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Islamophobie. Dans un communiqué interne diffusé aujourd’hui, la direction de l’université Paris 13 annonce que son président, Jean-Loup Salzmann a engagé une procédure disciplinaire à l’encontre de Samuel Mayol, directeur de l’IUT de Saint-Denis.
Il est reproché à ce dernier « des faits qui, sous réserve de plus amples investigations, apparaissent contraires aux principes de neutralité et de probité des enseignants-chercheurs et de nature à justifier, a minima, des mesures disciplinaires ».
De Babyloup à l’IUT de Saint-Denis
L’affaire, qui dure depuis deux ans maintenant, en rappelle une autre, en l’occurrence celle de la crèche Babyloup, qui vit un banal conflit entre une employée et sa patronne montée en épingle pour devenir un drame national sur fond d’islamophobie.
Sans aucune prudence, plusieurs titres de presse ont alimenté cette « manipulation islamophobe ».
La droite, l’extrême droite, mais aussi des médias comme Valeurs actuelles, Le Figaro ou encore Marianne, ainsi que quelques groupuscules de la nébuleuse laïciste, ont immédiatement pris parti pour le directeur de l’IUT, prenant les déclarations de ce dernier pour paroles d’Evangile.
Il a suffi à Samuel Mayol de faire accroire à des « dérives communautaristes », dont il fait porter depuis deux ans la responsabilité à deux enseignants, pour que la nationale islamophobe le soutienne et en fasse sinon un martyr à tout le moins une victime de la prétendue islamisation du pays.
La vidéo qui accuse Samuel Mayol
Mais voilà, la main courante déposée vendredi 16 octobre par son employeur, l’université de Saint-Denis dépose, a eu des conséquences fâcheuses pour celui publiquement soutenu par Manuel Valls. Elevé en symbole, Samuel Mayol a en effet été distingué dix jours plus tard par une sombre association laïciste, le comité laïcité république, « pour son action en faveur de la neutralité dans l’enseignement supérieur face à la montée d’incidents communautaristes ».
Or, suite à la main courante, une bande-vidéo visionnée par l’AFP et saisie par la police montre Samuel Mayol pénétrer dans le local d’une association étudiante musulmane « l’Ouverture » avec en main une sacoche et un sac. Il n’en ressortira qu’avec la sacoche, ce qui accrédite selon l’accusation la thèse d’une manipulation islamophobe : le directeur de l’IUT est soupçonné d’avoir lui-même déposer une vingtaine de tapis de prière pour pouvoir ensuite crier à une menace « communautariste ».
Cellules psychologiques pour le personnel de l’IUT
Les mesures d’ores et déjà prises par l’université sont sévères, même si provisoires. Samuel Mayol, « directeur de l’IUT de Saint-Denis est suspendu de l’ensemble de ses fonctions », précise le communiqué, « y compris d’enseignement, à compter du 12 novembre 2015, pour une durée de quatre mois, susceptible d’être renouvelée jusqu’à l’issue des poursuites. Cette mesure est accompagnée d’une mesure d’interdiction d’accès aux locaux de l’Université Paris 13 pour une durée de 30 jours, également susceptible de renouvellement. » Samuel Mayol continuera à percevoir « pendant la durée de sa suspension l’intégralité de son traitement ».
La sévérité des sanctions peut s’expliquer tant par la conviction de l’université quant au rôle joué par le directeur de l’IUT, que par la « véritable souffrance au travail au sein de l’IUT de Saint-Denis » et la dégradation des conditions de travail, liée au climat délétère qui règne depuis que cette affaire a éclatée.
La direction de l’université de Paris 13 a d’ailleurs jugé nécessaire de mettre en place « une cellule d’aide psychologique en juin 2015 à destination des personnels administratifs et enseignants de l’IUT de Saint-Denis », qui « restera en place le temps nécessaire à ce que ces personnels retrouvent un bien-être dans leur travail ». Trois psychologues assurent les permanences deux à trois fois par semaine.
Manuel Valls doit s’excuser
Au-delà de l’IUT, c’est bien l’ensemble des musulmans qui ont été affectés par la légèreté et la précipitation opportuniste de quelques politiques et organes de presse tant pour soutenir Samuel Mayol que pour criminaliser, une fois encore, des millions de femmes et d’hommes qui ont le tort d’être musulmans.
La présence du Premier ministre, et plus encore à l’incriminé, lors de la cérémonie du 26 octobre, fut une outrance bien malheureuse. Aujourd’hui, l’absence d’excuses et de toute réaction de Manuel Valls, qui a manqué a minima de prudence, conforterait l’idée, de plus en plus patente, d’un homme en guerre contre l’islam et les musulmans.
Bonsoir,
Comment vous joindre pour une petite interview concernant ce dossier ?
Merci
Smahen – La Plus Féminine des Radios d’Ile-de-France.
Bonjour,
certaines informations de votre article sont fausses et je tiens à les rectifier, en effet j’étais moi-même étudiant a l’IUT de Saint Denis et Monsieur Mayol était mon professeur. Les accusations de sa participation aux dépôts de tapis de prières dans la salle sont fausses, l’association « L’ouverture » utilisait bien son local à des fins religieuses, des prières collectives y étaient organisées et il était interdit pour tout autre étudiant de rentrer dans cette salle durant ces prières, certains de mes propres camarades de classe se rendaient dans cette salle afin d’y réaliser plusieurs prières par jour.
Merci de vérifier vos sources avant de les publiées.