Il ne fait décidément pas bon discuter sur la place publique des problèmes touchant les musulmans. Après un premier communiqué de presse en début de semaine dernière où il tente de faire diversion sur le porc dans les saucisses Herta halal, certifiées mais non contrôlées par la SFCVH-mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, recteur, récidive aujourd’hui en attaquant cette fois, non plus la mosquée de Lyon, mais Al-Kanz.org.
On passera sur le recyclage du premier communiqué pour en venir au fond. M. Boubakeur pense que nous sommes peut-être dans la Tunisie de Ben Ali, en Birmanie ou en Corée du Nord et qu’à ce titre il est intolérable que de simples quidams puissent user de cette liberté d’expression encore en usage en France, Dieu merci.
Al-Kanz.org aurait orchestré sans fondements une campagne ignominieuse. Tiens donc. Quid des autres sites Internet qui ont relayé l’information (LePost.fr, Oumma.com, Saphirnews.com) ? Sont-ils complices ou exercent-ils eux aussi un droit d’information ? L’objectif de M. Boubakeur est-il de dénoncer une campagne ignominieuse ou de choisir une cible ? Non, Al-Kanz.org n’a fait que donner écho à un rapport d’analyses réalisé et authentifié par le laboratoire Eurofins indiquant que du porc a été détecté dans des Knacki Herta halal. Nestlé, propriétaire de la marque Herta, refuse de réagir publiquement et tente de contenir la colère des consommateurs musulmans en promettant de répondre personnellement à tous ceux qui contactent la multinationale. Si le rapport d’Eurofins est faux, il est très facile de le prouver. Que l’on nous apporte les preuves et nous les publierons ici-même. Nous préférons de loin que toute cette histoire soit un malentendu et qu’Herta n’ait jamais vendu aux musulmans du porc dans des produits réputés halal.
Oui, il faut le reconnaître l’information a eu un écho sans précédent sur Internet et dans la communauté musulmane. Oui, il faut le reconnaître, partout en France des milliers de musulmans ont été horrifiés de savoir qu’ils ont peut-être mangé du porc et que leurs droits élémentaires de consommateurs ont été peut-être violés. Oui, il faut le reconnaître, nous voulons absolument savoir ce qu’il s’est passé. Oui, il faut le reconnaître, de nombreux industriels (Fleury Michon, Quick, Zakia Halal, Reghalal, Médina Halal, Doux, Carrefour Halal, KFC, etc.) tremblent à l’idée d’être entaché par cette affaire. Mais à qui à la faute ? Au blogueur qui rapporte une information ? C’est évidemment ce que veut faire croire Dalil Boukakeur. « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage », dit l’adage populaire. Il est bien plus aisé à la SFCVH-mosquée de Paris et à son recteur d’accuser et de salir Al-Kanz.org que d’expliquer aux consommateurs musulmans que depuis des années cet organisme de certification délivre des certificats aux industriels sans dépêcher sur place des contrôleurs indépendants, que l’organisme n’a de toute façon pas.
Non, nous ne sommes pas dans la calomnie, nous sommes dans la volonté d’être respecté. Au temps du halal à papa, de tels faits seraient passés inaperçus. Mais le halal à papa, c’est fini. Nos parents disaient « amen » à tout, par fatalisme ou par incapacité. Leurs enfants exigent d’être considéré comme des citoyens à part entière, sans privilèges mais surtout sans mépris. S’agissant de cette affaire, nous ne sommes pas dans l’ignominie, mais bien dans le patriotisme économique. Nous voulons d’un halal respectueux des exigences religieuses et du consommateur, un halal qui aura à l’avenir toutes ses chances de percer et de demeurer à l’international. Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent partout dans le monde là où des musulmans prennent conscience des scandales liés au faux halal. La France a trois atouts majeurs : un outil industriel performant, parmi les meilleurs au monde, une légitimité liée à sa forte population musulmane et des compétences, inhérentes à cette population, précieuses. Or, en refusant de tirer un trait sur des pratiques qui nuiront tôt ou tard au halal made in France, les autorités françaises condamnent les entreprises du pays à un avenir bien sombre. Imaginez une seule seconde que le monde musulman prenne conscience que l’entreprise Doux commercialise des poulets non halal jusqu’en Arabie saoudite, à La Mecque, lieu saint par excellence, comme l’a démontré une nouvelle fois le reportage diffusé sur Canal+ (voir Visionnez le reportage qui accable Doux, mais aussi KFC). La colère serait immense et les 480 millions d’euros de chiffre d’affaires du volailler réalisé dans les pays arabes (Arabie saoudite, pays du Golfe) (chiffres 2008) fondraient comme neige au soleil. Mais là encore à qui la faute ? Au blogueur qui en parle, aux journalistes qui ont réalisé le reportage pour Canal+ ou à tout un système qui finira tôt ou tard par tomber.
Le halal est une chance pour la France. Nous ne cessons de le dire depuis des années (voir Le halal au chevet de l’économie française). Mais pas le halal qui mène à des scandales comme celui qui nous préoccupe aujourd’hui, ce halal court-termiste qui permet à des entreprises d’engranger des millions, mais qui nuit à long terme à l’économie de notre pays. Les premiers bénéficiaires veulent préserver cette situation et refusent de voir l’intérêt national à moyen et court-terme. De fait, ils préconisent l’échafaud pour Cassandre.
Non, M. Boubakeur nous n’orchestrons aucune « campagne calomnieuse […] ayant pour but de fragiliser notre communauté ». Nous disons juste : « respectez-nous ». Nouez tous les partenariats industriels que vous désirez, faites, votre organisme de certification et vos partenaires, tout l’argent que vous voulez, que vous pouvez, mais faites-le en nous respectant. Vous avez peut-être du mal à comprendre que nous refusions que des sociétés nous fassent consommer du haram (illicite). Vous ne concevez peut-être pas que l’on puisse dire « barakat » (ça suffit). Vous ne supportez pas que l’on n’accepte pas l’inacceptable. C’est pourquoi vous avez choisi Al-Kanz.org comme cible. Nous sommes en France M. Boubakeur, pas en Birmanie ni en Corée du Nord ni même dans la Tunisie de Ben Ali. En France, apprenez qu’al-hogra n’a pas lieu d’être et un blogueur, aussi misérable soit-il, peut encore s’exprimer. Quelle sera la prochaine étape dans votre volonté de voir disparaître Al-Kanz.org, M. Boubakeur ?
NB : Huit jours après la révélation par le site Débat-Halal de la présence de porc, ni Nestlé ni la SFCVH-mosquée de Paris qui certifie halal certains produits de la multinationale n’ont apporté de preuves tangibles attestant qu’il n’y a pas de porc dans les saucisses Knacki Herta. Nestlé semble jouer la montre (voir Porc dans Herta halal : Nestlé, entre déni et louvoiement).
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