Hajj 2023 – 1444 : attention aux rumeurs et aux fausses informations

Traditionnellement, en France, les premiers candidats au hajj réservaient leur séjour auprès des agences de voyage à quelque huit à neuf mois du début du pèlerinage à La Mecque. Les voyagistes avaient alors tout le loisir de nouer des partenariats avec les compagnies aériennes, les hôtels et autres prestataires. A partir du mois ramadan, il devenait plus difficile, mais pas impossible, de trouver une place. Mais cela c’était avant.

Des agences de voyages écartées

Avant la pandémie de coronavirus Covid-19, et surtout avant le lancement en 2022 de la plateforme de réservation en ligne Motawif : dans l’ensemble des pays d’Europe, des Amériques et pour l’Australie, les agences de voyages ne sont plus de la partie. Elles ont été totalement écartées du secteur du hajj.

Depuis cette reprise en main, pour le moins énergique, par l’Arabie saoudite de l’organisation du pèlerinage, nombre de musulmans sont décontenancés. L’activisme de certaines agences de voyages n’arrange rien.

Plutôt que jouer cartes sur table, un certain nombre de voyagistes brouillent les cartes. L’Arabie saoudite les a écartés ? Pourtant, depuis plusieurs mois, les plus offensifs proposent des forfaits, des dates de départ et d’arrivée, des hôtels, etc. Bref, pour attirer le chaland musulman, ces derniers font mine d’être toujours des intermédiaires légitimes, alors qu’il n’en est rien. Prudence et vigilance sont de mise.

Nous vous proposons de clarifier quelque peu la situation en répondant aux principales questions qui reviennent en boucle ces derniers temps.

Hajj 2023 : questions et réponses

Depuis plusieurs mois, Internet bruisse de bien des questions : sur Facebook, Instagram, Twitter, comme dans nos différentes messageries sur les réseaux sociaux ou notre mail, ce sont les mêmes interrogations. Malheureusement à ces questions légitimes, certains voyagistes apportent des réponses parfois douteuses.

1- Est-il vrai que les inscriptions pour le hajj au départ de France doivent passer par les agences de voyages ?

Les autorités saoudiennes le martèlent depuis plusieurs mois : Nusuk Hajj est la seule plateforme de réservation en ligne agréée pour les pèlerins d’Europe, des Amériques et d’Australie. A ce jour, c’est toujours cette règle qui prévaut : les candidats aux pèlerinages doivent s’inscrire uniquement sur ce site officiel à l’adresse suivante : http://hajj.nusuk.sa.

2- Des agences de voyages nous affirment qu’elles sont « agréées » par l’Arabie saoudite. Qu’en penser ?

Depuis plusieurs mois, avant même le lancement officiel de la plateforme Nusuk Hajj, des agences de voyages démarchent de potentiels pèlerins en leur laissant croire qu’elles sont un passage obligé pour espérer obtenir son sésame pour La Mecque. C’est faux. Depuis 2022, toutes les démarches se font exclusivement en ligne. Il n’existe plus d’agences agréées comme ce fut longtemps le cas.

Cela étant dit, il est vrai qu’après le fiasco Motawif, le recours à quelques agences partenaires s’est rapidement posé ; si bien qu’une réflexion a été entamée et que des discussions sont encore menées. Au moment où nous écrivons ces lignes, ces tractations n’ont donné lieu à aucune communication des autorités saoudiennes.

C’est pourquoi il convient de s’en tenir à une ligne et une seule : attendre les décisions définitives et officielles que rendra publiques l’Arabie saoudite.

3- Faut-il verser un acompte de 500 à 2 500 euros à ces agences lors de notre inscription ?

Non. « Les forfaits peuvent être réservés directement via Nusuk Hajj. Ne suivez pas les rumeurs et les fausses offres provenant d’organisations non autorisées. » Cette mise en garde a été publiée mardi 11 avril sur Twitter par le compte officiel de la plateforme Nusuk Hajj. On ne peut faire plus clair.

Or des agences de voyages approchées par des candidats au hajj exigent qu’on leur reverse un acompte qui selon nos informations varie entre environ 500 et 2 500 euros. Non remboursables.

Cette demande est d’autant plus surprenante qu’aucun forfait ni tarifs n’ont encore été dévoilés. Sur Nusuk Hajj, il n’est possible pour l’heure que de se préinscrire. D’ici peu, l’Arabie saoudite permettra à chacun de choisir le forfait de son choix. Sauf changement officiel, il faudra alors pour valider son inscription payer directement sur le site Web, sans passer par des tiers.

En résumé, ne versez aucun acompte aux agences qui le demandent. Elles ne sont pas dans leur droit. Acceptez tout au plus d’être ajoutés à une liste d’information pour être prévenus en temps voulu.

Si d’aventure vous tenez tout de même à payer par avance, exigez de signer un contrat en bonne et due forme avec l’agence, sur lequel doivent être indiquées les conditions générales de vente. Prenez soin de vérifier que cet argent vous sera restitué, que vous partiez finalement au hajj ou non. Attention, certaines agences refusent tout remboursement. Elles vous proposeront au mieux un avoir à dépenser ultérieurement.

4- Des agences affirment avoir obtenu une licence pour organiser le hajj ? Qu’en penser ?

En 2022, l’Arabie saoudite a confié l’organisation du hajj à Traveazy, société privée derrière la plateforme de réservation en ligne Motawif. Il s’agissait de ce que l’on qualifierait en France de « délégation de service public ».

