Pourquoi ils bloguent : Émilie de Mamans musulmanes

Encore balbutiante il y a quelques années, la blogosphère musulmane se développe, se structure, voire se professionnalise. Nous avons demandé à quelques blogueuses et blogueurs musulmans au profil très différent de nous donner leur vision du blogging. Aujourd’hui, Émilie de Mamans musulmanes.

Al-Kanz.org : Pourriez-vous présenter en quelques mots ?
Émilie : Je m’appelle Émilie, j’ai 28 ans. Je suis la maman de deux garçons qui ont cinq et huit ans bientôt. J’ai fait des études de lettres modernes (jusqu’en maîtrise) puis de sciences du langage (jusqu’en DEA) et je m’intéresse entre autre à ce qui touche à la parentalité, à l’écologie, aux modes de vie alternatifs.

Al-Kanz.org : Qu’est-ce qui vous a amené à bloguer ?
Émilie : J’ai commencé par développer un site informatif début 2004 dédié aux mamans musulmanes ainsi qu’un forum de discussion, les deux étant complémentaires. Fin 2007, j’ai voulu regrouper les deux en un blog, l’idée étant de toujours offrir un contenu pertinent et ancré dans l’actualité, tout en permettant des commentaires de la part de nos lecteurs/lectrices. Notre blog est un blog collaboratif. Nous laissons la paroles à celles qui nous lisent et nous suivent depuis plusieurs années maintenant. Des liens se tissent, des réseaux émergent et c’est très positif.

Al-Kanz.org : Avez-vous des recettes particulières pour maintenir votre rythme de publication ?
Emilie : La première chose qui me vient à l’idée : l’organisation. Ne pas procrastiner et attendre la fin de la journée pour écrire un article, car non seulement on grignote des minutes (heures !) de sommeil précieuses, mais en plus on est bien moins efficace. Autre chose importante pour moi : garder l’envie d’écrire et de partager. Car lorsqu’on écrit par contrainte, pour maintenir un rythme de publication et non pas parce que l’on a le désir de donner un peu de soi et de son expérience de vie, alors c’est le début de la fin. On sent que c’est forcé, qu’il n’y a plus de vie dans les mots. Je préfère moins écrire que mal écrire.

Al-Kanz.org : Qu’est-ce qu’un bon blog selon vous ?
Émilie : Un bon blog, c’est un blog vivant, un blog réactif, ouvert sur le monde. C’est aussi un blog qui garde une ligne éditoriale cohérente, qui ne part pas dans tous les sens. Les lecteurs n’aiment pas trop les hors-sujets, du moins j’en ai l’impression. On peut faire un blog généraliste tout en restant fidèle à ses idées et à ses rubriques. C’est un blog qui génère la parole, qui la libère via les commentaires ou même en partageant des témoignages. J’aime lire des billets qui me ressemblent, qui rassemblent.

Al-Kanz.org : Envisagez-vous de vivre un jour de votre blog ?
Émilie : Ah, j’aimerais bien ! J’y travaille… Je m’inscris en tant qu’auto-entrepreneur et j’espère in cha’a-Llah vivre de ce qui me prend énormément de temps et d’énergie, étant maman solo. Inutile de vous dire que je n’envisage pas de travailler sans mon hijab et bloguer, de chez moi, me permettrait de percevoir une rémunération tout en étant préservée et en plus en faisant quelque chose que j’aime. L’idéal en somme.

Al-Kanz.org : Quel regard portez-vous sur la blogosphère islamique ?
Émilie : Quel changement depuis quelques années… Les musulmans se sentent aujourd’hui de plus en plus légitimes, s’inscrivent dans une démarche positive d’affirmation de soi sans pour autant tomber dans le rejet de l’autre, bien au contraire. Il y a de plus en plus de blogs de qualité, avec des personnes motivées et riches de connaissances, d’expérience qui souhaitent partager et échanger sans sectarisme.

Al-Kanz.org : Des nouveautés, des projets à venir sur votre blog ?
Émilie : On en a plusieurs. Première chose, donner un peu plus la parole aux papas, via une série d’entretiens où on en saura un peu plus sur leur manière d’envisager la parentalité, à la lumière de l’islam. J’ai envie également d’ouvrir à nouveau un forum. C’est en projet, il se concrétise chaque jour un peu plus. Un espace d’échange plus intime entre femmes, centré sur ces thèmes qui nous sont chers tels que le maternage respectueux, l’éducation consciente, l’écologie et la santé au naturel.