Voici ce que nous pouvons lire, depuis ce matin 1h15, sur le site du quotidien Le Monde à propos de faits qui ont eu lieu en Australie :
« Une machette, un couteau de chasse, une vidéo et un drapeau de l’organisation Etat islamique (EI), voilà les objets saisis auprès de deux suspects arrêtés en Australie qui ont permis à la police d’affirmer, mercredi 11 février, qu’elle était parvenue à déjouer un attentat à Sydney. »
Si les faits s’avèrent exacts, et ils peuvent tout à fait l’être, on se réjouira que ces deux suspects aient été arrêtés à temps.
Malgré tout, chacun est en droit de s’étonner de la propension des médias mainstream à qualifier tout acte délictueux et/ou violent commis par des musulmans d’acte « terroriste » ou « d’attentat ».
Attentat ?
Très souvent, trop souvent, l’attentat est étrangement moins déterminé par l’acte violent lui-même que par la religion de leurs auteurs présumés ou avérés. Dans le cas de Sydney, les suspects ont été arrêté avant d’agir avec une machette, un couteau, une vidéo et un drapeau. Evidemment le fait que ces deux derniers objets soient reliés à l’Etat islamique (EI) confèrent une coloration particulière à l’acte avorté.
Mais concédons que l’on puisse dans ce cas précis parler d’attentat. On s’appuiera dans ce cas-là non pas à la définition du terme « attentat », mais à son dérivé verbal « attenter à », selon le dictionnaire Larousse.
Qui n’est pas musulman n’attente pas
Problème : depuis des années, la qualification d’actes violents, commis ou déjoués, obéit à une règle journalistique et politique non écrite à géométrie variable. Souvenons-nous par exemple des deux affreux massacres commis respectivement par Mohamed Merah et Anders Breivik. Nous pourrions citer des dizaines de cas précis, mais les deux couvertures suivantes résument à elles seules parfaitement ce traitement médiatique pour le moins révélateur.
On remarquera comme nous l’écrivions alors en mars 2012 que Breivik, simple « monstre », pèse médiatiquement moins que la moustache de Nietzsche. Normal, il n’est pas musulman. Lui.
Lire – Tueries d’Oslo : selon que vous serez, ou non, « islamiste »…
Autre tragédie, autre exemple du traitement médiatique biaisé, tant en France qu’aux Etats-Unis. Hier, mardi 10 février, Deah Shaddy Barakat, 23 ans, son épouse Yusor Abu-Salha, 21 ans, et sa soeur Razan Abu-Salha, 19 ans, ont été froidement abattus par Craig Stephen Hicks dans la ville de Chapel Hill, en Caroline du Nord, au sud-est des Etats-Unis. Leur crime : être musulman.
Non seulement les médias américains et français ont tardé à en parler – rappelons que Le Monde a publié son article sur la tentative « d’attentat » à Sidney à 1h51 du matin –, mais encore les premiers articles parus après une forte mobilisation des internautes sur Twitter n’évoquent qu’une tuerie. Le « tueur » est blanc et athée, pas musulman pour un sou, tout au plus ex-chrétien.
La requête « trois étudiants » dans Google actualités donne les résultats suivants. On observe que les étudiants ont été « assassinés », « abattus » par « un homme ». Il est question de « crime ».
Sur le site suisse 24heures, les trois étudiants musulmans ont été « tués » par « un forcené ». Déclaré comme Breivik non musulman. Outre-Atlantique, même traitement médiatique…
Take a look at how the media portrays these incidents. Spot the difference. #ChapelHillShooting pic.twitter.com/clFWsIrIEH
— J. Ali (@junayed_) 11 Février 2015
Et politique, puisque l’on vient d’apprendre que ce ne sont pas des musulmans qui étaient visés.
Le #ChapelHillShooting n'est "pas le résultat d'une volonté de viser des Musulmans". US attorney via Reuters. pic.twitter.com/pFS2Qy2H5v
— Breaking 3.0 (@Breaking3zero) 11 Février 2015
Traitement médiatique qui amena ce matin le dessinateur Carlos Latuff à publier ce dessin, avec un journaliste qui baille en s’exclamant : « Trois jeunes étudiants musulmans tués pas un tireur isolé ? Pas de breaking news dans ce cas ».
Please, RT! Muslim lives matter, except for the MSM! #ChapelHillShooting via @MiddleEastMnt pic.twitter.com/G8v3cVv9PS
— Carlos Latuff (@LatuffCartoons) 11 Février 2015
Faut-il malgré tout s’étonner de ce traitement médiatique particulièrement inquiétant ? Souvenons-nous. Pas plus tard que le mois dernier, un homme a lancé plusieurs grenades et a tiré contre une mosquée au Mans. Il ne s’agissait pas d’un « attentat », mais simplement de « tir et de jets de grenades ». Selon que vous serez…
Gare aux musulmans qui oseraient faire preuve de « victimisation ». Tout comme les Noirs aux Etats-Unis qui ont le mauvais goût de mourir un peu trop souvent sous les balles de policiers.
Pas si facile de vivre dans un pays kafir
Baraka LAHO fik, pour toutes ces révélations.
Qu’ ALLAH te préserve.
Moi ce qui me choque le c’est lorsque l’europe dit à la Turquie de s’excuser pour son génocide arménien tandis que la Belgique a fait à la même époques 10 à 190 fois pire au Congo avec 10millions de morts
Les musulmans ne sont pas perçus, considérés comme étant des français. Et donc s’en prendre à des musulmans ce n’est pas s’en prendre à la France. Je pense que c’est ça.
Tandis que des attaques visant des non musulmans c’est s’en prendre à la France.
C’est une de mes analyses. J’en ai quelques autres aussi.
La France considère que l’islam est responsable des antagonismes et guerres actuelles pour faire court, par extension les musulmans sont responsables donc. Coupables et victimes en meme temps c’est difficile à concevoir, d’où la médiatisation d’individus niant l’islamophobie.
J’en ai encore d’autres aussi, il y a tant de paramètres à prendre en compte qui peuvent expliquer ce déni, ce phénomène que je pense que c’est un vrai travail qui devrait etre mené pour tenter de l’expliquer. Il faudrait peut etre meme inventer une vraie discipline pour le faire. Mais ça n’intéresse personne pour les raisons que je viens de mentionner. Victime et bourreau ça ne va pas ensemble.