Pour l’édition 2023, exit Motawif. Pour autant, pas question de confier l’organisation du pèlerinage à l’administration. Traveazy a été remplacée par douze agences, toutes aussi privées, celles dont on voit les logos sur l’image ci-dessus.

Les agences de voyages françaises qui affirment abusivement être « agréées » ont en réalité simplement signé un partenariat avec l’une de ces sociétés privées, lequel n’engage en rien les autorités saoudiennes.

Pour l’heure, rien n’est définitivement acté. Tout le monde est dans le flou. Même ces agences qui encaissent des acomptes et publient tarifs et forfaits : elles ne savent pas si elles seront in fine de la partie, pas plus qu’elles ne connaissent les forfaits ou les prix qui seront proposés sur la plateforme Nusuk Hajj.

En agissant comme si elles avaient la main sur l’organisation, ces agences cherchent à doubler la concurrence et s’assurer une part du gâteau, qui pourrait être bien petit cette année.

5- Est-ce les agences qui inscrivent les futurs pèlerins auprès des autorités saoudiennes ?

Pour l’heure, une fois encore, il faut s’en tenir aux recommandations officielles : ce sont les candidats au hajj qui doivent s’inscrire.
Dans les prochains jours, l’Arabie saoudite pourrait indiquer publiquement qu’elle délègue la prise en charge des pèlerins français à des partenariats tierces. Dans ce cas, avant tout engagement, il faudra d’abord clairement identifier lesdits partenaires, agences de voyages ou autres, et ensuite s’assurer du rôle qu’ils joueront.

6- Les prix avancés par certaines agences sont-ils exacts ?

Les autorités saoudiennes n’ont pas encore rendu publics les forfaits et les prix pour le hajj. Les tarifs avancés par ces agences ne sont que des hypothèses, des suppositions, qui peuvent certes s’avérer plus tard, sinon exactes, proches de la réalité, mais qui ne sont pas les tarifs officiels. Seuls les prix affichés sur Nusuk Hajj sont à prendre en compte.

7- Comment et à partir de quelles dates faut-il s’inscrire au hajj ?

Il est possible de s’inscrire sur la plateforme Nusuk Hajj depuis le 8 février dernier, date de son lancement officiel. L’inscription compte plusieurs étapes. Après avoir créé votre profil et fourni les informations et les documents nécessaires (passeport, photo d’identité), votre candidature sera soumise à vérification. Ensuite, il convient de patienter. L’étape 4, autrement dit celle du choix des forfaits, n’est pas encore accessible. Il faut attendre leur mise en ligne qui pourrait advenir dans les prochains jours.

8- Quel rôle joueront les éventuelles agences de voyages officiellement autorisées à participer au hajj ?

Sauf évolution et annonce officielles dans les prochains jours, même si des agences de voyages devaient finalement être habilitées à participer au hajj, il est prévu à ce jour qu’elles ne soient que des prestataires de service au même titre qu’une compagnie aérienne ou un hôtel. Elles ne seront ni celles qui détermineront les tarifs et les forfaits ni celles qui organiseront le hajj de A à Z comme à l’ancienne, c’est-à-dire comme jusqu’en 2019. Elles n’auront qu’un rôle secondaire.

Concrètement, toujours dans l’éventualité de la participation d’agences de voyages, lorsqu’il s’agira de choisir votre forfait, vous devrez choisir comme guide l’une de celles proposées.

Il n’est pas possible à ce jour de savoir si le choix éventuel d’une agence sera possible indépendamment du choix du forfait.

8- Quel quota de pèlerins a été attribué à la France par l’Arabie saoudite ?

A ce jour, les autorités saoudiennes n’ont toujours pas dévoilé les quotas de pèlerins pour les 57 pays concernés d’Europe, des Amériques et pour l’Australie.

Si l’Arabie saoudite a prévu d’accueillir cette année quelque 2,5 millions de pèlerins, soit autant qu’avant la pandémie de Covid-19, il ne faut pas s’attendre à ce que l’on revienne à des quotas équivalents à ce que la France a pu connaître jadis : l’arrivée en 2022 de 32 nouveaux pays entrants a radicalement changé la donne, puisqu’il faut désormais compter aussi avec leurs pèlerins.

Notons toutefois que, contrairement à l’an dernier, il n’y aura pas de tirage au sort. La règle du « premier arrivé, premier servi » est celle qui prévaut.

Prudence et patience

En résumé, la prudence s’impose : tant que les autorités saoudiennes n’ont pas rendu publiques les modalités du hajj pour les pèlerins d’Europe, des Amériques et d’Australie, il convient de s’en tenir aux informations livrées en février dernier lors du lancement de Nusuk Hajj.

S’inscrire sur la plateforme Nusuk Hajj et attendre la publication des forfaits et prix, et l’éventuelle annonce de la participation d’agences de voyages depuis la France, voilà tout ce que les candidats au pèlerinage doivent faire.

Prudence et patience s’imposent : s’engager financièrement auprès d’agences de voyages aventureuses qui s’avancent alors même qu’elles n’ont aucune maîtrise sur l’organisation du hajj pourrait coûter cher. Vous pourriez non seulement ne jamais revoir votre argent, ni même pouvoir partir au hajj.

[Publié à mercredi 12 avril à 15h03. Mis à jour vendredi 14 avril à 00h15]