Samedi dernier, Dounia Bouzar était l’invité de Laurent Ruquier sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché ». Dounia Bouzar était face à Aymeric Caron et Natacha Polony – celle qui accuse le « juif » (dixit) Claude Askolovitch de prédire la destruction de la France, qu’il haïrait, par les salafistes.
Lors de son intervention, A. Caron a tenu des propos qui, à notre connaissance, n’ont jamais été tenus ailleurs. Contrairement à tous ces journalistes qui ont interviewé Dounia Bouzar en prenant pour paroles d’Evangile tout ce qu’elle leur affirmait, Aymeric Caron a été très critique. Plus étonnant encore, il a mis le doigt sur une réalité qu’aucun (?) autre journaliste avant lui n’a daigné relever : Dounia Bouzar n’a pas la légitimité scientifique (lire « scientifique » et non « religieuse) ou académique pour parler de l’islam et des musulmans comme elle en parle. Salutaire.
Echange entre Aymeric Caron à Dounia Bouzar sur France 2
Aymeric Caron : J’ai trouvé très brouillon votre livre. J’ai l’impression que vous-même vous ne savez même pas ce que vous avez envie de nous dire. Vous n’êtes pas vous-même une spécialiste de la religion. C’est gênant pour être entendu sur ces questions-là puisque par définition on est dans des questions d’exégèse. Il faut revenir aux textes. En gros, ce qui est marrant, vous dénoncez l’islam radical, mais vous-même vous allez aux racines de l’islam radical, vous-même vous essayez d’aller aux racines. +Attention les hadiths ne disent pas exactement cela.+ Alors qu’en fait vous n’avez pas vraiment les moyens de le faire, parce que ce n’est pas votre spécialiste. Donc ce livre-là, on ne l’attendait pas de votre part. En revanche, vous pouvez avoir un regard sociologique évidemment sur cette question. Mais celui-là vous ne l’avez pas complètement non plus.
Dounia Bouzar : Les penseurs des Lumières existent en islam. L’islam pour être lumineux n’a pas besoin de moi. Par contre les élus, les médias ont besoin de moi pour changer leur représentation de l’islam. Si jamais les institutions des institutions quand des enfants (…)
Aymeric Caron : Les médias savent déjà ce que vous dites dans le livre.
Dounia Bouzar : Les médias savent déjà ? Mais on n’arrête pas de parler de convertis quand les gens vont se faire exploser. On n’arrête pas de parler de djihad qui est une notion nommée par l’islam radical. On n’arrête pas de parler du niqab comme quelque chose de musulman. On n’arrête pas de valider ces personnes-là comme de simples musulmans. Et on préfère harceler des personnes qui portent le foulard alors que ça fait partie de ce que la République garantit. Et donc on n’est pas dans l’amalgame ? On n’est pas dans l’amalgame ?
Aymeric Caron : Y a des amalgames bien évidemment, mais je ne vois pas en quoi votre livre va les empêcher. C’est ça qui m’embête.
Dounia Bouzar : Pour le moment, j’ai vendu 3 000 livres en trois jours. Il faut croire que les élus ont dû y trouver un intérêt. […]
Aymeric Caron : Cela dit, c’est très trouble comme livre.
Enfin. Il était temps. Comme nous l’écrivions déjà en 2010, « le problème n’est pas dans les positions de Mme Bouzar, mais bien dans les contrevérités, les fantasmes qu’elle véhicule. » Cette remise en place est d’autant plus cruelle pour la non-spécialiste que celui qui la remet en place fait lui aussi montre d’une inculture en matière d’islam. A sa décharge, il ne se présente pas comme spécialiste.
S’agissant des contrevérités, Dounia Bouzar n’a pas vendu 3 000 livres en trois jours. Des précisions dans un prochain article incha’a-Llah.
Dounia Bouzar nous apprend qu’on est pas obligé de manger halal (et que plusieurs savants soutiennent cette avis) qu’en fait on égorge nos bêtes dans les rites halal uniquement pour dire qu’on ne le fait pas pour notre plaisir mais plutôt pour Dieu donc c’est pas important. Super ! En suivant cette logique, on ne prie plus on ne jeune plus, on ne donne plus l’aumône légale, etc.. car tous ce que l’on fait est fait dans ce but de plaire à Dieu…
Bien que je ne sois pas un grand fan d’Aymeric Caron, je dois vraiment (mais alors VRAIMENT) avouer que cette simple constatation me fait vraiment plaisir. Ce qui me fait moins plaisir, c’est de devoir justement préciser qu’un journaliste (ou chroniqueur peu importe) ait fait cette remarque. En effet, cela prouve bien qu’il s’agit d’une exception…
je comprends pas ce genre de personne qui parle d’une religion qui ne connaisse pas, si on est pas pratiquant on peut pas comprendre.
C’est vrai, Aymeric CARON a raison !
J’ai lu des livres de Dounia BOUZAR dont 1 sur le harcèlement et je trouve qu’il a raison de dire que « le livre est un peu brouillon ». Moi aussi j’ai vu l’émission parce que son livre était trop confus et je n’ai pas trop compris où elle voulait en venir. Je n’ai pas pu le lire jusqu’au bout, tellement c’était ennuyeux, les pages lourdes à tourner. Elle aurait dû le faire relire par un Professionnel de l’Islam avant de l’envoyer à son éditeur.
Je n’aime pas les gens qui ont des doubles langages et des doubles discours, c’est un peu comme Tarik Ramadam, on ne sait plus trop à la fin ce qu’il veut dire : est-il du côté des Européens ou des Musulmans ? Moi je n’ai rien compris à son livre, la démarche d’écrire est bonne, mais le contenu du livre pas très bon, si je devais donner une note sur 20 ça serait 8 !!!
Je ne peux absolument pas juger, s’agissant de l’Islam, des compétences de Dounia Bouzar. En revanche, je me souviens de cette dame, présentée alors comme une « spécialiste de la laïcité », sur un plateau de télévison. Elle pontifiait en expliquant, sans être contredite (nos journalistes sont d’une rare inculture), que la Révolution, en 1789, était l’acte fondateur de la laïcité, qu’elle séparait l’Église (catholique) de l’Etat. Anerie monumentale puisque la Constitution civile du clergé de 1790, loin de « séparer » l’Eglise de l’Etat l’absorbe dans celui-ci. Toutes ses interventions témoignaient d’ailleurs de la même méconnaissance du sujet dont elle est supposée étre « spécialiste ».
Bonsoir,
Le fait que ses livres soient ou non brouillons, que Mme Bouzar s’exprimait de façon précipitée et désordonnée (je trouve) lors de cette émission, qu’elle ne soit pas une théoricienne ni une scientifique n’en fait pas moins qu’elle est une formidable militante de terrain dévouée à une belle cause, et extrèmement complexe, celle qui vise à aider les familles des personnes endoctrinées. Les connaissances en matière d’islam ne sont pas du tout requises, c’est à des agissements sectaires qu’ont affaire tous ces jeunes qui sont absorbés par les extrèmistes.
Que cette femme continue d’oeuvrer c’est bien, que tous ceux qui la critiquent fassent donc seulement un dixième de ce qu’elle fait chaque jour, ça serait déjà bien…c’est facile de critiquer en restant derrière son écran.
très symtomatique ce commentaire qui dit » du côté des Européens ou des Musulmans » … c’est bien dans ce piège tendu par tous les extrèmistes, de Daesh au FN, que la France est tombée ces derniers temps, et là on continue de s’y enfoncer…hélas.
Peu importe qu’elle soit spécialiste ou non, elle au moins elle agit, elle essaye de faire quelque chose…