Crédit Christopher Michel
En novembre dernier, le Dalaï Lama, référence suprême du bouddhisme, appelait à la fin des violences contre la minorité musulmane rohingya persécutée depuis des années en Birmanie.
Indiquant qu’il a écrit à deux reprises à Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix (sic), pour lui demander « d’user de son influence pour parvenir à une solution pacifique » dans ce qui est aujourd’hui clairement considéré comme un nettoyage ethnique, le Dalaï Lama affirmait avoir tenté d’obtenir un rendez-vous avec l’ambassadeur de Birmanie à New Dehli, en Inde où il réside.
Et d’ajouter que, bien que disposé à se rendre partout dans le monde où il pourrait être utile à la paix, le Dalaï Lama ne peut aller dans un certain nombre de pays où il est jugé indésirable, la Birmanie faisant partie de ces pays.
Vendredi 26 avril, six mois après ce communiqué de presse, le jour de l’infame levée des sanctions contre la Birmanie par l’Europe, jour de la publication du rapport de l’ONG Human Rights Watch accusant, preuves à l’appui, les autorités birmanes de nettoyage ethnique à l’encontre de la population rohingya, le Dalaï Lama sort de nouveau de son silence dans une interview accordée au site Abcnews.
Cette fois, le chef spirituel bouddhiste fait preuve de bien plus de fermeté qu’au mois de novembre. Evoquant le rapport de HRW, le Daïla Lama rappelle sa condamnation publique des violences bouddhistes.
Aux moines bouddhistes, le Dalaï Lama demande de se rappeler que « Bouddha [leur] enseigne toujours le pardon, la tolérance, la compassion » : « Si d’un coin de votre tête, une émotion particulière vous donne envie de frapper, ou si vous voulez tuer, alors, s’il vous plaît, n’oubliez pas la foi de Bouddha. Nous sommes des disciples de Bouddha. »
Rien ne dit que les paroles du Dalaï Lama auront plus de poids que celle de « l’Hitler birman » Wirathu, tel que le qualifie le journaliste David Aaronovitch sur Twitter.
The Hitler of Burma is Buddhist and its Jews are the Muslim Rohingyas. My column in the Jewish Chronicle – bit.ly/11u4Mos
— David Aaronovitch (@DAaronovitch) April 21, 2013
Notons, pour finir, que ces propos du Dalaï Lama tranchent par leur fermeté avec les timides déclarations d’Aung San Suu Kyi, contrainte de réagir publiquement suite aux nombreuses critiques qu’elle a essuyées ces derniers mois. La prix Nobel de la paix s’est dite « triste ». Pitoyable, même si en France on trouve des voix comprenant que celle que d’aucuns voient déjà présidente de la Birmanie en 2011 puisse ménager « son propre avenir politique ».
« le Dalaï Lama, référence suprême du bouddhisme »
Le Dalaï Lama représente le bouddhisme tibétain. Donc environ 2 à 3% des bouddhistes dans le monde.