ce temps libre, je ne pense pas que j’aurai tenu le coup. Bien trop rapide et mouvementé comme affaire ! Du coup maintenant que mes enfants sont scolarisés, que j’ai une aide ménagère, je me sens personnellement dans mon élément, cette activité (qui m’amène à permettre aux autres de changer) m’aide aussi à mieux me donner à ma famille. J’ai mon monde mon boulot, mes préoccupations, qui me coupent (en quelque sorte) de mes responsabilités à la maison et j’en avait besoin. J’aime beaucoup ce que je fais, je me sens vraiment investit d’une sorte de mission, et même si ce n’est pas évident, je tente de palier en privilégiant ma famille. Par contre je me demande si j’aurai tenu le même discours si je travaillais dans autre chose ? Comme tu le sais j’ai eu 1000 projets…Là je participe vraiment à un changement individuel qui joue un rôle écologique et de prise de conscience, c’est ce qui me motive. L’amour est là, et bien réel, donc j’arrive à trouver des solutions, à faire des efforts, à me dépasser, avec le soutien de mon époux qui est aussi un homme à ambition et qui est pour que nous nous bougions économiquement pour la ummah. Ceci dit rien est facile. Qu’Allah Taala nous rapproche de tout ce qui nous permet de Lui satisfaire et nous éloigne de tout ce qui agit dans le sens contraire. Emîn
Wa ‘alaykum assalâm wr wb
Amîne oukhtî wa bârakaLlâhu fîki !
En effet, c’est bien le Homeschooling qui est au centre de ma vie en ce moment et sûrement, in châ-a-Llâh, pour un paquet d’années.
L’instruction informelle était mon crédo jusqu’à ce que ma fille aînée me montre qu’elle avait besoin de « plus » : plus de présence, plus d’activités préparées, plus de sorties pédagogiques, plus d’organisation pour tenir le tout.
C’est donc ce que j’ai fait et comme cela prend du temps, ça en fait d’autant moins pour le développement de la boutique.
Mais je n’ai aucune angoisse, ni aucun stress par rapport à cela.
Je l’accepte wal hamduliLlâh. Ce sont en quelque sorte les règles du jeu pour nous, mamans musulmanes.
PS : ahhhh si on pouvait me soulager du ménage 🙂 ce serait tellement chouette pour gagner du temps…
As salam alaykum,
J’ai en effet pas mal de facilités ici en Algérie comme l’aide ménagère qui joue un grand rôle qu’Allah Taala la récompense pour son sérieux et son honnêteté. Mes deux dernières grossesses enchainées m’ont un peu fatiguée, et on peut dire que maintenant je remonte la pente el hamduli’Llah. Le homeschooling demande non seulement une organisation mais surtout beaucoup d’attention. On ne peut pas communiquer la tête ailleurs, en tout cas moi cela m’est impossible. Mes deux derniers commencent déjà à vouloir s’impliquer avec moi : jardinage, lessive, cuisine…je réalise qu’ils grandissent et qu’il est temps de me pencher un peu plus sur eux aussi. C’est pour cela que j’ai opté pour l’informel, dès que je fais quelque chose, je le transforme en cours devant les enfants ce qui palis les deux : apprentissage et accomplissement de mes responsabilités. Comme je te l’ai dit, pour des cours plus théoriques, ils ont a disposition du matos pédagogique : puzzl-geo, questionnaires, jeux de société, livres, bd, réglettes…Si cela peut te rassurer, je suis très surprise de voir combien l’enfant se développe et va par lui même vers l’instruction si il en a prit goût dans son enfance. Mes fils me l’ont prouvé. Je me décharge presque de tout de ce côté là, à part les devoirs et le deen. El hamduli’Llah.
As-salâmu ‘alaykum wa rahmatullâh,
Je suis plutôt « dadpreneur » 🙂 mais je me retrouve parfaitement dans cet article. Pas de homeschooling pour l’instant mais plutôt un travail salarié en parallèle qui m’empêche de me consacrer pleinement à mon projet. En résulte une certaine frustration d’avoir pleins d’idées et ne pouvoir les concrétiser comme je le souhaite. J’ai dû mettre une croix sur la tenue d’un blog d’entreprise par exemple car me sachant pertinemment en manque de temps pour l’animer comme il se doit.
Walhamdulillâh, avec l’aide du Capable et de la patience et, on y arrive tout doucement.
BârakAllâhu fîki pour l’article.
Assalâmu ‘alaykum wr wb
@ Muslimusk
Wa fîk bârakaLlâh.
De la frustration, c’est exactement cela.
Je suis obligée de me « couper » du net pour faire correctement mes autres activités et être à la hauteur de mes responsabilités.
Il suffit d’ailleurs qu’un de mes enfants soit un peu à la traîne sur mon programme pour que je me dise :
« mais enfin, peut-être que si je me consacrais encore plus à lui, il aurait pu réussir telle ou telle chose comme je l’imaginais »
Enfin al hamduliLlâh, j’accepte seulement depuis peu le fait de devoir avancer tout doucement.
As-salamû’ alaykum,
Je ressens également cette frustration que tu décris si bien.
Lorsque l’on se lance dans un projet, il est très difficile de ne pas y consacrer un maximum de temps, mais Alhamduli Llâh nos obligations nous rappels à l’ordre et notre entourage est là pour nous aider et nous soutenir.
Kheir in châ Allah, je suis parfaitement consciente que je n’évoluerai pas à la même rapidité que certaines marques que je suis scrupuleusement , mais Alhamduli Llâh, je préfère avancer doucement, en ne négligeant pas ma famille et mes obligations religieuses.
Qu’Allah nous guide et nous protège.