Nous poursuivons notre série « Témoignage d’entrepreneur/e » avec une interview par-delà la Méditerranée et Ali Zouzou, entrepreneur français installé dans la capitale algérienne depuis dix ans.
Al-Kanz : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots?
Ali Zouzou : Ali Zouzou, 50 ans, muhajir [émigré, NDLR] en Algérie, à Alger plus précisément depuis dix ans. Je suis père de quatre enfants et fondateur de la société Alger Service Center. Professionnellement, j’ai été électricien-automaticien, puis je me suis reconverti dans le bâtiment en tous corps d’Etat (construction et aménagement intérieur).
Al-Kanz : Installé à Alger depuis une dizaine d’années, vous avez passé la plus grande partie de votre vie en France. Étiez-vous déjà entrepreneur ?
Ali Zouzou : Oui, effectivement. Né en France dans la Drôme, j’ai grandi dans une cité. Al-Hamdu liLLah, j’ai fait du sport très tôt, jusqu’à un niveau avancé, ce qui m’a permis non seulement de me tenir loin des mauvaises fréquentations, mais encore d’acquérir un esprit de compétition, qui m’a été très utile par la suite pour aller de l’avant. J’ai été longtemps salarié avant de devenir auto-entrepreneur dans le bâtiment quelques années avant de quitter la France pour l’Algérie.
Al-Kanz : Est-ce un déclic, un événement, une opportunité commerciale qui vous a fait quitter la France pour l’Algérie ?
Ali Zouzou : J’avais toujours l’intention d’aller vivre un jour en terre d’islam pour vivre pleinement ma religion sans certaines règles imposées dans un pays non musulman. L’opportunité s’est présentée quand j’ai accompagné mon père – qu’Allah lui fasse miséricorde – en Algérie, car il lui restait peu de temps à vivre et il voulait mourir au pays. Après son enterrement, je ne voulais plus repartir. J’ai alors décidé de rester vivre ici à Alger.
Al-Kanz : On peut dire que votre installation n’était pas préparée. Concrètement, comment s’est-elle déroulée ? Au bout de combien de temps vous est-il paru évident que vous alliez devenir entrepreneur à Alger ? Qu’en était-il à vos débuts et qu’en est-il aujourd’hui pour l’entrepreneur que vous êtes ?
Ali Zouzou : Oui, mon installation n’était vraiment pas préparée, mais j’avais en moi l’intention de vivre en Algérie. J’avoue qu’au départ ce n’était pas évident, loin de la famille, loin des amis, etc. Le style de vie, l’administration, l’emploi, les activités professionnelles, tout cela est complètement différent de ce que je connaissais en France.
Au début, j’ai pu être aidé par une petite communauté de Français comme moi, installés depuis quelque temps déjà et surtout solidaires. Mais malheureusement, ce qui m’était proposé se limitait uniquement à de petits boulots. J’ai fini par sauter le pas en ouvrant, un an après mon arrivée, une agence de services dans le domaine du bâtiment (électricité, plomberie et climatisation). D’une première sous-traitance en gestion de chantiers aux, entre autres, deux premiers Pizza Hut d’Algérie en passant par un contrat avec Decathlon, j’ai pu faire mon petit bonhomme de chemin. Aujourd’hui, nous gérons la construction et l’aménagement de biens d’habitations pour particuliers comme pour des professionnels. En parallèle, j’ai lancé Alger Service Center pour accompagner celles et ceux qui souhaitent venir en Algérie pour s’y installer et faire leur vie.
Al-Kanz : Une idée reçue veut que s’installer en Algérie, c’est la croix et la bannière. Faut-il croire à cette idée reçue ?
Ali Zouzou : On ne va pas dire que c’est plus difficile qu’un autre pays africain. Ce sont surtout les codes de fonctionnement qui sont difficiles à comprendre et à mettre en pratique pour nous autres venus de France. Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut pas comparer l’Algérie à un pays européen, grosse erreur commise par beaucoup de monde. Pour faire court, je dirais qu’il faut redoubler de patience et persévérance.
