Victor Frankenstein est à sa créature ce que Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy, est à Hassen Chalghoumi. Comme la créature de Frankenstein avec Frankenstein, Hassen Chalghoumi devrait être pour le moins encombrant dans les mois qui arrivent.
2014 est en effet l’année des prochaines municipales. A Drancy, comme en région parisienne et en France plus généralement, on digère mal les mises à l’index systématiques de l’ensemble des musulmans par la créature politico-médiatique de Jean-Christophe Lagarde.
Il n’est pas certain que ce dernier réussisse à faire oublier ces dernières années où d’intox en intox on a fabriqué à partir d’un musulman quelconque, sans charisme ni talent, s’exprimant extrêmement mal en français, arrivé il y a peu en France celui qui de plateau en plateau nous est imposé comme la figure du musulman modéré. Problème : Hassen Chalghoumi est illégitime.
Illégitime à Drancy, où il n’a pu, non pas s’imposer, mais être imposé non sans mal par le maire de la ville. Par le plus grand des hasards, Hassen Chalghoumi, arrivé en 1996 en France, devient président d’une association, qui, coïncidence, devient l’interlocutrice privilégiée du maire. En mars 2009, la journaliste du Figaro Cécilia Gabizon écrit les lignes suivantes :
« Lorsque le maire centriste, Jean-Christophe Lagarde, rencontre les associations musulmanes qui souhaitent édifier un lieu de culte, Chalghoumi est l’imam pressenti. Le maire décide d’avancer l’argent, 1,8 million, pour construire ‘cet équipement municipal, qui peut être reconverti. C’était la solution pragmatique et légale pour permettre aux musulmans de pratiquer dignement’, justifie Jean-Christophe Lagarde. »
Il serait intéressant de demander à Jean-Christophe Lagarde ce qui chez Chalghoumi permit au maire de Drancy d’en faire son poulain ? La réponse sera d’autant plus intéressante que la lecture de la biographie de Chalghoumi sur Wikipedia… comment dire ?… interpelle. Si au passage quelqu’un peut nous dire si les contribuables de Drancy ont pu récupérer l’argent qui a permis la construction de la mosquée, il ferait œuvre utile.
Illégitime, Chalghoumi l’est aussi dans la communauté musulmane française, qu’il n’a de cesse de mépriser en multipliant les postures comminatoires que d’aucuns lui demandent d’adopter. Jeudi, le chercheur Pascal Boniface commettait un article qui résume à merveille le cas Chalghoumi, symptome d’une France malade de son incapacité à considérer les musulmans. Une France frappée de chalghoumite aiguë, en somme. Extrait.
« Il n’est en rien représentatif des musulmans. Ce sont les médias et quelques responsables politiques qui le désignent comme tel. D’où un grand malaise provoquant un rejet, les musulmans refusant de se voir assigner par des non-musulmans un représentant qu’ils n’acceptent pas. Si Chalghoumi est rejeté, ce n’est pas parce qu’il est modéré, comme certains veulent le faire croire, mais parce qu’il est illégitime. Il est désigné représentant d’une communauté par ceux qui n’y appartiennent pas. »
Source : Comment l’imam Chalghoumi renforce malgré lui les préjugés sur les musulmans
Illégitime à la place qu’il occupe. En 2010, le coup de force contre les fidèles de la mosquée de Drancy qui refusaient qu’on leur impose celui qui n’a jamais été imam de ladite mosquée a bien failli tourner en défaveur de Chalghoumi et de ses conseillers ; lesquels firent en sorte que la presse et les politiques reprennent à l’envi quelques éléments de langage, dont le plus vicieux fut de laisser penser que si Chalghoumi était si peu apprécié, c’était parce qu’il était « l’imam des juifs ».
