Quelle est la date du premier jour de ramadan 2020 ou plus justement de ramadan 1441 ? La question se pose comme chaque année, particulièrement à l’approche du mois de jeûne et d’abstinence.
Calendrier musulman, calendrier lunaire
Selon le calendrier chrétien, nous sommes en 2020 ; selon le calendrier juif, en l’an 5780 et selon le calendrier musulman en l’an 1441. En islam, le calendrier, qui est lunaire et non solaire, commence le 1er muharram 1, soit le 16 juillet 622 date de l’hégire, l’émigration du Prophète ﷺ vers la ville de Médine, anciennement Yathrib. D’où le nom du calendrier dit « hégirien ».
Ce calendrier se fonde sur les phases de la lune. Or dans une année lunaire, on compte non pas 365 jours, mais 354 jours, soit 12 mois de 29 ou 30 jours. Ceci explique le décalage entre calendrier solaire et calendrier lunaire et donc le fait que le mois de ramadan « avance » chaque année de dix jours.
En islam, la détermination des mois, elle aussi fonction de la lune, se base sur l’observation et demande des ajustements selon que le mois est de 29 ou de 30 jours.
Des divergences normales autour du début et de la fin de ramadan
Comme chaque année depuis des siècles, les musulmans du monde entier ne débuteront pas nécessairement le mois de ramadan le même jour. Il faut le dire : ce n’est pas un problème. Cette divergence autour du début de ramadan n’est pas nouvelle : dès les premiers temps de l’islam, les musulmans d’une région donnée ne commençaient pas nécessairement à jeûner le même jour que les musulmans de telle autre région.
Débuter ramadan en même temps partout dans le monde n’est pas une obligation.
Selon la tradition prophétique (sunna), on annonce le début du mois de ramadan après avoir cherché le croissant de lune 29e jour du mois précédent le mois de ramadan, le mois de chaabane, qui débute ce week-end. Si le croissant n’est pas visible, alors le mois de chaabane compte trente jours et le mois de ramadan débute non pas le lendemain du jour d’observation, mais le surlendemain ; ce conformément au hadith du Prophète (paix et bénédiction sur lui) qui dit : « Commencez le (mois de) jeûne en le voyant [= le croissant], et cessez le (mois de) jeûne en le voyant. Si (le croissant) demeure invisible, complétez trente jours dans le mois de cha’ban. » (traduction Maison-islam.com).
Or d’une contrée à l’autre, il est possible que les uns observent le croissant de lune alors que d’autres ne le voient pas. C’est ce qui explique que l’on dispose de récits anciens, des premiers temps de l’islam, attestant d’une divergence de dates, en l’espèce entre Médine et la région du Sham (actuellement la Syrie-Palestine).
Observation de la lune : cause du début de ramadan, accessible à tous
Contrairement à ce que l’on peut entendre ça et là, il n’y a pas d’opposition entre un point de vue moderne et un point de vue archaïque, entre la science et le calcul astronomique d’une part et la tradition et l’observation du croissant de lune d’autre part ; ce pour une raison très simple : ce qui rend le jeûne obligatoire, c’est l’observation effective du croissant lunaire ou l’accomplissement du mois précédent ramadan si la lune n’a pas été vue.
Abroger un tel fondement (asl) de la législation islamique par un élément qui n’appartient en rien à la shari’a n’est pas acceptable, comme le rappela voilà quelques années cheikh Ayyub, dans une intervention publique sur le sujet la veille de ramadan, dont nous vous livrons l’extrait suivant.
« Notre Prophète bien aimé (que les salutations et la paix divine soient avec lui) a fait de la vision lunaire ou de l’accomplissement du mois précédent de 30 jours en cas de non vision la cause rendant le jeûne obligatoire.
Une des sagesses de cet ordre prophétique est de lier l’obligation de cet immense acte d’adoration quatrième pilier de l’islam à une cause apparente.
Ceci afin que sa connaissance soit aisée et accessible à chacun, ce qui est d’ailleurs le cas de tous les piliers de l’islam s’adressant à toute la communauté.
Il n’est donc pas licite d’abandonner cet ordre général pour un autre qui ne s’adresserait qu’aux astronomes. »
Ce point est absolument crucial. Dans le reste de son intervention, cheikh Ayyub clarifie avec pédagogie les différents points qui émaillent la polémique autour du début de ramadan. Chacun comprend alors pourquoi le rejet de la sunna (observation du croissant lunaire) et le recours exclusif et a priori au calcul astronomique ne sont pas autorisés. Mais plus important encore: chacun retient que l’unité des jeûneurs dans une même contrée prime. Nous devons jeûner ensemble.
Lire – Début ramadan : abandonner l’observation de la lune n’est pas autorisé (cheikh Ayyub)
Cette année, le ramadan 2020 – 1441 devrait débuter aux alentours du 24 avril in cha’a-Llah. La date définitive sera connue la nuit du Doute, soit la veille après observation du ciel, comme l’exige la tradition.