Prier, quand on observe ce pilier de l’islam, on s’y attelle au moins cinq fois par jour, toute l’année. On sait donc faire. Prier à l’occasion de la fête de l’Aïd, Aïd al-Fitr ou Aïd al-Adha, on le sait parfois moins.
Vivement recommandée par le Prophète ﷺ, tant aux hommes qu’aux femmes, cette prière collective doit être autant que faire se peut observée. Voyons ensemble comment cette prière se déroule.
Se préparer : le bain rituel ou ghusl
Avant chaque prière, le musulman procède à des ablutions, c’est-à-dire qu’il lave quelques parties du corps selon un ordre précis. On distingue les ablutions mineures des ablutions majeures, appelées aussi « ghusl ». Pour la prière collective du vendredi, elles sont obligatoires. Pour la prière de l’aïd, elles sont recommandées. Mais que cette nuance n’incite pas à la fainéantise. Soyons du plus bel éclat en ce jour de fête.
Se vêtir de ses meilleurs habits
Un jour de fête doit se distinguer d’un jour normal. Fêter l’aïd, c’est bien s’habiller. Le Prophète ﷺ lui-même a ordonné à ses compagnons de porter leurs plus beaux habits et de se parfumer au mieux.
Déjeuner au retour chez soi, ne rien manger avant de se rendre à la mosquée
Il est par ailleurs recommandé à l’occasion de l’Aïd al-Adha de ne rien manger avant la prière, contrairement à l’aïd al-fitr où l’on préfèrera manger avant la prière.
A quelle heure prie-t-on ?
La prière à proprement parler a lieu quand le soleil « s’élève au dessus de l’horizon de la longueur d’une lance » (soit grosso modo trois mètres). Les responsables du lieu de culte indiquent, souvent la veille après les dernières prières ou lors de la prière collective du vendredi, l’horaire précis qui longtemps se situait entre 8h15-8h30 et 9h00.
Mais depuis quelques années, certaines mosquées proposent jusqu’à trois offices, comme cette année encore à Massy dans l’Essonne : le premier est fixé à 6h30, le deuxième à 7h15, le dernier à 8h00.
Avant la prière
La glorification d’Allah est fortement recommandée avant la prière de l’aïd. Il existe plusieurs façons de glorifier Dieu. En voici une :
« Dieu est le plus grand et à Dieu la louange. »
Allâhu Abkar, Allâhu Akbar, Allâhu Akbar wa li-Llâhi-l-hamd.
La voici au format audio.
La prière en elle-même
On prie quand l’imam fait son entrée. On ne fait ni adhan, ni iqama (deux appels distincts à la prière). Chacun se lève et se place dans le rang. Cette prière compte deux rak’a (unité). Puis, on prononce sept fois le takbîr, c’est-à-dire que l’on dit sept fois d’affilée « Allâhu Akbar ». Puis l’imam récite à voix haute la sourate al-Fatiha (numéro 1) et la sourate al-A’la (numéro 87) et poursuit normalement sa prière. Les fidèles suivent.
Puis lors de la seconde rak’a, on redit le takbîr, six fois et l’imam récite à voix haute la sourate al-Fatiha (numéro 1) et une autre (la 88, la 89 ou une autre). Et on termine normalement la prière.
Après la prière, on reste assis
Après la prière, on ne bouge pas. On reste assis, car c’est le moment de la khutbah (sermon). Malheureusement, trop de personnes s’empressent de partir une fois la prière achevée, alors que la khutbah est un moment très important et qu’elle fait partie intégrante de cette cérémonie de l’aïd. Sans parler du manque de savoir-vivre et de correction de ceux qui se lèvent alors que l’imam est, face à son assemblée, en plein sermon.
Votre mouton a rendez-vous avec vous. Il ne risque pas de vous poser un lapin. Inutile de vous précipiter vers les portes une fois la prière terminée.
