Dans un rapport publié le 19 juillet dernier, Human Rights Watch dénonce des « graves abus à l’encontre de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile africains noirs », perpétrés par « la police, l’armée et la garde nationale tunisiennes, y compris les garde-côtes ».
Marié à une Tunisienne et installé en Tunisie depuis dix ans, Habib — appelons-le ainsi —, musulman et d’origine congolaise, confirme les propos recueillis depuis plusieurs mois par l’ONG.
« Nous sommes des étrangers, mais il y a aussi des Noirs qui sont tunisiens d’origine qui subissent les mêmes problèmes de racisme que nous », confie-t-il au site d’informations Dunia Kongo Media.
Parce que la négrophobie dans les pays arabes en général, au Maghreb en particulier, est tout à la fois prégnante et tue, voire tout bonnement niée — trop souvent au nom de l’universalisme prôné par l’islam —, nous avons choisi de relayer le témoignage de ce chercheur spécialisé dans les minorités islamiques en Afrique et fin connaisseur de la situation des Noirs en Tunisie.
Il nous a récemment coûté d’avoir dénoncé, sur les réseaux sociaux, le racisme anti-noir par des internautes maghrébins ou d’origine maghrébine, animé par un nationalisme primaire.
Malgré tout, il nous en coûtera toujours moins que les vies perdues de ces femmes, ces enfants, ces hommes jetés, depuis tant d’années, dans le désert comme de vulgaires déchets parce que noirs. En Algérie, au Maroc, en Libye, en Tunisie, etc.
Faut-il rappeller ce hadith notoire dans lequel le Prophète ﷺ invite les musulmans à délaisser l’esprit tribal, le nationalisme, qu’il qualifie de « pourriture ».
Ou encore redire, avec l’imam Zaïd Shakir, que le concept moderne d’Etat-nation, tant convoqué par les négrophobes pour agonir les Noirs et nier leur existence, est fondamentalement contraire aux enseignements de l’islam lorsqu’il pousse les uns à s’en prendre aux autres ; cette asabiyah (tribalisme fanatique, selon la traduction de Z. Shakir) qui encourage à aider les siens et à opprimer autrui, d’après la définition donnée par le Prophète ﷺ lui-même.
