Ramadan : on jeûne à partir de l’aube et non « du lever » au coucher du soleil

A quelques jours du début du jeûne ou le long du mois, ramadan, marronnier s’il en est, tient une place de plus en plus importante dans les médias. On ne compte plus les articles de presse, les reportages radio ou télé consacrés au quatrième pilier de l’islam. Avec son lot d’erreurs récurrentes, dont la principale a trait au moment de la journée où l’on commence à jeûner.

A partir de l’aube et non du lever du soleil

Lors du mois de ramadan, les croyants doivent s’abstenir de s’alimenter, de boire et d’avoir des relations sexuelles entre époux du « lever au coucher du soleil », lit-on encore souvent sous la plume de bien des journalistes.

Cette année ne fait pas exception. Une rapide recherche sur un moteur de recherche permet de constater que l’erreur est toujours aussi fréquente : Femme actuelle, L’Union, Ca m’intéresse, Sud Ouest, BMFTV, Libération, Sciences et Avenir, Slate ou encore RTL.

S’abstenir une heure et demie trop tard

Le jeûne du mois de ramadan est un jeûne diurne, c’est-à-dire un jeûne que l’on pratique seulement la journée. Journée dans un sens très précis : quand on jeûne, pendant ramadan et tout au long de l’année, une journée ne commence pas avec le lever du soleil, mais avec l’aube.

5h25 (horaire de prière pour Paris selon l’angle 15°) à Paris, c’est l’heure limite, mercredi 20 mars, à partir de laquelle il fallait s’abstenir de tout ce qui invalide le jeûne, l’heure de la première prière, le subh (appelé aussi « fajr« ).

Ainsi, les jeûneurs parisiens ont cessé de boire et de manger au plus tard à 5h25, en vertu du verset coranique suivant.

« Mangez et buvez jusqu’au moment où vous pourrez distinguer un fil blanc d’un fil noir, à la pointe de l’aube. À partir de cet instant, observez une abstinence totale jusqu’à la tombée de la nuit. »

Coran, sourate 2, Al-Baqara, verset 187

Ce qu’il faut entendre par « fil blanc d’un fil noir », c’est les premières lueurs de l’aube. Nous sommes encore la nuit, mais déjà dans le ciel des lueurs sont visibles à l’œil nu.

Le lever du jour est survenu près d’une heure et demie plus tard. Au mois de juillet, l’écart est de quelque deux heures.

Ainsi, si des Parisiens ont commencé leur jeûne à partir du lever du soleil et non à partir de l’aube, ils ont débuté leur abstinence une heure et demie trop tard, mangé et bu après la limité autorisée.

Pour résumer, en islam, qu’il s’agisse du jeûne du mois de ramadan ou de tout autre jeûne le reste de l’année, le musulman s’abstient de manger, de boire, d’avoir des relations sexuelles, etc., de l’aube au coucher du soleil, et non du lever au coucher du soleil.

Attention aux horaires selon l’angle 12°, problématique pour le jeûne

L’angle 12° très utilisé en France non pas pour sa pertinence, mais parce que c’est l’angle utilisé dans les calendriers en papier de votre boucher ou ceux distribués dans votre mosquée, est très problématique pour le jeûne.

Rappelons que l’angle 12° pour les horaires de prière a été retenu pour résoudre le problème des musulmans d’Europe du Nord où l’heure de la dernière prière (‘isha) est très tard et l’heure de la première prière (subh) très tôt. Si cet angle peut avoir sa pertinence dans ce cas, pour la France et surtout le Sud, son application a des conséquences graves. A notre connaissance aucun autre pays dans le monde n’utilise cet angle qui pose un énorme problème pour le jeûne.

Angle 12° et danger de manger après l’heure légale

Si l’on suit l’angle 12° et que l’on observe le ciel à l’heure du subh (prière de l’aube), on observe rapidement que l’aube est déjà levée. Or, chacun sait que pour le jeûne il faut cesser de manger avant l’aube. C’est l’heure du subh (appelé aussi « fajr ») qui est la limite. Précisons qu’en matière d’horaire de prière le constat visuel prime sur les calculs.

Très concrètement : celui qui aura choisi l’angle 12° pour jeûner, tout en cessant de manger à l’heure du subh indiqué dans un calendrier basé sur cette angle, aura manger après l’aube, ce qui pose sérieusement question sur la validité de son jeûne. Ajoutons qu’il y a aussi un problème avec l’horaire de la prière du ‘icha (la dernière prière), mais c’est moins problématique que pour le subh.

La solution est assez simple. Si vous utilisez un calendrier selon l’horaire 12°, cessez de manger bien avant l’heure indiquée pour la première prière, la prière du subh. Ca ne demande pas un gros effort, ça ne vous perturbera pas dans vos habitudes liés à votre calendrier de tous les jours et ça vous mettra à l’abri d’un jeûne vicié.