Installé depuis 2008 aux Emirats arabes unis (EAU), Khaled Boudemagh, entrepreneur français que nous avons eu l’occasion de rencontrer une première fois lors d’un voyage d’affaires organisé en 2012 avec l’association patronale Synergie des professionnels musulmans de France, y a créé deux entreprises. Interview.
Al-Kanz : Commençons par les présentations.
Khaled Boudemagh : Je suis franco-algérien, originaire de Lille et, après un passage de neuf ans à Paris, expatrié à Dubaï depuis janvier 2008.
Professionnellement, je suis salarié dans l’informatique et j’ai ouvert deux sociétés aux Emirats arabes unis : Golden Age Institute, un institut de langues étrangères et Easy Company Dubai, une société d’assistance à la création d’entreprises.
Côté loisirs, outre le sport et les amis, je pratique la prise de parole en public depuis 2017.
Al-Kanz : Pourquoi avoir choisi Dubaï plutôt que la France ?
Khaled Boudemagh : En 2007, je voulais quitter Paris pour essayer une expérience en Grande-Bretagne. J’ai alors été recruté par une société britannique pour travailler à Dubaï.
Ça a été une si bonne expérience qu’au lieu d’y rester seulement une année, comme prévu initialement, j’y suis maintenant depuis plus de treize ans.
A Dubaï, je suis chez moi et j’ai tous mes repères tout comme ma femme et mes enfants. Après tant d’années sur place, nous avons pu développer un cercle d’amis. De plus, avant la pandémie de Covid-19, nous avions la chance de nous voir régulièrement entre nouveaux arrivants et anciens. Depuis, nous avons dû mettre ces rencontres en pause et passer au virtuel.
Al-Kanz : Quelques années après votre installation aux Emirats arabes unis, vous avez décidé de créer votre entreprise, tout en restant salarié. Vous êtes toujours salarié et, doublement, patron. Qu’est-ce qui motive ce choix ?
Khaled Boudemagh : Effectivement, la première chose que j’ai faite en arrivant à Dubaï fut de passer un MBA [de l’anglais « master of business administration », littéralement « maîtrise en administration des affaires », NDLR] ; ce qui m’a permis d’acquérir les compétences requises pour changer de carrière. Après quelques années dans une société gouvernementale immobilière, j’ai décidé d’ouvrir avec un ami l’institut de langues étrangères. La première année, nous avons gardé nos emplois respectifs et recruté du personnel pour développer l’institut, mais ça ne marchait pas. J’ai donc démissionné en 2013 pour me consacrer à cette entreprise à 100 %.
En 2014, j’ai ouvert ma seconde société, Easy Company Dubai, toujours avec des amis et en réponse aux besoins des francophones qui souhaitent s’installer aux Emirats et y ouvrir une société.
Après plusieurs années à développer mes sociétés, j’avais envie de retourner dans l’informatique car, contrairement à ce que je pensais, « l’herbe n’était pas plus verte ailleurs ». J’ai eu l’opportunité de rejoindre une start-up américaine qui ouvrait un bureau aux Emirats en 2019. L’esprit start-up est une très bonne transition pour les entrepreneurs. Je gère en parallèle mes sociétés qui continuent à fonctionner.
Al-Kanz : Vous avez créé d’abord Golden Age Institute, puis Easy Company Dubai, deux entreprises qui s’adressent peu ou prou à ceux qui s’installent ou veulent s’installer à Dubaï. On devine qu’elles sont nées de votre propre expérience en tant qu’expatrié, n’est-ce pas ?
Khaled Boudemagh : L’institut Golden Age vient de mon intérêt pour l’apprentissage de la langue arabe en particulier et des langues étrangères en général. En arrivant à Dubaï en 2008, j’avais découvert avec stupeur qu’il n’existait pas de centres de langues permettant d’atteindre un niveau avancé en langue arabe, comme on pouvait le constater pour l’anglais. Etant donné que les Emirats arabes unis sont un pays arabophone, nous nous sommes dit avec mon associé que c’était une opportunité de se spécialiser dans le domaine. Sauf qu’en réalité, l’Etat n’imposant pas l’apprentissage de l’arabe, les gens n’en font pas une priorité et préfèrent apprendre juste des bases pour parler. C’est pourquoi nous avons dû nous adapter au marché et ajouter d’autres langues à notre catalogue tels que l’anglais, le français, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le chinois et le japonais.
Concernant Easy Company Dubai, il s’agit en effet d’une opportunité qui m’a été proposée par mes associés et qui correspondait à des compétences et expériences que j’avais pu acquérir après quelques années dans le pays. Il y a aussi quelques synergies entre les deux sociétés.
Al-Kanz : Pour finir, fort de votre expérience avec Easy Company Dubai, à qui déconseillerez-vous de créer une entreprise à Dubaï ?
Khaled Boudemagh : Excellente question ! La réponse, je le sais par expérience, devrait en surprendre plus d’un.
Soyons logique, d’un point de vue économique, les Emirats arabes unis représentent une population d’environ 10 millions d’habitants avec plus de 70 % d’Asiatiques et plus de 90 nationalités différentes. Quand on est Français et qu’on fait du business en France, on a potentiellement accès à une population de 70 millions d’habitants qui ont plus ou moins des goûts, des habitudes et une langue que nous connaissons. Il est donc beaucoup plus simple pour un Français de faire du business en France. Avant de penser ouvrir une filiale aux Emirats arabes unis, il y a tellement d’autres régions, voire des pays frontaliers francophones, dans lesquels il sera plus facile de s’installer.
Al-Kanz : A contrario, à qui le conseillerez-vous ?
Khaled Boudemagh : Je le conseillerai par exemple à qui souhaite y vivre et y faire du e-commerce ou une tout autre activité qui peut être menée de n’importe où dans le monde. Lancer une société de commerce international avec l’Asie est aussi une bonne façon de créer son entreprise aux EAU. Avant de prendre une décision d’ouvrir sa société aux Emirats, je conseille de vérifier les aspects de fiscalité avec un conseiller spécialisé pour valider le projet. Il ne sera par exemple pas possible d’ouvrir une société aux Emirats et de continuer à vivre en France sans y déclarer ses revenus perçus de l’étranger et sans y payer ses impôts.
Bien qu’étant un pays désertique, les EAU sont un des rares pays où le désert recule pour laisser place à des projets exceptionnels ainsi que des oasis de verdure dans le désert. J’invite chacun à venir découvrir « l’herbe locale » et y prendre sa décision après avoir constaté si elle y est plus verte ou non. La renommée des Emirats n’est plus à faire, c’est un pays musulman qui marie tradition et modernité avec des infrastructures dernier cri, un confort de vie et une sécurité très appréciables.
Golden Age Institute, ouvert en 2012 à Dubaï, est un institut de langues spécialisé dans l’enseignement de qualité avec des professeurs expérimentés et natifs dans les langues suivantes : arabe, anglais, français, allemand, espagnol, italien, japonais et chinois. Les cours sont dispensés aux individuels et aux sociétés, en ligne ou chez l’étudiant aux Emirats : www.goldenage.ae.
Easy Company Dubai propose depuis 2014 des services d’assistance à la création d’entreprise, de visas et de comptes bancaires aux Emirats arabes unis : www.easycompanydubai.com.