Déprimant. Le premier réseau social au monde, Facebook, a publié une étude consacrée aux utilisateurs de la plateforme dans la région MENA – Middle East and North Africa, soit la région Moyen-Orient et Afrique du Nord — pendant le mois de ramadan.
Nous ne reviendrons pas sur l’ensemble des données fournies par Facebook, lesquelles n’intéresseront que les marketeux désireux de titiller la fibre consumériste des internautes visés. Retenons en revanche un chiffre.
Pendant le mois de ramadan, dans la région MENA, on passe sur Facebook 57,6 millions d’heures de plus que le reste de l’année. Traduit en langage Facebook Business s’adressant aux entreprises : « Vous avez un extra de 57,6 millions d’heures pour attirer l’attention (des internautes) durant ramadan. »
Facebook évoque bien une forte hausse des conversions, mais il ne s’agit pas de celles à l’islam.
Toute l’étude est à l’avenant. Instagram est aussi abordé. Voici les thèmes qui captivent les internautes de la région, en quelle proportion comparé à Facebook.
De la consommation, de la consommation et de la consommation, ce qui est assez désolant puisque le mois de ramadan est par nature un mois de déconsommation, pendant lequel chacun doit se détacher des plaisirs matériels.
Un mois de déconsommation, de jeûne et de pratique religieuse plus assidue et intense que le reste de l’année. Si seulement cette présence accrue sur Facebook était motivée plutôt par la volonté d’acquérir plus de savoir religieux, de connaissances en islam, bref si seulement l’usage de Facebook était un peu plus en adéquation avec l’essence même de ce mois.
Jusqu’à ce qu’Internet se démocratise à travers le monde, la calamité qui frappait les foyers pendant le mois de ramadan, c’était – et c’est toujours – une surconsommation télévisuelle, avec en particulier la diffusion de navets, feuilletons malheureusement très prisés après l’iftar.
Aujourd’hui, il faut compter avec donc Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter… Ou comment ruiner son mois de ramadan, mois du Coran et de l’adoration.
S’il ne s’agit de blâmer qui que ce soit – chacun voit midi à son heure et rendra des comptes sur sa gestion du temps non seulement pendant ramadan, mais toute l’année -, l’image que renvoie cette étude de nous, internautes hyperconnectés, devrait nous faire réfléchir. En commençant par l’auteur de ces lignes.