Le 1er mai 2017, six jours avant la présidentielle, le candidat Emmanuel Macron tint à se démarquer publiquement de son adversaire Marine Le Pen. Il lui fallait en outre affirmer clairement que la sinistre parenthèse Valls était révolue : les musulmans ne seraient plus la cible de l’Etat comme ils le furent sous le gouvernement de l’ancien maire d’Evry (Essonne). La répression – on se souvient des quelque 4 000 expéditions punitives non pas contre des terroristes, mais contre des musulmans parce que musulmans — allait cesser. Ainsi tweeta le candidat Macron.
Trois ans et demi plus tard, le candidat rassurant a laissé place au président impotent. Et populiste. Dépassé par l’urgence économique, l’urgence sanitaire, l’urgence sociale, l’urgence climatique, Emmanuel Macron a choisi de faire pire que Valls.
Comme l’ancien Premier ministre hier, le président de la République reprend aujourd’hui à son compte la grammaire et les lubies islamophobes d’un groupuscule extrémiste qui a noyauté d’abord le parti LREM, puis le gouvernement par le truchement de la zélée secrétaire d’Etat Marlène Schiappa : le printemps républicain.
Pour les mesures, Emmanuel Macron a prêté l’oreille à un ex-conseiller du dictateur tunisien Ben Ali, Hakim El Karoui, lequel considère, entre autres joyeusetés, que « le halal et le voile sont des marqueurs islamistes ».
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C’est ainsi que le discours du 2 octobre aux Mureaux (Yvelines) du président de la République fut tout entier consacré non pas aux « séparatismes », mais à la criminalisation des musulmans. L’image suivante, tirée d’un montage diffusé lors de l’émission Quotidien, suffit pour s’en convaincre. Les journalistes ont donné à voir toutes les occurrences faisant une référence plus ou moins directe à l’islam.
Conscient de sa défaite annoncée, Nicolas Sarkozy s’en prit aux Rroms dans son discours de Grenoble, le 31 juillet 2010. En vain. Emmanuel Macron se sent, à raison, d’ores et déjà sur la sellette. Plutôt que de tendre l’oreille au candidat Macron, le président a choisi la voie de la radicalisation. Stratégie de loser, derechef.