Souvenez-vous. En février 2022, nous vous proposions de répondre à un appel à témoignages de Mediapart.
Le site d’informations en ligne offrait « la parole, au moins une fois par semaine, à travers des reportages, des enquêtes, des portraits », aux victimes de racisme. Il s’agissait « de raconter, à travers cette “Chronique de la haine ordinaire”, ce que le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme, entretenus par nombre de candidats et de médias, font à ce pays, et avant tout à celles et ceux qui subissent ces discriminations au quotidien ».
Un an plus tard, Mediapart publiait en collaboration avec les éditions du Seuil un ouvrage collectif, La Haine ordinaire – Des vies percutées par le racisme, dans lequel les lecteurs retrouvent des enquêtes initialement publiées en ligne et augmentées d’entretiens avec des sociologues et autres historiens.
Les treize récits, rapportés dans le livre, « qui racontent un empoisonnement quotidien ou un basculement » n’ont malgré tout pas épuisé le sujet. Le travail continue. Des journalistes de Mediapart ont en effet choisi d’aller plus loin, en s’intéressant notamment à l’islamophobie sous ses différentes formes.
Beaucoup l’ignorent, mais des imams, des prédicateurs, des mosquées, des commerçants et entrepreneurs musulmans, tout comme des particuliers, anonymes ou ayant une relative visibilité sur les réseaux sociaux, reçoivent régulièrement des menaces de morts, des lettres anonymes leur promettant le pire. Lieux de culte, locaux commerciaux, maisons personnelles sont aussi parfois la cible d’actes de vandalisme motivés par la haine des musulmans.
Ces faits sont peu connus, car ils sont tus par celles et ceux qui en sont pourtant les premières victimes. Ce choix, malheureux, de ne « pas faire de vagues » est délétère : il invisibilise totalement cette islamophobie qui s’exprime à bas bruit.
Mediapart – Votre mosquée a été prise pour cible ? Aidez-nous à cartographier la haine antimusulmans
Parce qu’ils craignent les conséquences d’une médiatisation, les musulmanes et les musulmans qui subissent ce racisme ordinaire préfèrent faire le dos rond. C’est là, de prime abord, une réaction qui peut se comprendre : on peut penser qu’offrir de la visibilité à de tels actes alimente l’islamophobie.
Il n’en est rien. La lutte contre le racisme ne se fait ni dans le silence ni dans l’effacement des actes de haine. Il faut parler, il faut témoigner, il faut dire l’islamophobie, la donner à voir. Dans nos sociétés modernes, de la télévision aux réseaux sociaux, ce qui ne se voit pas n’existe pas, ce qui n’est pas vu n’existe plus.
C’est pourquoi, si vous avez été victimes d’actes islamophobes, si vous avez encore en votre possession des photos, des lettres d’insultes, de menaces ou tout autre élément tangible qui dit l’islamophobie, qui la montre, témoignez !
Contactez directement la rédaction de Mediapart à l’adresse suivante : contact@mediapart.fr et racontez. Se taire n’est plus une option.