Hajj 2022 : pourquoi nous ne publions pas la liste des agences de voyages agréées

A l’approche du hajj 2022 – 1443, qui devrait commencer aux alentours du 8 juillet prochain, vous êtes un certain nombre à nous avoir sollicité et demandé la liste des agences de voyages agréées pour organiser le pèlerinage.

Des données sans queue ni tête

Après avoir passé plusieurs heures à compulser, sur le site du ministère saoudien du Hajj et de la Omra, ce qui devrait être la liste officielle et définitive, à discuter avec des professionnels du secteur, à procéder à moult vérifications sur des sites spécialisés et généralistes, ainsi que sur des sites d’agences et plus généralement sur Internet, nous avons décidé tout bonnement de ne rien publier.

La tâche s’est avérée complexe. Nous avons bien relevé — et même élaboré un tableau prêt à être mis en ligne — le nom et les coordonnées des agences figurant sur le site du ministère saoudien. Ce travail a été laborieux et poussif : alors même que nous avons pris soin de sélectionner le pays, en l’occurrence la France, nous avons obtenu une liste sans queue ni tête de plus de 600 noms.

Sur ces 600 noms, nous avons pu identifier 53 agences de voyages françaises. Tout le reste est impossible à identifier, sauf à y passer des jours pour un résultat improbable : pas d’adresse, pas de numéro de téléphone, pas d’e-mail, des coquilles, et des noms d’agences… étrangères.

Eviter l’erreur, la faute

Que faire de cette liste de 53 agences ? La vérifier, bien évidemment : très vite, il nous est apparu que des agences historiques n’y figurent pas. Nous l’avons donc comparée avec la liste des agences agréées pour le hajj de 2018. Surprise : une trentaine de noms, pour certains dans le domaine depuis des décennies, sont absents. A contrario, une trentaine de nouveaux noms apparaissent. Fallait-il comprendre que ces dernières ont remplacé les premières ?

Vérification faite, les agences portées disparues n’ont pas été radiées. On compte bien cinq ou six agences historiques blacklistées par l’Arabie saoudite, mais pas plus. Autre explication : il est probable que certaines d’entre elles n’ont pas respecté les délais administratifs pour faire valider leur agrément, qui a tardé à leur être attribué.

Publier cette liste de 53 agences aurait été une erreur et une faute : une erreur, car elle ne correspond à la réalité. Une faute, car nous aurions lésé toutes les agences, agréées à ce jour, qui n’y figurent pas. La défiance des consommateurs musulmans à l’encontre des professionnels du hajj est suffisamment importante pour éviter de jeter de l’huile sur le feu.

Vers l’annulation du hajj pour des milliers de pèlerins ?

Oui, mais que faire ? Où trouver cette liste ? Qui peut la fournir ? La réponse est simple : personne. Les autorités saoudiennes se font désirer.

Si la Malaisie, l’Indonésie et l’Inde ont envoyé ou s’apprêtent à envoyer des pèlerins à La Mecque, les agences de voyages notamment d’Europe, des Etats-Unis et des pays du Commonwealth attendent toujours le feu vert, qui leur permettra de lancer la saison du hajj. Autant dire qu’elles craignent le pire.

En Belgique, l’agence Tayba Travel a choisi de jeter l’éponge.

En France, les professionnels du secteur ne sont pas plus rassurés. L’ouverture, vendredi 3 juin, aux inscriptions pour les pèlerins locaux n’y change rien. Elle ne dit en effet rien des décisions à venir pour les pèlerins étrangers.

En se murant dans le silence, les autorités saoudiennes ôtent aux voyagistes toute marge de manoeuvre. Comme leurs clients et des dizaines de milliers de prétendants au pèlerinage à travers le monde, ces derniers doivent attendre et subir.

La possibilité d’une annulation pure et simple du hajj pour les pèlerins de France — mais pas seulement — ne s’est jamais fait autant sentir qu’aujourd’hui.