Depuis juillet 2021, abattre en France des volailles en recourant à l’électronarcose selon des paramètres électriques en deçà de ceux exigés par le règlement européen n’est plus toléré. Dès lors, un choix simple, mais radical, devait s’imposer à l’ensemble des industriels des filières casher et halal : abandonner l’électronarcose ou abandonner ces marchés, car cette pratique désormais « tue quasi systématiquement » les volailles avant même l’abattage, selon l’aveu même de l’association rituelle de la grande mosquée de Lyon (ARGML).
Volailles non halal : les industriels se font discrets
La latitude dont profitaient jusqu’alors nombre d’acteurs économiques n’est plus de mise. L’instruction technique DGAL/SDSSA/2020-722 du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, qui a trait aux « contrôles officiels relatifs à la protection animale en établissement d’abattage de volailles au moment de leur mise à mort », a mis un terme à cette tolérance.
Le marché de la volaille halal en France aurait dû être un tant soit peu bouleversé. Le communiqué de presse commun des mosquées d’Evry, de Paris et de Lyon en mars 2021, particulièrement alarmiste, disait la fébrilité qui s’était alors emparée du secteur.
COMMUNIQUÉ – Les Grandes Mosquées de Paris, de Lyon et d’Évry s’inquiètent vivement d’une récente instruction ministérielle qui pourrait conduire à l’interdiction de l’abattage de volailles selon le rituel Halal : pic.twitter.com/3jb764Fbnl
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) March 18, 2021
Pas de bouleversement à ce jour : les consommateurs musulmans ne se sont toujours pas emparés du sujet. Quant aux industriels, qui ont choisi la discrétion, ils continuent en toute impunité de commercialiser des volailles estampillées abusivement halal.
Un premier divorce en décembre 2021
S’il est un acteur du marché halal qui fait exception, au moins en France, c’est bien l’organisme de certification halal et de contrôle ARGML, qui a choisi de se séparer peu avant Noël, en décembre 2021, de son partenaire historique, Bernard Royal Dauphiné (BRD). L’entreprise drômoise fit en effet le choix de ne pas abandonner l’électronarcose, alors même que les nouveaux paramètres menaient les volailles à la mort avant même l’abattage.
BRD s’était engagée à trouver très rapidement un remplaçant à l’ARGML. Un an plus tard, l’ensemble de sa gamme dite « halal » — poulets, produits élaborés farcis ou panés — est toujours commercialisée sans la moindre certification. L’entreprise se garde bien de communiquer sur les conséquences de l’électronarcose sur les volailles. « Le « saignage manuel des volailles selon le rituel halal et les exigences de l’instruction technique ministérielle relatives à la protection animale au moment de leur mise à mort », se contenta-t-elle de préciser dans un communiqué laconique.
Bernard Royal Dauphiné, fournisseur de Carrefour halal
On trouve sur le site Internet de l’ARGML une rubrique consacrée aux marques partenaires certifiées halal par ses soins. Voici une capture d’écran prise après le divorce d’avec Royal Bernard.
Contactée par Al-Kanz, l’ARGML nous indique s’être séparée de Carrefour halal et ne plus certifier cette marque, car son fournisseur n’était autre que Bernard Royal Dauphiné.
S’agissant de Halal Sélection, la raison est autre : « Il s’agissait de viande de bœuf. Le groupe Tradival a décidé unilatéralement d’arrêter notre collaboration fin 2021 », nous précise l’organisme de certification.