L’une des injustices invisibles commises par de nombreux acteurs du social communautaire est celle qui consiste à culpabiliser les personnes dont la santé mentale est en souffrance. La technique est simple : « si vous avez un problème psychologique, c’est que votre foi est défaillante »>. Rien que ça. Merci, bonsoir. Pour le suicide, c’est à droite, au fond du couloir.
La dépression est bien une maladie
Au-delà de l’inanité d’une telle affirmation, lancée avec la plus grande des nonchalances, les dégâts sont presque fatidiques. Ainsi, en plus de se débattre avec une dépression, des troubles alimentaires ou un mode de fonctionnement défaillant, la personne en demande d’accompagnement repart avec une dose de culpabilité.
« Si je traverse une dépression, je suis un mauvais croyant ». Un noir message s’ajoute aux autres. Et comme si ça ne suffisait pas, on enjoint à remettre en question sa croyance en l’unicité de Dieu (tawhid), sa prière ou son niveau de sadaqa (aumône). Personne ne remettra en question la pertinence de tels actes, s’ils ont été édictés, c’est que les raisons sont légions. Ce qu’il faudrait relever, néanmoins, c’est la mauvaise direction dans laquelle on envoie le public à qui l’on s’adresse. Non, la dépression n’est pas une faille de croyance, c’est un trouble mental qui affecte le corps comme l’esprit. Oui, les actes spirituels peuvent aider à mettre de l’ordre dans l’âme, mais l’apparent discours spirituel ne fait jamais bon ménage avec la culpabilisation.
Des graves lacunes chez les « experts »
« Culpabiliser une personne en dépression, c’est lui signifier qu’elle ne fait pas assez. »
Culpabiliser une personne en dépression, c’est lui signifier qu’elle ne fait pas assez. Qu’elle n’est pas « assez musulmane », que même si elle faisait plus et que sa dépression persistait, c’est qu’il « manque quelque chose ». Où pense-t-on aller ainsi ? En réalité, ce discours trop souvent asséné n’est que la preuve indéniable de la formation lacunaire des individus se présentant comme imam, prédicateur, professeur de sciences islamiques. On retrouve le même positionnement, dans l’autre sens, chez les personnes qui font de la psychologie leur seule boussole.
Ce qui fait effet sur le terrain, c’est une prise en charge globale impliquant le psychologique comme le physique. Le spirituel comme le profane. Sans culpabilisation ni accusation fallacieuse. Si une personne affirme souffrir « dans sa tête », c’est qu’elle souffre « dans sa tête ». Prétendre le contraire, la contraindre avec la plus grande des fausses diplomaties à reconsidérer sa foi, c’est l’infantiliser et se prendre pour Dieu.
Salam alaykoum,
On dit que pour guérir de la tête on doit en revenir à la perception des choses-évènements-actes ainsi cela facilite la relativisation et a donc une influence directe sur le cercle cerveau-coeur-physique.
Vous en pensez quoi ?
Salam alaykoum,
qu’on me corrige si je me trompe, mais je vois la dépression un peu comme l’ivresse : même si on y arrive à cause de nos péchés (comme toute épreuve), il ne sert à rien d’avoir ce genre de discours PENDANT ces phases. Une personne ivre est par définition quelqu’un dont la raison est diminuée donc il est absurde de lui dire pendant son ivresse d’être raisonnable. De même une personne déprimée est par définition quelqu’un dont la volonté est diminuée donc il est absurde de lui dire de se ressaisir sur le plan spirituel ou sur tout autre plan.
Merci pour cet excellent article Saadia, transcendant comme souvent 🙂
Une vérité qu’il faudrait rétablir, et comme tu le soulignes, de part et d’autre.
Je ne sais pas si c’est vraiment transcendant mais en tout cas, c’est une mise en bouche d’un sujet essentiel, qui ouvre la voie à bien d’autres.
Merci à toi pour tes feedbacks réguliers 🙂
Salam aleykoum. Pour tous ceux qui souffrent de dépression, je vous conseille vivement la lecture des livres de Lucia canicule. C’est une soeur, agrégée de lettres et convertie à l’islam. Ses livres vous aideront à trouver d’où vient votre problème et à reprogrammer votre cerveau
Lucia canovi
As Salam aalaykoum de quel livre en particulier parles tu
Salam alaykoum,
Votre mise au point est importante. Beaucoup d’articles sur la dépression en général rappellent que c’est une maladie, qu’il faut se soigner et se faire aider. Pourtant, c’est une maladie qui s’installe bien souvent pour une durée importante et la personne qui la subit elle-même (ainsi que son entourage) sont relativement démunis pour y faire face. Et le fait est qu’il n’y a pas de recette miracle.
Faire la difference entre depression mineure et grave nest pas simple. Le plus important c’est de mettre tous les chances de son côté pour guérir.
Salam arleykoum, je vous remercie pour cet article qui m’a beaucoup apaisé et rassurer en tant que musulmane pratiquante. Je traverse une terrible épreuve actuellement qui m’a malheureusement fait basculer dans la dépression. Cette notion m’était inconnue jusqu’alors. Malgré ma pratique, la douleur est tellement qu’elle envahit tout notre être et notre raison. Barak Allah oufikoum.
Salam aleykoum , barakAllah o fikoum pour cet article , les injustices que l’on vit en cette période en France ne nous facilitent pas la vie.
Salam Aleykoum Kamel,
Barakallahoufika pour l’infos ! De quel livre parle tu en particulier ? Car elle a écrit de nombreuses livres mashaallah ! Qu’Allah te récompense!
Une soeur
wa’aleykoum assalâm,
Merci pour la suggestion, j’ai pu me procurer « marre de la vie ? Tuez la dépression avant qu’elle ne vous tue « , c’est une belle brique donc je pense pouvoir faire le tour de sa vision après cette lecture.
@Sam : wa’aleykoum assalâm, qui est le « on » qui dit cela ? Les pensées ont une énorme place dans le processus de dépression, revenir à elles avec une approche différente peut donc aider.
@firdaous31 : n’hésitez pas à vous faire accompagner par quelqu’un avec qui le feeling passe, cela peut grandement aider. Qu’Allâh vous apaise et fasse de cette phase un tremplin vers tous vos possibles.