[On a testé] Lorsque, en 2013, nous avons découvert le jeu anglophone 5 pillars, nous ne mesurions pas combien ce jeu est, comme on le lit sur la boîte, « révolutionnaire ». Indication qui paraissait à première vue, comme très souvent, surtout marketing. Les deux boîtes – la grande et la fun – nous furent envoyées pour test.
Nous nous attendions à trouver un jeu intéressant, nous avons découvert un jeu indispensable que toute personne, toute famille, foyer, toute école islamique, toute mosquée, doit avoir. Nous étions absolument conquis.
C’est ce qui explique du reste le ton très enthousiaste de l’article publié alors ; article constitué des lignes suivantes, auxquelles nous ajouterons aujourd’hui nos commentaires sur la nouvelle édition du jeu – la grande boîte et la boîte fun – et les versions sirah, junior, plus les cinq cubes « flash quiz ». Annonçons tout de suite la couleur : cinq ans après notre premier test, l’enthousiasme est intact, voire plus important.
5 piliers se déclinent en plusieurs thématiques
Un jeu de société pour maîtriser les piliers de l’islam
De quoi s’agit-il ? Comme le nom l’indique, il s’agit d’un jeu de société portant sur les cinq piliers de l’islam : l’attestation de foi (shahada), la prière, la zakat (impôt social purificateur ou aumône obligatoire), le jeûne du mois de ramadan et le hajj (pèlerinage sur les lieux saints de l’islam).
Pour quel objectif ? On devine aisément que ce jeu de société vise à permettre à chacun d’apprendre l’islam de façon ludique. En y regardant de plus près, on se rend rapidement compte que l’objectif est un poil plus ambitieux : plus qu’apprendre, il s’agit de maîtriser les piliers de l’islam.
Pour cela, une série de 750 questions a été élaborée de fine façon. Chaque pilier compte 150 questions, 30 questions pour cinq niveaux de difficulté par pilier. Chaque niveau est signalé par un chiffre romain (de I à V) en haut à droite de chaque carte.
Pour plus de clarté, prenons le premier pilier – la shahada, l’attestation de foi – qui, dans le jeu, a été étendu à la foi (iman) dans sa globalité, ce qui a permis aux auteurs d’évoquer tant des thèmes relatifs au credo (‘aqida) qu’à des épisodes capitaux de la vie du Prophète ﷺ ou des histoires coraniques. Voici ce que cela donne.
niveau I : combien la foi comporte-t-elle de piliers ?
niveau II : qui était le premier message de l’humanité ?
niveau III : de quelles substances Allah a-t-il créé les humains, les anges et les djinns ?
niveau IV : qui sont les cinq plus grands messages d’Allah ?
niveau V : Complétez les trous : « Allah dit : ‘Des ____ ce jour-là seront radieux regardant leur ____' »
On le constate, les questions sont simples. Basiques pour le niveau I et de plus en plus difficiles jusqu’au niveau V qui devrait parfois donner du fil à retordre même à celles et ceux qui pensent maitriser parfaitement les cinq piliers de l’islam.
5 piliers se joue à partir de deux joueurs jusqu’à dix. Nous ne revenons pas sur les règles du jeu, assez classiques, communes aux jeux de type Trivial Pursuit.
Le grand intérêt de ce jeu réside dans la richesse des questions qui couvrent un large champs de ce que tout musulman doit savoir. Point particulièrement intéressant déjà avec la première version, on peut, sans jouer, s’asseoir avec des enfants, des adolescents ou des grands apprenants, choisir une série de question et à partir de quelques questions prendre prétexte pour discuter, échanger, expliquer, enseigner :
– dans la série « salat (prière) » par exemple, la question « décrivez la manière de faire le tayammoum (ablutions sèches) » peut être l’occasion d’une riche discussion et d’un apprentissage de façon ludique de cette forme particulière d’ablutions.
– dans la série « siyam (jeûne) », la question « pour qui le jeûne de ‘Arafah est-il recommandé ? » est toute trouvée pour aborder les rites du pèlerinage (manassik al-hajj), d’en apprendre plus sur Arafah et ce jour particulier ou encore d’aborder la question des jeûnes facultatives. Précisons d’ailleurs que chaque catégorie n’est pas stricto sensu limitée à un pilier, mais,comme on le constate avec le siyam et le jeûne surérogatoire. L’ensemble des pratiques connexes sont aussi traitées.
On peut aussi simplement, seul, vérifier et consolider ses propres connaissances.
Editions Junior et Sirah
La grande nouveauté de cette année, c’est d’abord l’ajout de deux nouvelles éditions de même facture que l’édition piliers.
On a d’abord l’édition junior et ses 500 questions sur les bases de l’islam. Les adultes débutants, les convertis à l’islam et ceux, élevés dans une famille musulmane mais sans éducation religieuse, qui y reviennent ou y viennent seront ravis de jouer à ce jeu.
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Exemples de questions, niveau I
Voici, pour que vous puissiez vous faire une idée du type de questions que vous trouverez dans l’édition junior, cinq exemples.
– Piliers de l’islam : « Combien de piliers y a-t-il en islam » ?
– Piliers de l’iman : « Combien de piliers de la foi y a-t-il en islam ? »
– Coran : « Quelle est la sourate la plus courte du Coran ? »
– Sunna : « Qu’est-ce qu’un hadith ? »
– Le comportement du musulman : « Que dit l’islam sur le fait de sourire ? »
Comme pour toutes les autres éditions, on a là aussi cinq niveaux de difficulté.