Cette année, embrassades habituelles
Les deux Aïd, Aïd al-Fitr et Aïd al-Adha, sont des moments où la réconciliation, le pardon et la fraternité doivent régner entre les musulmans. C’est le moment de faire l’effort pour balayer les rancœurs et les rancunes et de mettre les compteurs à zéro.
Cette année, avec la pandémie de Covid-19 derrière nous, les embrassades après le sermon sont les bienvenues.
La formule consacrée à cette occasion est « Taqabbala-Llâhu minnâ wa minkum. Ghafara-Llâhu lana wa lakum » (Qu’Allâh accepte de nous et de vous. Qu’Allâh nous pardonne et vous pardonne).
Quelques recommandations
– Rendez-vous à la mosquée en empruntant un chemin et repartez-en en empruntant un autre.
– Préférez la marche, si possible, à la voiture. A défaut, choisissez autant que faire se peut le covoiturage.
– Si vous venez en voiture, prenez soin de vous garder correctement, tant pour éviter une contravention que pour, plus important, éviter de nuire aux riverains.
– Rendez-vous à l’heure de l’office indiquée par votre à la mosquée, afin de ne pas compliquer l’organisation, déjà bien complexe, de la prière de l’aïd du fait du Covid-19.
– Éteignez vos portables.
– A défaut de pouvoir inviter vos voisins à prendre le thé ou le café chez vous, offrez-leur quelques douceurs sucrées. Offrez-en aux personnes que vous rencontrez fréquemment sans être proche (concierge, boulanger, médecin, caissière du supermarché, guichetier à la Poste, etc.), à des inconnus, et même à celles et ceux que vous n’aimez pas.
Taqaba-Llâh minna wa minkum, qu’Allah accepte nos œuvres ainsi que les vôtres.
Ghafara-Llâh lana wa lakum, qu’Allah nous pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Après la prière, votre mouton : halal ou non halal, du aïd ou d’avant l’aïd ?
Comme chaque année, plusieurs jours avant l’aïd, un peu partout en France des milliers de carcasses de moutons ont été stockées dans des frigos. En Ile-de-France, c’est principalement à Rungis que cela se passe, ailleurs c’est dans des abattoirs et chez des bouchers musulmans. Ces moutons ne sont parfois pas même halal et ce ne sont pas des moutons de l’aïd.
Des bouchers musulmans vont vendre ces carcasses en toute connaissance de cause et tromper leurs clients et coreligionnaires. Plusieurs centaines de milliers de personnes vont se faire avoir. Leur aïd, tout comme le rite qui y est attaché, rite intime, rite qui touche au sacré, vont être souillés par des pratiques frauduleuses. Le scandale est énorme, dure depuis des années, mais passe comme une lettre à La Poste.
Permettons-nous deux modestes conseils :
1- demandez à votre boucher, à l’abattoir où vous irez chercher votre mouton ou encore à l’enseigne si vous avez acheté votre bête dans un hypermarché, que l’on vous montre l’étiquette de votre carcasse. Si l’on refuse a minima de vous la montrer, il est très probable que vous soyez victimes d’une tromperie que les informations contenues sur ce bout de papier suffisent à mettre au jour. Le plus souvent, les fraudeurs affirment ne plus posséder les étiquettes des moutons qu’il commercialise : c’est proprement impossible. En cas de contrôle des services vétérinaires, la sanction serait bien trop lourde.
2- vérifiez sur la carcasse de votre bête ce qui a été tamponné. Un mouton français doit avoir la mention FR et non par exemple UK ou ES, mentions qui correspondent respectivement au Royaume-Uni et à l’Espagne. Regardez par ailleurs le numéro qui est associé à ce FR : c’est le numéro de l’abattoir où votre mouton a été abattu.
Pour plus d’informations, lire : Mouton de l’aïd : UK, ES et non FR pour un agneau « français ». Votre boucher vous a-t-il trompés ?