Interviewé fin août par le quotidien français Libération, Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires des Nations unies, lance l’alerte : après les massacres de chrétiens suivie de l’épuration éthnique subie par les musulmans en 2014, un génocide se prépare en Centrafrique. Extrait.
A votre retour d’une visite en République centrafricaine, vous avez déclaré devant le Conseil de sécurité avoir vu des « signes avant-coureurs de génocide ». Une mise en garde aussi forte est-elle justifiée ?
Je considère que lorsque vous observez des signes précurseurs clairs, des indices de situations qui, dans le passé, ont débouché sur des opérations de nettoyage ethnique ou un génocide, il est tout à fait légitime de soulever la question afin que tous ceux chargés de prendre les décisions aient une vision claire de la situation. Je me suis rendu à Bangassou, dans le sud du pays. J’ai vu et rencontré 2 000 déplacés musulmans, chassés du quartier Tokoyo, où leurs maisons ont été détruites par des miliciens chrétiens anti-balaka. Ces musulmans ont trouvé refuge dans l’église catholique de la ville. Et ils savaient que s’ils faisaient un pas en dehors de l’enceinte de l’église, des anti-balaka les attendaient dehors, dans les arbres ou dans la jungle, pour les tuer. Les miliciens annonçaient clairement leurs intentions.
A propos des musulmans protégés ces derniers jours par un évêque catholique : Lire – Catholic bishop protects 2,000 Muslim refugees in CAR.
En outre, si vous retournez, comme je l’ai fait, dans le quartier de Tokoyo à Bangassou, vous vous rendez compte que les anti-balaka, après avoir chassé tous les musulmans, sont revenus pour détruire totalement la mosquée et leurs maisons, afin de s’assurer qu’ils n’aient plus aucun endroit où revenir. Toutes les maisons occupées par des familles chrétiennes, en revanche, étaient intactes. Cela vous montre à quel point la situation est sérieuse et inquiétante. Il y a un nombre croissant de milices basées sur la confession religieuse ou l’appartenance ethnique. J’ai senti qu’il était important d’évoquer devant le Conseil de sécurité ces indices émergents, plutôt que d’attendre les preuves. Car si nous attendons les preuves, il sera trop tard.
Stephen O’Brien évoque par ailleurs les exactions perpetrées par des miliciens de l’ex-Séléka contre des chrétiens.
Pour lire l’interview dans son intégralité, cliquez sur le lien suivant : Centrafrique : « Si nous attendons les preuves d’un génocide, il sera trop tard ».
Crédit photo Une : astroehlein – 2104