Paris Halal Expo a ouvert aujourd’hui ses portes pour deux jours. Si le salon n’a rien d’exceptionnel – il ne va d’ailleurs pas très bien –, il est l’occasion pour les consommateurs de rencontrer directement certains acteurs du marché.
Comme chaque année, les organisateurs ont accepté tous ceux qui déclarent faire du halal. Face au halalgate, ils ont consenti un effort qui ne change pas grand chose à la situation : un certificat a été exigé à l’ensemble des exposants.
Ce certificat n’est dans plusieurs cas qu’un bout de papier paraphé que la société mettra sous le nez du consommateur afin d’évacuer au plus vite la question du respect des principes islamiques qui régissent le halal.
Cela ne doit pas empêcher les visiteurs à demander des comptes. Bien au contraire. Toutes les sociétés qui font du halal doivent rendre des comptes aux consommateurs musulmans. A défaut de quoi, il est impérieux de ne pas acheter leurs produits.
Des questions précises
Comme depuis 2010, nous vous suggérons une série de questions à poser qui ne sont pas exhaustives, mais qui vous permettront de trier le bon grain de l’ivraie. Il faudra au préalable savoir si l’entreprise propose des produits qui sont certifiés halal par un organisme tiers.
1) Si les produits sont certifiés « halal » par une entreprise tiers, voici quelques questions à poser :
a) Est-ce que toute la production est certifiée du début à la fin (abattoir, centre d’élaboration, distributeur) ?
b) Qui certifie et comment ? Y a-t-il des contrôleurs indépendants sur place, salariés de l’organisme de certification, présent systématiquement ? ou est-ce un simple accord de principe sans contrôleurs sur place avec au mieux un audit ponctuel, voire unique ?
c) L’entreprise a-t-elle validé un cahier des charges soumis par l’organisme de certification ? De quelle nature est ce cahier des charges et comment la société l’applique-elle ? Quelles sont les garanties pour le consommateur du respect de ce cahier des charges ?
d) Quelles sont les conditions requises par la certification choisie ? Electronarcose ou non, quid du contact avec produits non halal, etc.
e) Qui détient le matériel de contrôle (tampon, étiquette, etc.), l’organisme tiers ou les employés de l’entreprise ?
2) Si les produits ne sont pas certifiés « halal » par une entreprise tiers :
a) Pourquoi avoir choisi de ne pas travailler avec un organisme tiers (ce qui est envisageable et ne présume de rien)
b) Qui sacrifie les bêtes ? qui les contrôle ?
c) Si ce sont les employés, comment s’assure-t-on qu’ils ne subissent aucune pression de leur hiérarchie ?
d) Pour les produits élaborés, comment l’entreprise garantit-elle que tout ce qui vient de l’extérieur (le gras par exemple) est vraiment halal ?
Dans tous les cas, il faudrait aussi poser la question du recours à la viande séparée mécaniquement et le positionnement généralisé de nombreuses marques sur le bas de gamme.
Du halal, de la certification et de la qualité
S’agissant des exposants à rencontrer, nous vous suggérons :
– LDC qui commercialise Reghalal, certifié sans contrôle systématique, permanent et indépendant par l’ACMIF-mosquée d’Evry. Attention à ne pas vous laisser enfumer par la grosse ficelle qui consiste à confondre volontairement la présence d’un sacrificateur agréé avec la présence de contrôleurs (voir Certification halal : comment Reghalal entretient la confusion). C’est la stratégie adoptée par Carrefour haram. Autre marque de LDC, Medina halal, qui appartenait à la société Corico. En 2010, le responsable qui tenait le stand dans ce même salon nous indiquait très sereinement, sans complexe, que le gras de veau ajouté aux produits Médina Halal n’était pas garanti halal (lire Médina Halal : le veau de gras « pas garanti halal »). Stand M38.
– Kenza Halal pour demander des explications sur le rapport d’analyses d’Histalim, laboratoire qui décela des traces d’ADN de porc dans un produit et sur les mesures prises depuis. Quid de son certificateur CPH ? Stand M51.
– Haudecoeur, dont certains produits sont certifiés sans contrôle systématique, permanent et indépendant par la SFCVH-mosquée de Paris. Haudecoeur s’interroge depuis plusieurs mois sur sa certification. Stand M36.
– Amand Traiteur, qui a fourni aux organisateurs du salon, belle boulette, un certificat délivré par la SFCVH-mosquée de Paris… périmé, comme chacun peut le constater en cliquant sur le lien suivant :
Source : http://www.parishalalexpo.com
Amand Traiteur occupe le stand M68. Pensez à rappeler à la société l’incroyable aveu de Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris.
– Mosaïque : Sébastien Le Roy, patron de la société Mosaïque, affirma très clairement que son objectif était de tuer le petit commerce musulman en faveur de la grande distribution. Il serait intéressant si Mosaïque demeure un auxilaire de la grande distribution ou non. Voir Marché du halal : « renverser la tendance en faveur de la grande distribution ». Stand M51.
Attendez-vous à des réponses convenues et évasives, surtout dans le cas de ceux qui ne font pas preuve de toute la transparence nécessaire. L’important, c’est qu’enfin des consommateurs puissent interroger directement ceux qui depuis tant d’années décident de ce qu’il y a dans nos assiettes. A notre détriment. Ne vous laissez par impressionner et rappelez-vous que c’est le consommateur qui décide ou non d’acheter un produit. En cela, il a un pouvoir que le commerçant n’a pas.
Pour connaître la liste des exposants, cliquez sur le lien suivant : Liste des exposants (puis sur le bouton recherche).
L’entrée est gratuite si vous passez par le site Internet : Paris Halal Expo – entrée gratuite.
N’hésitez pas à télécharger notre application pour iPhone et smartphone Androïd. Vous pourrez ainsi prendre des photos et ou des témoignages audio que vous pourrez nous faire parvenir directement depuis la section dédiée à la contribution.
Pour téléchager l’application, cliquez sur le lien suivant : https://www.al-kanz.org/app.
Dommage d’avoir mis l’article si tard j’aurais bien aimé allez leur poser toutes ces questions…
Salam,
Suite à la publication de votre article, je tiens à vous informer que l’accès au salon nous a été interdit. Les vigils ont exigés une carte professionnelle en plus de l’invitation. Impossible de discuter avec eux. Il était impossible de passer, à moins d’être un professionnel.
Chaque année, j’allais à ce salon pour poser différentes questions sur le halal. C’était pour moi une manière de montrer aux producteurs que les consommateurs ne sont pas dupes.
Je ne comprends pas pourquoi cette fois ci ils ont décidé d’imposer la carte professionnelle alors que sur le site de MDD ils n’en parlent pas.
C’est dommage….
wa salam