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Marché du halal : « le confinement ne peut justifier une hausse des prix »

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« La crise économique provoquée par le coronavirus pourrait être la plus dévastatrice depuis 150 ans », titrait début juin le quotidien Le Monde. Nombre d’entreprises traversent en effet une période de turbulences. Parmi elles, les entreprises du marché du halal.

Interviewé par Al-Kanz, Moussa Megaïdes, professionnel de longue date sur le marché du halal et directeur général de l’abattoir de volailles Laguillaumie, revient sur l’impact du confinement sur ce marché.

Al-Kanz : Comment se porte le marché de la viande halal après ces deux mois de confinement ?
Moussa Megaïdes :
Le marché de la viande halal n’est pas monolithique. C’est pourquoi, avant de répondre à cette question, il convient au préalable de distinguer trois secteurs :
– les boucheries traditionnelles,
– les restaurants,
– la grande distribution (Carrefour, Auchan, Casino, etc.).

Le confinement a eu un impact inégal. Il faut rappeler que les métiers de bouche ont pu continuer à exercer contrairement aux restaurateurs qui ont eu l’obligation de fermer boutique.

Ainsi, globalement, les boucheries ont eu un chiffre d’affaires qui a augmenté de 30 %, la grande distribution de 40 %, tandis que les restaurateurs ont vu le leur plonger de 80 %.

Derrière ces chiffres, il y a tout de même une forte disparité. Certains commerçants ont multiplié leur chiffre d’affaires par deux ou trois. D’autres ont très peu gagné. Parmi ceux-là, seuls ceux ayant une bonne trésorerie ont limité la casse.

Al-Kanz : les consommateurs musulmans doivent-ils s’attendre à une hausse des prix de la viande, laquelle permettait aux entreprises de compenser les pertes ?
Moussa Megaïdes :
S’il devait y avoir une hausse des prix de la viande halal, elle serait le fait de profiteurs. Ce ne serait en effet pas justifié. La raison est simple : on ne constate pas de hausses des prix sur le vif, c’est-à-dire les animaux, vivants, vendus par les éleveurs.

Tout au contraire ! Le confinement a eu pour conséquence un excédent de viande et donc d’invendus. Rappelez-vous, en avril les représentants de la filière ovine se plaignaient de ne pouvoir vendre leurs agneaux. Aujourd’hui, une bonne part de cet excédent est écoulé sur le marché du halal.

Al-Kanz : On parle beaucoup de « monde d’après ». Pensez-vous qu’il y aura un monde d’après sur le marché du halal ?
Moussa Megaïdes :
Est-ce qu’il y aura un « après halal » suite à la crise du coronavirus et ce confinement de plusieurs semaines ? Bien entendu, mais probablement pas là où on l’attend. Il y a eu pendant des années le halal (sérieusement) certifié, qui fut longtemps l’exception. Il y a désormais l’autocertifié [le producteur certifie lui-même ses viandes, sans recourir à un organisme tiers, NDLR] qui se généralise à grande vitesse

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