Il n’a sans doute échapper à personne que le froid, le grand froid, le froid très froid, est en France.
Des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants – oui d’enfants – vivent dans des conditions indignes, dans la rue ou, à peine mieux, sous des tentes ou dans des cabanons de fortune qui ne les protègent guère du froid.
Dans des associations à travers l’Hexagone, de bonnes âmes, le plus souvent bénévoles, oeuvrent, souvent toute l’année, à améliorer ces conditions de vie d’une précarité révoltante dans un pays aussi riche que la France et disposant d’un contingent de logements vacants qui couvrirait très largement les besoins des personnes les plus affectées par la crise dite « du logement ».
Selon l’Insee, rapporte le site France Bleu, « 2,75 millions de logements sont vacants en France, dont 108 000 à Paris et 360 000 en Ile-de-France ».
Combien de logements vacants dans votre ville
Pour connaître le pourcentage de logements dans votre commune, utilisez le comparateur de territoire de l’Insee, très simple à utiliser.
Prenons l’exemple de la ville de Bordeaux. En 2014, elle comptait 7 % de logements vacants sur un total de 150 556 logements, soit 10 538 logements non occupés pour la seule ville de Bordeaux.
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Pour découvrir combien votre ville dispose de logements vacants qui pourraient permettre à des personnes sans-abri ou en très grande précarité de se loger décemment, rendez-vous sur le site de l’Insee en cliquant sur le lien suivant : Comparateur de territoires – Insee.
Entrez le nom de votre ville, puis choisissez parmi les résultats du menu déroulant la ligne comportant les trois lettres « COM » et le nom de votre ville, ci-dessous Toulouse, donc ligne « COM – Toulouse ».
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Vous obtiendrez, sur la même page à droite, le lien vers la page qui vous intéresse. Celle-ci contient un tableau en plusieurs parties avec des données sur les thématiques suivantes : population, logement, revenus, emploi-chômage, établissements.
Comme l’indique le tableau ci-dessus pour la ville de Bordeaux, le nombre total de logements de votre ville figure ligne 1, le pourcentage de logements vacants ligne 4. Il ne vous reste plus qu’à faire le produit en croix pour trouver le nombre de logements vacants, si vous ne souhaitez pas vous contenter du seul pourcentage.
Maintenant que vous avez ces données, que faire ? Rien de moins simple : écrivez à votre maire pour lui demander de répliquer l’initiative de la mairie de Grenoble.
Des logements vides pour l’hébergement d’urgence
En décembre dernier, le site France Bleu, rattaché à la radio publique éponyme, faisait état de l’initiative heureuse de la mairie de Grenoble (Isère) pour permettre à des personnes sans-abri d’avoir un vrai toit.
L’idée est très simple : la municipalité est propriétaire d’un certain nombre de logements, dont une partie a vocation à disparaître dans un futur plus ou moins proche au profit de projets immobiliers pas encore lancés.
En attendant les premières pelleteuses, ces appartements ou maisons vides peuvent accueillir temporairement des personnes en grandes difficultés, tout cela dans un cadre prédéfini, clair, légal et non contraignant pour la ville : la municipalité de Grenoble signe au préalable des conventions qui autorisent les bénéficiaires temporaires d’occuper le logement tant que le projet immobilier n’est pas concrètement lancé. Ces derniers n’ont pas de loyer à payer, mais doivent prendre une assurance et s’acquitter des factures relatives à l’eau et à l’électricité.
Invitons notre municipalité à faire comme Grenoble
Ce que nous aimerions, à travers cet article, c’est inviter le plus grand nombre de personnes à écrire un mail à l’édile de sa ville, son maire ou sa maire, pour lui demander de faire comme le maire de Grenoble, Eric Piolle*.
Pour cela, il vous suffit simplement :
1- de trouver l’email de votre maire ou de vous rendre dans la page « contact » du site de votre commune
2- de copier-coller (en l’adaptant) le mail ci-dessous ou d’écrire votre propre mail
3- de l’envoyer en un clic.
Modèle de courriel à envoyer à votre maire
Objet du mail : Des logements vides occupés par des SDF en accord avec la ville de [VOTRE VILLE] ?
Madame, Monsieur,
La forte baisse des températures hivernales qui frappent en ce début de semaine la France fait courir un grand risque aux personnes qui, partout dans notre pays, vivent dans des conditions extrêmement précaires.
