Nouveau volet du feuilleton halal au Sri Lanka. Après des mois d’appel à la haine, de provocations et d’agressions contre les biens (notamment les mosquées) et les musulmans, les autorités musulmanes, préférant apaiser les tensions, ont décidé de renoncer à estampiller comme tel les produits halal vendus sur l’île. L’annonce est tombée aujourd’hui.
Des moines anti-halal
Pendant des mois, le BBS (Bodu Bala Sena), parti extrémiste bouddhiste, n’a eu de cesse de galvaniser ses troupes pour faire interdire totalement la vente de produits halal sur l’île.
Reprenant l’antienne de l’invasion islamique par le halal, ce parti politique est allé jusqu’à lancer un ultimatum au gouvernement sri-lankais, accusé de connivences avec les musulmans : plus un seul produit commercialisé dans le pays ne devait porter la moindre certification halal à partir du 1er avril prochain.
Mi-février, après la manifestation organisée par le BBS, l’All Ceylon Jamiyyathul Ulama (ACJU), la principale organisation musulmane sri-lankaise, appela au dialogue, allant jusqu’à s’engager à déléguer totalement la certification halal aux autorités du pays, à condition que les principes régissant le halal soient observés et respectés.
Lire – Sri Lanka : des moines bouddhistes mobilisent contre le halal
Un « sacrifice » en faveur du vivre-ensemble
Très vite, une organisation bouddhiste, autre que le BBS, l’ACJU et la chambre de commerce de Colombo se sont réunies pour trouver un consensus. C’est ainsi qu’il a été décidé de ne plus afficher le logo halal, délivré par l’ACJU aux industriels.
Évoquant un « sacrifice », l’association musulmane présente sur l’île depuis 1924 indique, par la voie de son président, le mufti L. Rizwe, avoir voulu privilégier le vivre-ensemble. Plus aucun produit commercialisé sur l’île ne portera la mention halal. Seuls les produits exportés à l’étranger porteront une labellisation.
Selon le journaliste Azzam Ameen, le chef spirituel Bellanwila Wimalarathana Thero affirma lors d’un point presse qu’il s’agissait là d’une « victoire pour les deux parties ». Bouddhiste et musulmane.
It’s a win win situation for both communities, We request all concerned parties to accept this solution – Bellanwila Thero on Halal solution
— Azzam Ameen (@AzzamAmeen) March 11, 2013
Cette solution, à effet immédiat, contraint les industriels à changer le packaging de tous leurs produits, qui jusque-là comportaient tous la mention « halal ». Plutôt que de séparer les productions halal des productions non halal, et donc de produire selon deux process différents, ces derniers ont choisi la solution la plus économique : le tout halal. Des abattoirs et sites de production jusqu’à l’étiquetage. Ajoutons que la certification était volontaire et non imposée par l’ACJU.
Manufactures will begin changing packaging immediately to ensure products without #Halal logo are available in market – Industry Reps #lka
— Azzam Ameen (@AzzamAmeen) March 11, 2013
Victoire à la Pyrrhus
La certification de l’ACJU continuera sur le marché sri-lankais, mais elle ne sera pas visible. A charge des musulmans de se renseigner sur les produits qu’ils consomment. Ce qui n’augure pas du meilleur, puisque des industriels, si tant est qu’ils respectaient les principes du halal avant cette polémique, pourront affirmer fabriquer halal, sans que cela ne soit le cas.
Finalement, si victoire il y a, elle est à la Pyrrhus tant pour les bouddhistes que pour les musulmans :
1- selon toute vraisemblance, seul le logo sur l’emballage des produits est désormais interdit et non le halal en lui-même. On pourra donc produire halal sans que cela n’apparaisse sur les produits commercialisés. Le problème demeure donc entier pour les anti-halal ;
2- en choisissant de supprimer le logo, et partant la seule indication, pour les consommateurs, permettant de distinguer ce qui est halal de ce qu’il n’est pas, l’ACJU ouvre un boulevard aux margoulins qui pourront abuser de la confiance des musulmans du pays. Comme en France.
S’agissant du BBS, il n’a pour l’heure pas réagi.
Assalamou ‘alaykoum,
Chez nous, il y a des logos mais c’est rarement halal ;
Il vaut mieux du halal sans logo que le contraire… A mon avis, l’ACJU a cédé sur ce point, c’est qu’elle sait qu’il y aura un moyen de connaître les produits qui sont halal… A moins qu’il s’agisse d’une filiale de la SFCVH ou de l’ACMIF 🙂 (ils font confiance).
Wa Allahou a3lem
Wassalam
Salam ‘aleykoum,
Un simple logo qui dérange, du gros n’importe quoi … Je ne comprends pas.
Ces moines qui paraissent si calme,si doux sont en faite des semeures de haine entre communautès.
L’occident qui passe son temps à nous dire que le bouddhisme est une « religion » de paix… pas pire que les bouddhistes qui passent leur temps à taper sur l’Islam et les musulmans, à massacrer des musulmans en Birmanie…