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Loi « séparatisme » : Amnesty International exige que cesse la stigmatisation des musulmans

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C’est aujourd’hui mardi 30 mars que le Sénat examinait le projet de loi contre les musulmans, hypocritement intitulée « confortant le respect des principes de la République ».

Une loi d’exception contre les musulmans

Adopté à l’Assemblée nationale le 16 février dernier, le projet de loi serait la réponse du président de la République Emmanuel Macron à l’« islamisme radical », serpent de mer qui, selon les agendas politiques ou le zèle des délateurs, va de la jeune fille portant un hijab au terroriste de Daesh en passant par l’écolier de six ans accusé de faire du prosélytisme dans la cour de récréation.

Il s’agit en réalité d’un texte liberticide qui vise à criminaliser tout musulman souhaitant pratiquer sa religion. Le bon musulman pour les Darmanin, Blanquer et autres Schiappa est un musulman qui ne l’est plus. Manger halal, accomplir sa prière, porter la barbe ou le hijab… bref, mettre en pratique les préceptes de l’islam, voilà l’islamisme, voilà la menace à éradiquer.

Le bon musulman pour les Darmanin, Blanquer et autres Schiappa est un musulman qui ne l’est plus.

Ne pas adhérer à cette loi liberticide, c’est avoir l’assurance d’être voué aux gémonies, considéré comme suppôt de Daesh et jeté en pâture à l’opinion publique et aux prétendus républicains.

Nous en avons eu un exemple parfait la semaine dernière avec le cas de la mosquée Eyyub-Sultan de Strasbourg. Son refus de signer la charte de la honte, rédigée par les services du ministère de l’Intérieur et portée sans vergogne par le Conseil français du culte musulman, lui a valu un tombereau de calomnies, d’injures et de diffamations, dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Sans valeur juridique ni contraignante, cette charte est toutefois utilisée par le gouvernement actuel comme un moyen de pression et de ségrégation : la signer, c’est être avec Macron, ne pas la signer c’est être contre la République, la France, le camp du Bien. George Bush approuve. Pas Amnesty International.

« Il faut que cesse cette stigmatisation »

A l’instar de nombreux acteurs musulmans et non musulmans en France, l’organisation de défense des droits humains fustige le « contexte de discours stigmatisant relatif aux personnes musulmanes et à l’islam » et « craint que cette loi ne soit appliquée de façon discriminatoire ».

Lire – La France instrumentalise ses « valeurs républicaines » pour en faire un moyen d’exclusion

C’est pourquoi elle « demande que les nombreuses dispositions de ce texte qui posent problème soient supprimées ou modifiées ».

Ne se laissant pas prendre au jeu de dupes de la classe politique française, de l’extrême droite à la gauche incluse, Marco Peroloni, chercheur chez Amnesty International, pointe sans détour la duplicité du gouvernement : « le projet de loi laisse la porte ouverte aux abus et met en danger les libertés d’expression et d’association, que les autorités françaises affirment pourtant vouloir protéger ».

Et de pointer « plusieurs éléments de ce projet de loi [qui] suscitent des inquiétudes quant aux obligations qui incombent à la France concernant le respect des droits à la liberté d’association et d’expression, et du principe de non-discrimination ».

Lire – La France n’est pas la championne de la liberté d’expression qu’elle affirme être

« Une fois de plus, nous constatons que les autorités françaises utilisent le concept vague et mal défini de « radicalisation » ou d’ »islamisme radical » pour justifier l’adoption de mesures sans motifs valables, qui risquent de conduire à une discrimination dans leur application à l’égard des personnes musulmanes et d’autres groupes minoritaires. Il faut que cesse cette stigmatisation », conclut le chercheur.

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