Ramadan 2024 – 1445 : la nuit du doute aura lieu (plutôt) dimanche 10 mars

Ramadan 2024 – 1445. Le mois de chaabane, huitième mois du calendrier musulman, a débuté dimanche 11 février dans une majorité de pays, lundi 12 dans quelques autres.

Lire – 1er chaabane 1445, huitième mois du calendrier musulman

29 chaabane, nuit du doute et début de ramadan

Comme chacun le sait, le calendrier musulman est associé à la vision du croissant lunaire. En fin de mois (lunaire, insistons), le 29 précisément, des comités s’attellent à scruter le ciel pour tenter de voir la lune, ce après le coucher du soleil ; d’où la référence, somme toute évidente, à la nuit.

Si le croissant lunaire est bel et bien vu, il annonce la fin du mois en cours et le début du mois suivant. En revanche, si les observateurs ne le voient pas, le mois en cours comptera un jour de plus, soit trente jours. Avant le résultat définitif, c’est l’incertitude ; d’où la référence au doute.

La date du 29 chaabane a ceci de particulier qu’elle correspond à la nuit du doute durant laquelle se détermine le premier jour du mois de ramadan.

Dans un hadith notoire, le Prophète ﷺ dit, en substance : « Commencez le [mois de] jeûne en le [le croissant lunaire, NDLR] voyant et cessez le [mois de] jeûne en le voyant. Si [le croissant] demeure invisible, complétez trente jours dans le mois de chaabane. » (hadith rapporté par les imams Bukhari et Muslim)

Deux dates pour le début de chaabane

Toute l’année, les mois du calendrier musulman ne débutent pas nécessairement en même temps selon que l’on vit à Kuala Lumpur ou à Alger, à Zanzibar ou à Buenos Aires, à Vladivostok ou à Isirhs. De Toronto à Jakarta, le début de chaque mois musulman n’est jamais le même à travers le monde. Le mois de ramadan ne fait pas exception.

Faut-il s’émouvoir ou pire encore s’offusquer au point de verser dans l’invective, la polémique et la calomnie, comme on le constate malheureusement régulièrement, lorsque les dates de début de ramadan diffèrent d’un pays à l’autre ? Assurément non.

S’il y a quelque chose de grisant à commencer le jeûne à l’unisson, cela n’a jamais été un impératif. Ce qui importe, c’est que le mois de ramadan débute un même jour pour les musulmans d’un même pays, d’une même contrée ; non pas que l’ensemble monde musulman commence à jeûner le même jour.

Cette année par exemple, il est probable qu’il y ait deux dates différentes pour ramadan, puisque chaabane a débuté à deux dates différentes :

• dimanche 11 février dans les pays suivants : la Tunisie, l’Égypte, la Mauritanie,  la Malaisie, l’Indonésie, le Soudan, la Jordanie, le Koweït, le Yémen, l’Algérie, Bahreïn, Bruneï, le Canada, la Syrie, la Palestine, le Maroc, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar, la Libye, le Japon, la Côte d’Ivoire, le Kenya, la Tanzanie, la Thaïlande, le Liberia, le Sénégal, Trinité-et-Tobago, le Mali, la Gambie, l’Autriche, l’Italie, les Maldives.
• lundi 12 février dans ces autres pays : l’Inde, l’Afrique du Sud, le Pakistan, la Nouvelle-Zélande, le Sri Lanka, l’Australie, les Iles Fidji, le Ghana, l’Ile de la Réunion, l’Ile Maurice, les Comores.

De fait, le 29 chaabane, date de la nuit du doute, diffèrera :

• pour le premier groupe de pays, il correspondra au dimanche 10 mars,
• pour le second au lundi 11 mars.

Ce qui porte le premier jour de ramadan à :

• lundi 11 ou mardi 12 mars pour les pays ayant débuté chaabane le 11 février,
• mardi 12 ou mercredi 13 pour le second groupe ayant débuté chaabane le 12 février.

Quid de la France ?

Pour le Conseil français du culte musulman (CFCM), le calendrier musulman n’est pas un sujet ; pas plus que pour ses fédérations dissidentes, emmenées par la mosquée de Paris. Il n’existe pas. Il n’y a pas de calendrier musulman, il n’y a que les dates de la nuit du doute, du premier ramadan et des deux aïds.

Ces instances censées représenter les musulmans ont ces dernières années annoncé très tôt par communiqués les dates de début de fin du ramadan, jetant aux oubliettes le calendrier musulman basé sur la vision sans avoir préalablement a minima engagé une consultation avec les musulmans eux-mêmes, qui ont le sait sont très attachés à la tradition et la position ultramajoritaire dudit recours à la vision.

Ces postures autoritaires, toutes à la fois motivées par des raisons politiques et scientistes, ne rassemblent pas les musulmans, elles les divisent. Il existe pourtant une solution à portée de mains : mettre en place un observatoire d’observation du croissant lunaire, comme le fut feu l’Observatoire lunaire des musulmans de France (OLMF) qui s’attachait, de mars 2014 à septembre 2022, à observer tous les mois le ciel et à livrer les résultats de ses observations.

Il suffirait que le CFCM se défasse de sa posture politicienne et toute l’année décrète sur la base de l’observation de la Lune la date de chaque mois du calendrier musulman pour faire en sorte que le calendrier musulman ne soit plus un sujet de discorde en France.