En France, on sait tirer les leçons de l’histoire. On sait même les appliquer, comme ce dimanche à Auch, ville située dans le département du Gers (32), où un ou plusieurs individus ont incendié la mosquée de la ville.
Plus jamais ça
Nous sommes très loin de la nuit de Cristal (Kristallnacht), qui les 9 et 10 novembre 1938 vit près de 200 synagogues et 7 500 établissements commerciaux appartenant à des juifs détruits par la haine nazie à travers toute l’Allemagne.
S’il faut certes savoir raison garder et ne jamais tomber dans les comparaisons faciles mais impropres, nul ne pourra sérieusement dans le cas présent contester des similitudes tant avec le climat lourd et islamophobe, alimenté par les attentats commis par des individus musulmans.
Cet incendie pourrait certes être l’issue inexcusable d’un différend entre musulmans eux-mêmes. L’affaire relèverait alors du droit commun, sans autre dimension que celle de n’importe quel autre banal délit.
A contrario, motivé par l’islamophobie, cet acte criminel participerait de cette haine entretenue par des femmes et des hommes politiques, à l’instar d’Eric Ciotti, petit député sans charisme ni talent du sud de la France, par des journalistes, comme Ivan Rioufol, Frédéric Haziza et Mohamed Sifaoui, des rédactions, comme celle du Figaro ou de Valeurs actuelles.
Les uns pérorent, théorisent, stigmatisent, les autres passent des discours à l’acte. Et la mosquée brûla.
Condamnation et solidarité
L’incendie, qui a détruit le lieu de culte, est bien d’origine criminelle, a confirmé le président de la région Midi-Pyrennées, Martin Valy, qui sur Twitter dit sa « solidarité avec la population musulmane ». Soutien apprécié tant témoigner aussi banalement sa sympathie pour les musulmans nécessite aujourd’hui en France un certain courage.
Incendie de la mosquée d'Auch: solidarité avec la population musulmane. pic.twitter.com/PCcf9lt5ON
— Martin MALVY (@martinmalvy) 24 Août 2015
Dans un communiqué de presse, le président de la République François Hollande a pour sa part promis que « tout est mis en oeuvre pour que les coupables soient identifiés et punis ».
Incendie de la mosquée d’Auch: "Tout est mis en œuvre pour que les coupables soient identifiés et punis" (@fhollande) pic.twitter.com/O1qDa79CtZ
— Romain Pigenel (@Romain_Pigenel) 24 Août 2015
Manuel Valls, le Premier ministre, a lui aussi condamné l’incendie criminel.
L'incendie criminel de la mosquée d'Auch est une attaque contre nos valeurs républicaines. Je la condamne avec la plus grande force.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 24 Août 2015
Après cette condamnation sans équivoque, il serait temps que Manuel Valls sorte de la hiérarchisation des haines, institutionnalisée il y a peu par la création de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (DILCRA) et répétée par son directeur Gilles Clavreul. Tant que le Premier ministre participera à ce courant malveillant qui oeuvre à nier la réalité de l’islamophobie, ces passages à l’acte ne cesseront pas.
Lire – DILCRA : le gouvernement socialiste revendique la hiérarchisation des haines
Hormis quelques condamnations, l’incendie n’a pas suscité l’émoi et l’indignation qui normalement prévalent en telles circonstances.
Dans la tête d’Edouard Drumont
Evidemment, les esprits chagrins fustigeront que l’on pointe les similitudes entre l’incendie d’une mosquée et celui des synagogues au siècle dernier. Faudrait-il attendre que l’analogie soit en tout point concordante pour être autorisé à rappeler où et à quoi pareilles haines ont pu mener.
La France porta alors au pinacle l’un des plus féroces antisémites de son temps.
Les bonnes gens pourront consulter à profit le docu-fiction consacré au funeste Edouard Drumont, dont le pamphlet antisémite La France juive, puis, avec l’affaire Dreyfus, le journal La Libre parole connurent un succès considérable. La France porta alors au pinacle l’un des plus féroces antisémites de son temps.
Voir le docu-fiction : Drumont – Histoire d’un antisemite français
L’émission du mardi 19 mars 2013 de « La Marche de l’histoire » sur France Inter fut elle aussi consacrée à cet antisémite, dont les écrits préfigurèrent le sort des juifs quelques décennies plus tard.
Faites le test : remplacer « juif » par « musulman » dans la prose haineuse de Drumont confère à l’antisémite une actualité glaçante. Certes, l’anathémisation de toute une population du fait de son origine ethnique ou religieux n’est pas une invention d’un Christian Estrosi, Eric Ciotti, Claude Goasguen et autres sous-fifres courtisans de Nicolas Sarkzoy. Elle n’en demeure pas moins toujours aussi efficace.
Salam aleykoum,bonjour
Comment ça pas de manif avec en tête de cortège les ministres de la république ? Pas d’infos tournants en boucles hypnotiques sur les chaines d’infos en continu ? Pas de prises de parole intempestives par tout ce que le monde médiatico-politique comporte de membres ?
Il est vrai qu’une mosquée n’est pas une synagogue !!!
encore un fois, un article vraiment bien rédigé ! Al-Kanz, bravo !
Salam alikoum ya t il un appel au dons pour la reconstruction ? , je souhaite aide mais je ne trouve aucun site sur internet pour cela …
Merci de nous renseigne
Oui c’est un retour en arrière… bien en arrière. On peut dire merci aux médias de montrer les musulmans comme un fléau.
Je ne sais plus qui disait (quelqu’un qui a une tribune sur la chaine médiatique ) que le musulman était le nouveau juif…
Il n’a pas tord.
On nous montre du doigt comme le problème de tout les maux de la France. Alors, que le chômage augmente, les médicaments sont de moins en moins remboursés et le système de santé baisse en qualité, les inégalités sont monnaie courante et c’est pas demain que cela changera, l’éducation nationale n’est pas le fleuron de la France (combien d’enfants arrivent en 6ème sans savoir lire… ou du moins comprendre ce qu’ils lisent)… le moral des Francais est au plus bas… Mais bon ça va, ils ont un feuilleton bien rodé dans leur écran… le bien contre le mal, le « monde libre » contre « l’obscurantisme ».
A nous de Donner ce que nous avons de meilleur dans le comportement, avec humilité, mais sans s’humilier. FIERE DE NOS VALEURS