On a en suite l’édition sirah, – la sira étant l’histoire de la vie du Prophète Muhammad ﷺ (paix et bénédiction sur lui) –, qui compte 750 questions, soit de quoi apprendre, réviser, consolider ses connaissances sur la vie du meilleur des hommes.
De toutes les nouveautés, l’édition sirah est celle qui nous ravit le plus. La raison est simple : elle vient combler un manque criant dans l’édition française et rendre – agréablement – accessible en langue française non seulement l’histoire de la vie du Prophète ﷺ – à La Mecque et à Médine -, mais encore celle de ses Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux).
Les thématiques « Sunna » et « la famille du Prophète ﷺ et les califes » complétent le tout.
Cette édition sirah nous paraît vraiment très importante. Si les jeux pour apprendre l’islam sont, aujourd’hui, plus ou moins répandus, il manquait clairement un jeu pour apprendre à connaître le Prophète, sa vie, son histoire, les grandes dates et les faits qui ont marqué sa prophétie, ses Compagnons, sa famille et les califes.
L’édition sirah justifie à elle seule le qualificatif « révolutionnaire ».
Cinq cubes thématiques en plus
A ces trois premières boîtes s’ajoutent cinq cubes, non pas sur les piliers de l’islam mais sur les thèmes suivants : hadith, Coran, histoire de l’islam, science et islam, éthique présentée sous la formule « le comportement du musulman« .
L’intérêt est évident : ce format permet d’emporter avec soi un ou plusieurs cubes sans risquer d’égarer des cartes. On imagine bien la famille sur la route des vacances jouant dans la voiture pendant que papa ou maman conduit. Tout le monde participe et chacun s’instruit en partageant des moments riches et in sha’a-Llah emplis de baraka.
Petit bémol : une fois, l’emballage retiré de chaque cube, ce dernier est unicolore, comme nu, sans aucune indication. Rien n’y est écrit, ce qui est perturbant les premiers temps, et fastidieux, puisqu’il faut systématiquement ouvrir et vérifier le thème des cartes pour savoir de quel pilier il s’agit. Une inscription, comme sur les grandes boîtes, serait la bienvenue.
La boîte fun, vraiment fun
En 2013, 5 piliers, c’était déjà aussi une seconde boîte de jeu : la boîte fun.
La nouvelle version compte 400 questions réparties en quatre catégories (mime, casse-tête, dessin et mot à deviner), un sablier et une roue d’activité.
Cette boîte est une réussite. On s’amuse vraiment tout en apprenant. Les cartes « dessin » sont les plus ludiques. Sur le montage photo suivant, on distingue quelques dessins réalisés, l’été dernier, lors d’une partie avec des enfants. Ces derniers ont dû faire deviner, en dessinant, des mots, des actions, etc., comme « minaret », « nourrir les pauvres », « gens de la Caverne », « attacher son chameau », « adhan », « tarawih », « la mosquée du Prophèteﷺ ».
La soirée fut si agréable que nous avions décidé d’utiliser les cartes « mime » comme des cartes « dessin » afin d’avoir encore matière à dessiner.
Voici par ailleurs comment l’imagination d’une enfant peut amener à représenter un principe de l’éthique et du comportement islamiques : baisser le regard.
Surprise et rire en voyant le dessin, mais aussi opportunité une fois encore d’étoffer le sujet abordé si on le souhaite de façon légère mais instructive et utile.
Les cartes « casse-tête », ce sont 100 questions plutôt pointues, sur des points très variés relatifs à l’islam en général.
Avec les cartes « mot à deviner », on dispose de trois mots à faire deviner sans prononcer un seul des mots d’une liste donnée.
Dernière catégorie, celle des cartes « mime ». Si a priori des parties de mime annoncent de bons moments, on fait rapidement la moue en regardant les sujets proposés tant ils paraissent impossibles à réaliser. Exemples : mimer « jeûner le jour de Arafat », mimer « la pierre Noire » les mains derrière le dos, mimer « le tir à l’arc » une main derrière le dos.
C’est selon nous le (petit) point noir de cette série de jeux. Il faudrait carrément la supprimer, ou plutôt faire comme nous avons procédé l’été dernier : considérer qu’il s’agit de cartes « dessin ».
Conclusion : IN-DIS-PEN-SA-BLE
Vous l’aurez compris, comme en 2013 et plus qu’en 2013 avec la première édition, nous pensons que la mention figurant sur la boîte édition piliers « une véritable révolution dans les jeux de société islamiques » n’est toujours pas galvaudée.
5 piliers n’est certes pas le premier jeu du genre, mais ce jeu est clairement le plus abouti, tant dans la déclinaison du concept que dans sa réalisation (graphisme, matière, richesse de contenu, etc.). Il promet des heures d’apprentissage ludique de l’islam en famille, entre amis ou même dans une classe par petits groupes encadrés par un professeur.
Relevons quand même trois points d’amélioration possible :
– les cartes gagneraient à être dans un papier plus épais.
– ajouter un étui avec une fente horizontale dans lequel on glisserait les cartes. On pourrait alors lire les questions sans voir la réponse et ainsi il serait possible de jouer seul.
– les cubes devraient être identifiables grâce à une mention en toutes lettres.
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