Il faut se rendre à l’évidence. Plus le mois de ramadan avance sans inflexion majeure de la pandémie du coronavirus Covid-19, plus s’éloigne la perspective de la tenue du hajj cette année.
Evénement mondial, le pèlerinage à La Mecque n’engage pas que l’Arabie saoudite, mais seules les autorités saoudiennes sont en mesure de le maintenir ou de l’annuler.
Annulera n’annulera pas
A quelque trois mois du début du hajj, il apparait toutefois que s’il devait se tenir, ce serait dans des conditions exceptionnelles. On peut imaginer l’Arabie saoudite décider de refuser les ressortissants de pays fortement touché par la pandémie, revoir drastiquement les quotas de pèlerins attribués aux autres pays, exiger une arrivée permettant une mise en quarantaine, généraliser les tests dès l’aéroport et pendant le séjour, recourir à une technologie de pointe pour gérer les flux de pèlerins, etc. Ou, plus drastiquement encore, réserver le hajj aux seuls habitants et résidents du royaume.
En 2009, deux mois avant le début du pèlerinage, la perspective d’une annulation fut ravivée par le décès d’une Egyptienne de 28 ans qui effectuait sa omra (petit pèlerinage). Une réunion d’urgence des ministres des pays arabes et de l’Organisation mondiale de la santé permit de statuer et de finalement le maintenir.
Lire – Virus H1N1 : vers une annulation du pèlerinage à La Mecque ?
Mais 2020 n’est pas 2009. Les conséquences du covid-19 sont autrement plus problématiques que ceux de la grippe H1N1 : fermeture des frontières, suspension de vols internationaux, confinement, quarantaine, couvre-feu, faillite de compagnies aériennes et plus encore risque d’un gigantesque cluster de quelque deux millions d’individus qui à la fin du hajj retourneront dans leur pays ; sans oublier, pour les agences de voyage organisatrices, une activité stoppée net par la pandémie et une reprise gelée par l’Arabie saoudite.
« Nous ne serons jamais prêts »
Traditionnellement, la saison du hajj pour les agences de voyage démarre environ huit mois avant le début du pèlerinage. Cette année, elle a timidement commencé en janvier pour ralentir mi-février et être quasi à l’arrêt dès mars et le confinement. Que décider ? Faire une croix sur le hajj 2020 – 1441 ou temporiser jusqu’à la dernière minute et rassurer les futurs pèlerins tout en espérant sauver in extremis cette saison ?
Ce dilemme, contrairement à l’ensemble de la profession, une association drômoise a choisi d’y mettre un terme début mars.
Lire – Hajj et coronavirus : une association organisatrice jette l’éponge pour l’édition 2020
Deux mois plus tard, les derniers espoirs (illusions ?) d’une reprise d’activité à la faveur du déconfinement – et d’une amélioration de la situation sanitaire en Arabie saoudite — ont été douchés par les récentes déclarations du gouvernement et du président de la République. A tout le moins pour une agence de voyages stéphanoise, l’agence Carnot Voyages.
Dans un communiqué de presse publié cette semaine sur sa page Facebook, cette dernière annonce à son tour qu’elle n’organisera pas le hajj cette année : « Nous ne serons jamais prêts pour pouvoir proposer un produit fiable et viable aux pèlerins et surtout nous ne pouvons à ce jour garantir la sécurité sanitaire à nos pèlerins, donc, nous nous imposons une saison blanche pour cette année 2020. » Et d’ajouter : « Le pèlerinage depuis la France cette année est tout simplement impossible. De ce fait, Carnot voyages France déclare officiellement à ses pèlerins qu’elle ne peut organiser le hajj 2020. »
Quid désormais des autres agences de voyage françaises ? Vont-elles à leur tour renoncer à organiser le hajj ou choisiront-elles d’attendre la décision ultime de l’Arabie saoudite ? Réponse dans les prochains jours et prochaines semaines.