Suite au billet consacré à la présence d’alcool dans les boissons de la marque Coca-Cola et son caractère éventuellement non halal, les réactions se sont multipliées. Pour les uns, il s’agissait d’une intox lancée par Pepsi pour plomber Coca (rien que ça), pour d’autres la manifestation non assumée d’un anti-américanisme primaire (sic). Et pour d’autres, il ne fallait pas faire attention à cela, car les musulmans ont mieux à faire et qu’en Palestine, en Irak, en Tchétchénie on meurt de faim, que le halal ceci, que le haram cela, et patati et patata. On ne revient pas sur l’intox par Pepsi ni sur l’anti-américanisme (il était question de Coca-Cola et de fiqh et non de Coca-Cola et des USA). S’agissant du troisième point, au-delà de Coca-Cola et de la quantité d’alcool contenue dans ses boissons (ses boissons, c’est-à-dire Cocal-Cola, mais aussi Fanta, Sprite, etc.), c’est la question du halal qui se pose. Effectivement, si l’on réduit tout à 33 cl et une canette, les choses apparaissent ridicules, presque insultantes eu égard aux souffrances des musulmans à travers le monde. Quand les uns reçoivent des bombes sur la tête, d’autres s’interrogent sur la quantité d’alcool présente dans le Coca-Cola et sur le caractère halal ou non de cette boisson.
Pour autant, consommer halal n’a rien de futile. Comme nous le rapporte Mouhammad Patel sur son blog, Muslimblog, Yahyâ Ibnou Mouâdh (ra) a dit : « L’obéissance [c’est-à-dire l’opportunité de suivre les commandements divins et d’agir en bien] est un trésor parmi les trésors d’Allah dont la clé est l’invocation ; et les dents [de cette clé] sont les bouchées [de nourriture] licites.”source : Muslimblog
On le sait, manger n’a rien d’anodin. Il suffit de se pencher sur les troubles de l’alimentation pour se rendre compte que, lorsqu’on mange – ou que l’on ne mange pas-, on n’est pas simplement dans le remplir. On est, certes dans le physiologique (manger pour apporter de l’énergie au corps, pour grandir), mais aussi dans le sociologique et le psychologique. Manger est d’ailleurs fortement symbolique. « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. »
Malgré tout, alors que les codes alimentaires traversent et fondent tout société, il faudrait que les musulmans oublient leurs propres codes et interdits « parce qu’il y a plus important ». A ceux qui tiennent ces discours, nous répondons simplement : manger halal ou haram, il faut choisir. Libre à chacun de vérifier ou non ce qu’il y a dans son assiette. Mais qu’on ne dénie pas aux musulmans d’être musulmans et de s’interdire ou de s’autoriser tel et tel aliment. Mais revenons-en à Coca-Cola.
Si on s’attendait à ce que notre billet sur Coca interpelle, on ne s’attendait absolument pas à la déferlante qui a suivi sa publication. Il faut croire que Coca le halal est une préoccupation réelle des musulmans. En tout cas, il l’a été voilà 25 ans en Afrique du Sud. Un comité de savants a pris les choses très sérieux au point d’aller jusqu’à tenter de vérifier par eux-mêmes. Voici leur conclusion :
We categorically claim with confidence that Coke does add alcohol as an ingredient to its soft drinks. When we had made this claim and published it in The Majlis more than 20 years ago, a Coke executive director from Johannesburg came to interview us. He was confident that he would be able to disprove our contention, get an apology, and a retraction published. During the discussion when he realised that we had cornered him, he pleaded ignorance of the alcoholic concentrates which were being added to produce the variety of flavours. He promised to investigate. He never came back to us. In fact, we told him that the Coke Co. should sue us if they can prove our claim to be false. He never came back to us because he understood that we were fully apprized of the alcoholic concentrates which are vital constituents of soft drinks. Minus the alcoholic concentrates, you have only a mixture of water and sugar. During our inspection of the P.E. Coke Plant, while everything was shown to us, the ‘dark’ room was kept locked. When we insisted to inspect it, they very reluctantly unlocked the door. All the bottles of ‘liquor’ (liquor in Islamic terminology and meaning) were stacked in the dark room. Imagine them denying awareness of the alcohol-content of the concentrates in the dark room when we pointed this out to them. So, Sanha should desist from speaking nonsense and not think that those who understand can be bamboozled by its defective visiting to the manufacturing plants. We reiterate that Coke, Sparletta and other soft drinks all are made by adding heavily laced alcohol—the concentrates—to syrup-water. Let Sanha now deny this.
Source : The Majlis
Dernière chose : nous avons écrit à Coca-Cola afin d’avoir plus de précisions sur les quantités exactes d’alcool dans ses boissons. Nous vous tiendrons au courant.
Nora, ce qui est halal est ce qu’Allah a décrété halal.
Pour le reste, en effet chacun devrait pouvoir se contrôler et ne pas céder à ses toutes ses envies.
J’entends souvent la remarque « faut-il s’embêter sur des détails comme cela alors que des gens meurent de faim à travers le monde ? »
Loin d’être insensible à cette souffrance (!!! quel musulman oserait dire le contraire???), je suis également à la recherche d’une pratique plus juste et plus proche de ma foi. Si on commence à être moins regardant, c’est la porte à tout ! Là nous parlons d’un produit de consommation courante, et donc si haram, nous multiplions fréquemment nos mauvaises actions… pas terrible !
Au quotidien, je travaille dans l’écologie. Et en tant que Green Muslim, j’entends souvent des commentaires similaires. « Si on commence à regarder l’écologie, le commerce équitable, la production locale… on arrête de manger & vivre !!! »
C’est un peu décevant de voir qu’autant de personnes aiment se laisser porter par la vague… surtout lorsqu’on est musulmans.
Salâm