En arabe classique, un nom se décline de façon particulière. Citons Wikipédia qui explique le principe avec clarté :
– le surnom ou kunya (كنية) : abu, père de, suivi du (pré)nom arabe du fils aîné, ou pseudonyme souvent omis dans les états civils officiels, correspond au nom d’usage
– le nom ou ism (إسم) : indispensable, correspond au prénom actuel
– le nom honorifique ou laqab (لقب) : correspond au surnom, devenu souvent dans l’époque moderne un nom de famille français, pas toujours présent mais généralement recommandé pour qualifier le (pré)nom
– la filiation ou nasab (نسب) : ben, fils de, suivi du (pré)nom arabe du père ; la filiation peut être répétée aux aïeux mais se limite souvent au seul père
– l’origine ou nisba (نسبة) : gentilé, souvent omis, souvent aussi la source des noms de famille
Hier sur Twitter, un internaute ironisait sur la propension à freestyler, en matière d’islam, à partir de Google. Voici ce qu’il écrivait :
Crédit – Jamal Sharif
Traduction : « Sheikh Google Ibn Wifi Al Internete, avec l’imam Facebook et Mawlana [notre maître, notre sheikh] Twitter ont donné plus de fatwas qu’aucun autre à ce jour. »
On a donc Google (ism), Ibn Wifi (nasab), Al Internete (nisba). Sheikh Google Ibn Wifi Al Internete, qui avec Facebook et Twitter, a supplanté les savants et les textes et amène parfois à un self-service dans non seulement la compréhension de l’islam, mais, pire, à des fatwas (avis juridiques) fait-maison.
Crédit – BDouin.com
Mais il n’y a pas que les wanabee-savants, musulmans, qui sont diplômés de l’université islamique de Google. Il faut citer aussi ces sociétés de conseil qui s’enrichissent grâce à des études marketing consacrées au marché du halal quasi-intégralement élaborées à partir d’Internet.
Autre élève de Sheikh Google, semble-t-il, Gilles Kepel, qui, dans son dernier ouvrage encensé par des journalistes qui soit ne l’ont pas lu soit devraient s’assurer de maîtriser les sujets qu’ils traitent avant de commettre un article, enfile les perles.
Pour finir, rappelons qu’en matière de dîn science sans cheikh n’est que ruine de l’âme. Méfions-nous tous, donc, de notre propension à édicter des avis juridiques. C’est grave et dangereux.