Qu’il s’agisse des dizaines de milliers de personnes sans-abri, qui dorment dans la rue ou dans des abris de fortunes, ou de ces trop nombreuses familles logeant dans des tentes ou des maisonnettes faites de bric et de broc, toutes souffriront grandement de ces conditions climatiques si nul n’agit dès aujourd’hui pour leur venir en aide.
A Grenoble, en Isère, la municipalité a eu l’heureuse idée de de signer une convention avec des personnes sans-abri afin que ces dernières puissent occuper temporairement et légalement les logements qu’elle possède et qui sont destinés prochainement à la destruction.
Ces logements, appartements ou maisons, inoccupés ne sont pas insalubres. Le contrat entre la mairie, qui fait preuve d’un pragmatisme salutaire, et les bénéficiaires est clair : la municipalité répond au problème de l’hébergement d’urgence, elle n’octroie pas ces logements de façon définitive.
Pour plus d’informations, veuillez, je vous prie, consulter l’article paru sur le site de la radio publique France Bleu, dont le titre est : « Des logements vides occupés par des SDF en accord avec la ville de Grenoble » et l’adresse Web : https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/des-logements-vides-occupes-par-des-sdf-en-accord-avec-la-ville-de-grenoble-1513377363
En choisissant cette solution, la ville de Grenoble ne s’enferre pas dans des difficultés inextricables (tant d’un point de vue juridique qu’humanitaire), tout en offrant à des personnes en danger aujourd’hui d’avoir un toit et le temps de rebondir. Avoir une adresse fixe dur reste accroîtra, peut-on espérer, les chances pour certains bénéficiaires de trouver un emploi, en plus de réparer une dignité tant abîmée par une vie cabossée.
C’est pourquoi, Madame/Monsieur, en tant que citoyen/habitant de la ville de [VOTRE VILLE], je vous demande solennellement de vous rapprocher rapidement de l’équipe municipale de Grenoble de sorte que vous puissiez dans les plus brefs délais agir pareillement pour le bien-être de toutes ces femmes et tous ces hommes dans une grande détresse que nous croisons tous les jours dans nos rues.
Agir en ce sens grandira notre ville, qui avec d’autres municipalités, j’en suis convaincu, saura oeuvrer pour une France plus solidaire envers les plus éprouvés d’entre nous.
En vous remerciant du bon soin que vous porterez à notre requête et plus encore aux personnes sans-abri, je vous prie Madame/Monsieur, de croire en mes salutations les plus distinguées,
Très cordialement,
[PRENOM et NOM]* Eric Piolle, maire de Grenoble :
sur Twitter : http://www.twitter.com/ericpiolle
sur Facebook : https://www.facebook.com/ericpiolle
Courriel : eric.piolle@grenoble.fr
Voilà. Il ne vous reste plus a minima qu’à copier-coller. Vous pouvez le faire, chacun peut le faire. Ca ne coûte pas un centime, ça prend quelque secondes.
Serez-vous seul/e à envoyer ce mail ? Qu’importe. L’idée géniale de la ville de Grenoble pourra faire mouche simplement grâce à votre mail, si tant est que votre maire soit dans les mêmes dispositions que l’équipe grenobloise.
Mais évidemment plus un même maire recevra des demandes plus, il sera sensibilisé et se rendra compte que nombre de ses administrés sont sensibles au très grave problème du mal-logement (et du pas de logement tout court) en France et dans sa ville. Choisira-t-il d’ignorer tous ces mails ? Qu’importe, vous vous en souviendrez et le lui rappellerez en 2020 lors des prochaines municipales.
Enfin, n’écoutons pas les esprits chagrins qui s’empresseront de nous dire que cela « ne sert à rien », qu’un « mail ne changera pas le sort des SDF », qu’on « perd notre temps », que « si ce n’était qu’une question de courriels à envoyer à son maire, y a longtemps qu’il n’y aurait plus de personnes dans la rue » und so weiter.
Des courriels, nos courriels, vos courriels ne résoudront certes pas la crise (créée artificiellement) du logement, mais en ces jours de fortes baisses des températures ils pourront peut-être permettre à ne serait-ce qu’un seul de nos voisins de ne pas dormir dans la rue.
Cette seule perspective vaut bien le peu de temps que nous saurons consacrer à l’envoi d’un mail à notre maire, n’est-ce pas ?