Le 20 ramadan est une date toute particulière dans le calendrier musulman. Elle résonne de façon particulière dans le cœur des musulmans, puisqu’elle correspond à un événement fondamental dans l’histoire de l’islam.
La conquête de La Mecque
C’est en effet une 20 ramadan, en l’an 8 de l’Hégire – 11 janvier 630, selon le calendrier grégorien –, que le Prophète ﷺ marcha sur La Mecque après que la tribu mecquoise des Banu Babkr a rompu le traité d’Al-Hudaybiya.
La violation effective du traité confirmée, le Prophète ﷺ partit à la conquête de sa ville natale à la tête d’une armée de 10 000 hommes. Les notables de la tribu de Quraysh envoyèrent alors Abu Sufian, cousin du Prophète ﷺ, pour négocier.
Le Messager ﷺ choisit de l’ignorer, du fait du comportement inapproprié de ce dernier à son endroit et de son aversion pour les musulmans. Troublé, Abu Sufian s’en plaignit à des compagnons du Prophète ﷺ.
« La puissance [du Prophète] était devenue immense »
Lors de la marche vers La Mecque, le Prophète ﷺ ordonna à ses hommes d’allumer des flambeaux. Le spectacle époustoufla Abu Sufian qui jura par Dieu que « la puissance [du Prophète] était devenue immense ».
Avant de retourner à La Mecque, Abu Sufian, qui indiqua au Prophète ﷺ qu’ « un petit doute le taraudait » quant à la prophétie de Muhammad, se convertira à l’islam. Puis, il s’en alla dire aux Mecquois qui l’attendaient que la reddition était meilleure pour eux : « Ô Quraysh, il vient vers vous une armée à laquelle vous ne pouvez pas résister », annonça-t-il avec force.
Le Prophète ﷺ ordonna à ses hommes de ne combattre que ceux qui les combattraient. L’ordre était ainsi de préserver la vie, l’islam n’étant pas une religion de guerre, mais de paix, bien qu’elle n’exclut pas le recours à la force, comme du reste c’est le cas dans toute société d’hier et d’aujourd’hui.
Tête baissée, le triomphe humble
Au matin du 20 ramadan, le Prophète ﷺ, homme le plus puissant de l’Arabie, entra à La Mecque… tête baissée sur sa monture. Le meilleur des hommes ne pavoisa pas. Il préféra l’humilité et, par ce geste extraordinaire en telles circonstances, témoigna de sa pleine soumission à Allah. Il se baissa tant que sa barbe touchait presque le milieu de sa selle.
A un homme, pétrifié à la vue des conquérants, qui l’interpella, le Messager d’Allah ﷺ répondit, en substance : « Calme-toi, n’aie crainte. Je ne suis pas un roi. Je ne suis que le fils d’une femme de Quraysh qui avait l’habitude de manger de la viande séchée au soleil. » Par ces mots, le Prophète ﷺ signifia à La Mecque et au monde qu’il n’était qu’un homme parmi les hommes, offrant à l’humanité tout entière une leçon exceptionnelle de modestie qui aujourd’hui encore est enseignée aux quatre coins du monde.
C’est à cette occasion que le Prophète ﷺ dans son discours récita le verset universaliste de la sourate 49, la sourate Al-Hujurat, les Appartements (verset 13) :
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur. »
S’agissant de la conquête de La Mecque, c’est à cet événement que fait référence la sourate 110, An-Nasr, le Secours.
Au nom d’Allah, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux.
« 1. Lorsque vient le secours d’Allah ainsi que la victoire,
2. et que tu vois les gens entrer en foule dans la religion d’Allah,
3. alors, par la louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. Car c’est Lui le grand Accueillant au repentir. »
Les Mecquois de Quraysh, ceux-là mêmes qui persécutèrent le Prophète ﷺ, savaient que ce dernier allait faire preuve de mansuétude et de miséricorde. Lors de son discours, le Messager d’Allah leur demanda expressément ce qu’ils pensaient qu’il allait faire d’eux. Ils répondirent : « Du bien. » Le Prophète ﷺ leur dit alors à l’instar du prophète Yusuf (sur lui la paix) à ses frères : « Pas de récrimination contre vous aujourd’hui ! Qu’Allah vous pardonne. C’est Lui Le plus Miséricordieux des miséricordieux. » (sourate Yusuf, sourate 12, verset 92). Puis, il leur offrit la liberté et les inviter à partir.
Le mois de ramadan doit évoquer aussi une date qui a marqué un tournant dans l’histoire de l’islam, en l’occurrence le 17 ramadan de l’an 2 de l’Hégire (17 mars 624 du calendrier grégorien), qui vit la victoire des musulmans en sous-nombre face à l’armée de Quraysh.