Selon l’ANDRH, l’association nationale des directeurs de ressources humaines, « la diversité dans nos organisations est une des conditions de la compétitivité ». La diversité, c’est pour dire « des Noirs et des Arabes », termes encore problématiques en France. Pas encore vraiment pour dire des Roms. Eux n’ont pas encore accéder à la normalité. Les Chinois, c’est encore différent. Et puis de toute façon les Asiatiques, ma bonne dame, sont insubsumables dans la diversité. Ils sont si discrets… et si travailleurs.
Pour autant, dans son rapport sur les enjeux de la compétitivité, l’ANDRH choisit un pragmatisme audacieux à la soupe idéologique à laquelle nous ont habitué les chantres de cette diversité. Et quelle audace !
Prenant acte de « la montée du fait religieux en entreprise au nom de la liberté de conscience, du respect des modes de vie et des croyances de chacun » tout en rappelant que « le fait religieux ne reste pas à la porte des entreprises », l’association évoque « l’augmentation des demandes d’autorisations d’absence pour pratiquer la religion ou les croyances religieuses (dès lors que celles-ci ne relèvent pas des fêtes chrétiennes) ». Puis elle souligne le « sentiment de discrimination » et « l’apparition d’un sentiment d’inégalité » lorsqu’il est demandé à un employé d’oublier sa foi. La religion devient alors « l’un des principaux points de cristallisation des frustrations qui peuvent naître dans les organismes et les entreprises ».
Pour remédier à ce problème, l’ANDRH ne passe pas par quatre chemins : elle préconise de « neutraliser trois des six jours fériés d’origine chrétienne (Pentecôte, Ascension, 15 août), afin que les salariés puissent les prendre comme ils le souhaitent (sous réserve des nécessités de services et/ou des caractéristiques de l’entreprise). »
En clair, un salarié juif, musulman ou bouddhiste pourra prendre congé à l’occasion d’une fête religieuse. On pense immédiatement aux deux fêtes de l’aïd : l’aïd al-fitr quand finit le mois de ramadan et l’aïd al-kebir, pendant le hajj.
Ce dispositif existe déjà le cas dans l’administration. Chaque année, l’administration publie un document officiel intitulé « Autorisations d’absence pouvant être accordées au titre des fêtes religieuses de l’année civile », dans lequel sont répertoriés les jours que peuvent choisir les fonctionnaires à l’occasion de leurs fêtes religieuses. C’est ce type de dispositif que l’ANDRH semble vouloir appliquer.
L’ANDRH propose tout de même de ne pas toucher à Noël, le lundi de Pâques ou la Toussaint, non pas tant parce qu’il s’agit de fêtes religieuses, mais parce qu’elles « revêtent désormais une forte dimension sociétale », et partant « les conserver constitue donc un facteur de cohésion sociale ».
Le débat s’annonce houleux.