Cette année encore, nombre de consommateurs musulmans qui ont passé commande chez leur boucher ou dans un hypermarché de la grande distribution vont se faire avoir.
Seuls celles et ceux qui ont un boucher transparent et honnête ne seront pas trompés, ainsi que ceux qui auront choisi de faire abattre leur mouton dans un abattoir type abattoir mobile, car ils assisteront à l’abattage et pourront s’assurer de visu que le sacrifice est respecté.
La majorité des moutons sacrifiés seront frauduleux
Dans l’écrasante majorité des cas, le mouton ne sera pas un mouton de l’aïd, car :
1- la bête aura été abattue avant la prière du jour de l’aïd, soit quelques heures avant dans le cas du boucher qui s’est rendu lui-même dans la nuit dans un abattoir pour y abattre les moutons et être certain de les commercialiser le matin de l’aïd,
2- soit plusieurs jours avant dans le cas généralement d’importation depuis des pays étrangers, qui plus est sans garantie que le mouton soit halal.
Le marché de Rungis, en région parisienne, est en la matière un cas d’école. La semaine précédant l’aïd, des milliers de carcasses de moutons importées de l’étranger sont stockées dans des chambres froides du pavillon viandes. Elles y attendent ces nombreux bouchers musulmans d’Ile-de-France et d’ailleurs qui viennent se fournir auprès de grossistes tout aussi peu scrupuleux qu’eux.
Ce qu’est un mouton de l’aïd
Deux points essentiels sont à retenir.
1- Un mouton de l’aïd est un mouton qui doit être abattu après la prière de l’aïd, laquelle a lieu tôt le matin.
2- Un mouton de l’aïd doit être halal.
Les escrocs misent sur l’inaction des musulmans
Si ces arnaques durent depuis des décennies, les fraudeurs ne doivent leur salut qu’à l’inaction des premiers concernés, leurs clients musulmans. Il suffirait pourtant bien peu pour régler tout ou partie du problème, à condition d’agir dans la durée et non juste avant ou juste après la fraude.
Une mobilisation sur Internet et les réseaux sociaux permettrait a minima de renforcer la prévention et de permettre dans une certaine mesure de contenir le phénomène. Il revient ensuite aux victimes de cette tromperie, aux associations, aux mosquées de faire valoir leurs droits auprès par exemple des services de la Répression des fraudes.
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La situation, grave, n’est en rien inéluctable. Chacun peut agir : mamans au foyer, employés, étudiants, adolescents, retraités, cadres supérieurs, riches, pauvres, grands, petits, bac+10 ou analphabètes. Voici quelques suggestions que nous vous proposons de lire, de vous approprier et de diffuser autour de vous et sur Internet.
La fraude reculera si vous menez l’une de ces actions
Une série d’actions est à la portée de tous. Voici quelques idées très concrètes.
1- Alertez vos voisins au sujet des moutons de la grande distribution
Sensibilisez vos proches et vos voisins musulmans sur ce que doit être un mouton de l’aïd. Invitez-les à ne pas acheter leur mouton dans la grande distribution, car le sacrifice n’y est pas respecté. Si vous ne faites rien, beaucoup achèteront un mouton non seulement qui n’est pas un mouton de l’aïd, mais qui n’est pas halal.
2- Demandez à votre mosquée d’agir et de sensibiliser les fidèles
L’imam ou le responsable de la mosquée ont une influence importante sur les fidèles. Ils ont par ailleurs un rôle important à jouer dans l’éveil et la prise de conscience qui doit se faire dans la communauté musulmane. Il demeure encore des responsables, souvent âgés, qui préfèrent se faire tout petits. Ce sera peut-être difficile de les convaincre de l’urgence d’une mise en garde contre la fraude. Il faut tout de même essayer.
3- Accompagnez le boucher lors de l’abattage des moutons
Sollicitez les responsables de la mosquée afin qu’un groupe de quatre ou cinq personnes rendent visite aux différents bouchers musulmans de la ville et dans l’hypermarché qui propose une offre « mouton de l’aïd ». Ce groupe proposera à ces bouchers qu’ils soient accompagnés le jour de l’aïd afin de s’assurer que tout se passera comme le veut la tradition. Les bouchers musulmans doivent faire preuve de transparence et indiquer concrètement d’où viennent leurs moutons et comment ils seront abattus.
Les bouchers honnêtes n’y verront rien à redire. Ceux qui se fournissent en mouton non halal, par exemple à Rungis, crieront au scandale. C’est pourtant vers cette vigilance de proximité que nous devons tendre dans les années à venir.
4- Alertez la Répression des fraudes
Si votre hypermarché propose un mouton de l’aïd prévenez immédiatement la Direction générale de la répression des fraudes, l’ancienne DGCCRF, pour lui demander d’intervenir afin de vérifier que le consommateur ne sera pas abusé. Les inspecteurs devront vérifier que le mouton sera bien abattu le jour de l’aïd et pas avant et qu’il sera bien abattu dans le respect des règles du halal. Sinon, il y aura tromperie du consommateur.
De même, si vous habitez en Ile-de-France, écrivez dès aujourd’hui à la DDPP afin de lui demander de procéder à une enquête sur les moutons de Rungis. Les milliers de moutons qui y arrivent depuis plusieurs jours doivent être contrôlés par les services de l’Etat.
Pour retrouver les coordonnées de l’ex-DGCCRF, aujourd’hui DDPP, de votre département, rendez-vous sur le site suivant : Liste des directions départementales de la protection des populations (DDPP) et des directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP).
N’hésitez pas à joindre le lien des articles ci-dessus pour étayer votre requête.
5- Appelez votre hypermarché s’il propose à la vente des moutons de l’aïd
Votre hypermarché propose des moutons de l’aïd. Appelez-le pour qu’il vous assure que les pratiques illicites ne sont que vieux souvenirs. Aucune enseigne ne doit pouvoir vendre de façon opaque ses moutons de l’aïd, depuis tant d’années non halal et abattus avant la prière de l’aïd. Si nous agissons ensemble de concert en ne laissant rien passer, nous réussirons à faire changer les choses. Mais, il faut agir.
6- Informez vos amis sur Facebook, Twitter, Instagram, Whastapp, etc.
Ensemble, grâce à Internet et aux réseaux sociaux, nous pouvons changer radicalement la donne. Les escrocs ont peur de la lumière et redoutent les consommateurs avertis. Plus les musulmans seront informés, plus ils seront à même de se protéger contre les fraudeurs qui sur le marché de la viande halal sont légion. Votre vigilance tout comme votre smartphone ou votre souris d’ordinateur sont une arme redoutable contre la fraude.
Si les musulmans ne se mobilisent pas, ce sans attendre qu’agisse à leur place une quelconque instance ou autorité publique ou communautaire, ils continueront à être méprisés et floués, comme ils le sont depuis des décennies.