La presse va mal, nous dit-on. Les recettes se réduisent comme peau de chagrin, les journalistes n’ont plus les moyens de faire leur travail correctement, les lecteurs ne lisent plus. Sans blague ! Pourquoi payer pour lire des articles qui multiplient amalgames, procédés douteux et propos racoleurs ?
Dans un article publié ce week-end, le JDD donne la parole à un voyou de quinze ans qui sèche l’école pour aller casser du flic. L’article n’a aucun intérêt. Aucune mise en perspective, pas de décryptage. Juste un voyou qui se (la) raconte. Et puis deux références dangereuses : la première aux femmes voilées, la seconde à la religion du voyou.
Source : « Un casseur s’explique » – Le Journal du dimanche
Qu’apportent ces deux précisions ? Le voyou y a peut-être fait référence, mais pourquoi les avoir sélectionnées, alors que l’on sait 1) qu’elles n’ont aucun rapport direct avec la casse, 2) que le climat délétère actuel est propice aux amalgames les plus noirs ? Après une interview, un journaliste garde très peu de ce qu’il a pu entendre, pour des raisons évidemment matérielles : un article n’est pas un verbatim, on ne publie pas in extenso une heure d’entretien. Ça n’aurait aucun sens. Enfin, ça n’aurait a priori aucun sens. On peut se demander si a psoteriori ce ne serait pas en certains cas mieux.