Al-Kanz : Comment votre agence accompagne-t-elle celles et ceux qui comme vous ont choisi un jour de quitter leur pays pour une vie en Algérie ? Que leur proposez-vous ?
Ali Zouzou : Alger Service Center a été mûrement réfléchi et grâce à Allah et à notre expérience du terrain, nous proposons divers services tant aux particuliers qui veulent venir s’installer en Algérie qu’aux investisseurs immobiliers, qui cherchent des biens à acquérir. Voici le type de services que nous offrons :
– location de logements pour court ou long terme
– location de voiture (on vous récupère à l’aéroport)
– recherche de biens immobiliers (terrain, maison, appartement)
– suivi administratif (notaires, avocats)
– construction, rénovation et aménagement de biens immobiliers
Al-Kanz : Un mot sur les tiny houses que vos clients peuvent acquérir, et ainsi avoir une maison pas trop chère, écologique et économe. On aurait tendance à penser qu’elles sont la solution idéale pour une installation rapide, à tout le moins un moyen d’éviter de subir les affres de la crise du logement. Comment en êtes-vous arrivé à les proposer, outre les accompagnements pour acheter maisons, appartements et autres terrains constructibles ?
Ali Zouzou : Proposer des tiny houses nous a paru être en effet intéressant à ajouter à notre offre initiale. Il est vrai que cette façon d’habiter est toute nouvelle et n’est donc pas encore entrée dans les moeurs en Algérie.
L’un des avantages et non des moindres réside dans la rapidité d’exécution : le recours à une charpente métallique légère nous permet de livrer une tiny house clé en mains en seulement 90 jours, contre des délais parfois interminables pour une maison traditionnelle. Le choix est pour certains vite fait.
J’ajoute que nous pouvons aussi construire des maisons de 90 mètres carré, en recourant, comme pour les tiny houses au principe de la charpente métallique.
Al-Kanz : Pour finir, que diriez-vous à nos lectrices et nos lecteurs qui nourrissent secrètement le désir de s’installer en Algérie, mais n’osent pas franchir le pas ?
Ali Zouzou : Je dirais humblement qu’effectivement franchir ce pas n’est pas si évident. Mais à mon avis nous n’avons pas le choix si nous voulons plaire à Allah et préserver notre pratique religieuse. Il faut en avoir l’intention et faire confiance qu’en notre Créateur. Sur place, nous nous chargerons de faciliter votre installation. On compte de plus en plus de musulmans de toutes nationalités qui choisissent de vivre ici, alors pourquoi pas ? En tout cas marhaban bikum fi al-Djazaïr (bienvenue à vous en Algérie).
Visitez le site d’Alger Service Center : https://www.alger-service-center.com/ ou prenez contact via le formulaire prévu à cet effet : Contactez Ali Zouzou d’Alger Service Center
es-selèmou 3alaykoum
Je confirme, par l’expérience de proches, que l’installation en Algérie est très difficile ; le plus difficile, c’est de faire face à l’administration, à l’à-peu-près en presque toutes choses, à la jalousie et aux bâtons mis dans les roues par l’entourage. S’il a pu réussir son installation, c’est surtout parce qu’il avait des compétences professionnelles dans un domaine qui offre beaucoup de débouchés. Il avait quelque chose à apporter à l’Algérie ; il était un apport plutôt qu’un ajout. Celui qui part la fleur au fusil, sans projet bien ficelé, sans appui solide dans le pays, en ayant seulement en tête l’adhane-cinq-fois-par-jour risquera de grosses déconvenues. Certains font même les démarches de retour en France. Il faut y ajouter que la situation économico-politique est grave en ce moment ; par exemple, les prix des denrées alimentaires de base se sont envolés à cause du covidisme, et l’État vient d’annoncer une politique d’austérité.