La vérité, comme nous l’écrivions en 2010 (lire [Vidéo] Rétropédalage et mensonges de Hassen Chalghoumi, non-imam de Drancy), c’est que Chalghoumi est rapidement devenu d’abord l’imam du CRIF, officine française de l’État d’Israël, puis très vite, avec Dalil Boubakeur, la caution musulmane, en France, de toutes les exactions israéliennes contre les Palestiniens. C’est ainsi que, régulièrement, cet improbable porte-parole d’Israël récite devant le micro qu’on lui tend ce qu’il lui est demandé de dire. Ce qui ne va pas sans poser problème.
Rappelons-nous ces quelques secondes calamiteuses à la fin d’une interview sur LCI. Le présentateur du journal, comme c’est la tradition, lui demande de lancer le prochain programme. Chalghoumi, qui parle extrêmement mal le français, ne dit rien, puis se rend compte qu’il doit parler. Que fait-il ? Images.
Cette séquence résume à elle-seule le cas Chalghoumi. Tout le monde l’a compris. Ce dernier n’agit pas seul. On lui dit de dire. Il dit.
Le dernier opus de cette tragi-comédie, c’est l’ouvrage de l’islamolol David Pujadas, dont la mansuétude à l’égard du pouvoir sarkozyste a longtemps agacé – rappelons-nous l’interview guimauve qui mit dans une colère noire le syndicat de journalistes SNJ/CGT de France 2. Speaker docile, David Pujadas a donc décidé de publier un ouvrage avec Hassen Chalghoumi au titre à peine condescendant : Agissons avant qu’il ne soit trop tard. N’en disons pas plus.
Regardons cette autre vidéo dans laquelle Hassen Chalghoumi demande à ce que nous ne lapidions (sic) pas l’image de la France.
Maintenant, lisons ensemble cet extrait tiré du livre de Chalghoumi et de Pujadas, page 93. Réalisé sans trucages.
Sur l’ingérence des imams étrangers
« Aujourd’hui, quelles sont les voix de l’islam en France? La grande mosquée de Paris? C’est une histoire algérienne depuis des années et des années. C’est le relais du pouvoir algérien en France. L’UOIF (Union des organisations islamiques de France), qui se présente comme la plus grande des associations de musulmans? Ce sont les Frères musulmans. La FNMF (Fédération nationale des musulmans de France)? Ils sont liés directement au Maroc. Et puis il y a la Turquie, et les autres. Bref, chaque pays a ses relais. Or, ces institutions ou ces fédérations sont liées à la plupart des deux mille lieux de culte en France. Il y a, au passage, beaucoup d’argent à la clé avec la certification halal pour la viande ou encore l’organisation des pèlerinages en Arabie saoudite, des millions et des millions d’euros. Qui peut imaginer qu’un imam qui vient du bled peut guider les fidèles pour les amener à pratiquer en bonne compréhension avec leur pays, la France ? Il s’en moque, l’imam. Qui peut imaginer qu’il va savoir parler de l’école, du voile, qu’il va connaître le Conseil d’État et tout cela, les lois ? La manière dont on éduque les enfants ici ? L’imam, c’est celui qui guide, le mot vient de amma, qui veut dire guider. Chez nous, les musulmans, on dit qu’il est le berger. Il peut édicter des avis religieux. Vous vous rendez compte de la responsabilité ? Et on va déléguer cela à des pays étrangers ? Ce n’est pas normal ».
Le grand drame pour David Pujadas, qui arrive après la messe, mais plus encore pour Jean-Christophe Lagarde, qui va devoir faire oublier Chalghoumi sans quoi il risque de ne pas se faire réélire, c’est que toutes ces calomnies, toutes ces assignations à comparaître, tous ces lynchages médiatiques, aussi pénibles soient-ils ont une vertu inestimable : ils éveillent une conscience collective chez les musulmans, qui, bien que taxés régulièrement de communautarisme, se pensaient trop individuellement pour faire cesser ces procès permanents. Continuez donc tristes clowns, nous nous en souviendrons. En 2014.