Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique, a été interviewé par le portail Internet Yabiladi au sujet de l’islamophobie dans les médias français. Extrait.
« Aujourd’hui, une peur se déclenche chez les gens quand on parle de l’islam. Cette hostilité n’est pas seulement liée à la situation extérieure mais aussi à la situation européenne. Les musulmans ont pris la place des juifs des années 30 dans les fantasmes occidentaux. Preuve en est l’évolution de forme de l’extrémisme de droite en Europe vers une position pro-israélienne et anti-musulmane partout en Europe. »
Source : Alain Gresh : La fin de l’islamophobie dans les médias français n’est pas en vue
Alain Gresh n’est pas le seul à faire cette comparaison entre le discours islamophobe et le discours antisémite des années 30. D’autres voix médiatiques tiennent le même discours. Citons entre autres :
Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts
« Je ne dis pas que le risque qui nous menace c’est le risque fasciste, mais je pense que les ressorts de l’usage de l’islamophobie aujourd’hui sont un peu les mêmes que les ressorts de l’usage de l’antisémitisme » dans les années 30″
Source : Le Parisien, 10 mars 2011
Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)
« On entend et on cite aujourd’hui, sur les musulmans, le même type d’arguments que l’on réservait aux juifs dans les années 1930. Ils ne sont pas comme nous, ils font peser un danger sur la République. Ils ont un plan secret pour imposer leur loi. Leur religion est incompatible avec notre société. Ils ne seront jamais français et resteront étrangers, et ce quelle que soit la mention figurant sur leur passeport. »
Source : La Croix, 22 décembre 2010
Eric Naulleau, chroniqueur
« Le langage qui est utilisé pour stigmatiser soit les Arabes soit les musulmans, en général ils sont confondus […] les arguments qui sont choisis moi me rappelle beaucoup les arguments qui étaient utilisés avant pour stigmatiser les juifs. La figure haïe maintenant, c’est l’Arabe et le musulman avec les mêmes arguments. »
L’Objet du scandale, 12 janvier 2010
Et pompon sur la Garonne, même le président du Crif l’affirme.
Ainsi le musulman a pris la place tenue hier par le juif, l’Arabe ou l’immigré dans la dialectique frontiste. Ne nous y trompons pas : ceux qui parlent de l’islamisation de la France sont guidés par la même obsession xénophobe que ceux qui dénonçaient la judaïsation de notre pays dans les années 1930. L’étranger, quel que soit son visage, reste responsable pour l’extrême droite des maux de notre société.
Le Monde, « Le discours de Mme Le Pen menace juifs et musulmans« , Richard Prasquier, président du CRIF
On peut par ailleurs relire les quelques textes d’Esther Benbassa sur la question, dont une tribune dans Le Monde lors de la votation contre les minarets en Suisse.