Lancée en 2005, la campagne internationale BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) vise d’une part à mettre fin à la colonisation, à l’occupation et à l’apartheid, d’autre part à exiger l’application du droit au retour des réfugiés. Cette campagne est le résultat d’une large coalition forte de la participation de 172 organisations de la société civile palestinienne.
Après une interview sur le boycott comme outil de pression, publiée en janvier dernier, deux mois après le début du génocide à Gaza, Monira, militante BDS, a accepté de nouveau de répondre à nos questions. Cette fois, sur le lancement d’une antenne du mouvement.
Al-Kanz : A la recherche d’informations concrètes pour lancer une antenne BDS dans leur ville, des internautes se demandent d’une part s’il y a des conditions à remplir, d’autre part par quoi et par où commencer. Que leur répondez-vous ?
Monira : Pour rejoindre la campagne BDS, campagne palestinienne antiraciste et internationaliste, c’est très simple. Il faut d’abord vérifier que vous êtes d’accord avec la ligne politique, en lisant l’appel BDS et la charte. Ensuite, consultez le site pour savoir s’il existe un comité dans votre ville ou le guide pour en créer un.
Al-Kanz : Quelles sont les principales actions qu’une antenne locale peut mettre en place pour contribuer efficacement au boycott d’Israël et au soutien de la Palestine ?
Monira : Un comité BDS peut organiser des actions devant les entreprises ciblées : une distribution de tracts devant un magasin Carrefour, un sit-in devant McDonald’s ou l’interpellation par courrier de responsables d’agence Axa.
Il peut aussi organiser des mobilisations de boycott sportif (drapeaux palestiniens au Tour de France) ou de boycott culturel, quand des institutions israéliennes sont impliquées dans des événements culturels en France ou en Europe.
Il s’agit parfois d’interpeller des artistes pour qu’ils annulent leur concert ou leur spectacle en Israël, puisque c’est un outil puissant du soft power de l’Etat colonial.
Du côté des universités, il y a un gros travail à mener, à la fois pour, en France, reparler de la question palestinienne dans ces espaces de construction du savoir, mais aussi pour travailler à la rupture des partenariats avec les institutions israéliennes d’enseignement supérieur, très liées à la colonisation et à la recherche militaire.
L’actualité nous montre que plus que jamais il y a un gros travail à mener dans le cadre de la campagne Embargo militaire, puisque des armes françaises sont livrées à Israël et participent au génocide en cours.
Toutes ces campagnes doivent être menées dans le cadre de coalitions larges, avec des syndicats, des associations, des groupes politiques et militants. Le nombre contribue au rapport de force.
Al-Kanz : Comment BDS France accompagne-t-elle ses antennes locales dans leurs efforts ? Existe-t-il des formations ? Met-elle à disposition des ressources, des outils ? Dans quelle mesure les nouveaux venus peuvent-ils compter sur les antennes déjà existantes ?
Monira : La campagne BDS France se réunit tous les trimestres dans le cadre d’une coordination nationale. Les antennes peuvent toutes être présentes ou représentées.
Évidemment, un gros effort est mis sur la formation, notamment à la création d’un nouveau comité. Nous sommes quelques formateurs et formatrices à nous déplacer dans toute la France (et parfois même dans les pays frontaliers).
Nous accompagnons également la création de réseaux sociaux qui permettront de faire connaître et développer BDS localement. Des visuels sont utilisables et rangés dans des dossiers comme ici tout le matériel pour la campagne de boycott de Carrefour.
Parfois, la journée de formation, qui se veut un temps de convivialité, aide à former un vrai groupe, qui pourra commencer ses actions et attirer d’autres personnes solidaires.
Les comités des régions voisines s’entraident, et organisent de temps à autre des événements ensemble. Ces collaborations sont importantes, surtout dans la période actuelle, où l’on ressent le besoin d’être entourés de personnes soucieuses d’agir face à ce génocide, qui se déroule dans la plus grande indifférence.